Lundi 16 Février 2015 13:32:27 par Emilie Lemoine dans Actualités

Tout à commencé par une belle journée d'été. C'était en 2013 à Saint- Pétersbourg. « Est-ce que t'es un pédé ? Est-ce que t'es un putain de pédé ? ». Pavel Lebedev, jeune homme homosexuel de 23 ans, est une fois de plus insulté dans la rue, par un jeune homme au cheveux ras. S'ensuivront les coups de poing de rigueur ou l'expression d'une homophobie ordinaire en Russie. http://www.madsnissen.com/about/" est révolté par cette histoire et décide de faire des photos sur le sujet. Il a été récompensé par le World Photo Press 2015 pour ce travail à la fois engagé et sensible.

« Plutôt que de m'impliquer avec mes poings, j'ai commencé à photographier. J'ai commencé à prendre en photo tous les différents aspects de l'homophobie dans la Russie moderne » confie Mads Nissen.

Et les sujets ne manquent malheureusement pas. Des attaques homophobes filmées, en passant par la peur de couples lesbiens face à la possibilité qu'on leur enlève leurs enfants, Nissen est allé voir également "en direct" l'application de la récente loi anti-gay (Cf. http://www.madsnissen.com/about/").

«  Mais à un moment, j'ai senti que j'avais besoin d'image de ce dont il était question essentiellement : l'amour et le désir irrésistible entre deux personnes, peu importe leur orientation sexuelle » :  sa rencontre avec Jon et Alex (les deux protagonistes de la photo primée) a été déterminante puisque le photographe a pu rentrer dans leur chambre et saisir l'intimité amoureuse du couple.

© Mads Nissen

Mads Nissen est devenu photographe pour pouvoir raconter des histoires au reste du monde. C'est ce qu'il fait désormais. De la Russie à Amsterdam, de Shanghai à Johannesburg, la photographie de Jon et Alex crée le débat sur les droits des LGBT (Lesbiennes, Gays, Bi et Trans), ce dont Nissen se réjouit : « Cela me rend humble et fier à la fois. »

Et quand on lui demande à qui souhaiterait-il dédier son prix, le Danois répond sans détour : « Aux gens qui se battent pour les droit de l'homme partout dans le monde et à mon cher ami et mentor Per Folkver qui est mort cette année. Cette photo est dans son esprit ».

Dans le nôtre aussi.



Propos recueillis par Emilie Lemoine