© Michel Vanden Eeckhoudt / VU'
Notre appel à auteurs est ouvert à tous sans condition d’âge, de nationalité ou de statut et aucun thème n’est imposé. Plus de 400 candidatures venues du monde entier nous sont adressées, embrassant toute l’étendue de la photographie d’aujourd’hui. Un jury indépendant renouvelé à chaque édition sélectionne entre 10 et 15 travaux parmi l’ensemble des propositions reçues. Les auteurs de chaque projet d’exposition retenu percevront des droits de représentation pour un montant de 500 euros.
Chaque édition se place sous le parrainage d’un photographe de renom. Cet invité d’honneur préside le jury de sélection et un grand espace d’exposition lui est consacré aux côtés des lauréats : David Hamilton, le collectif Tendance Floue, Les Krims, Joan Fontcuberta, Jane Evelyn Atwood, Jean-Christian Bourcart, Denis Dailleux ou encore Alain Fleischer sont ainsi venus à la rencontre des Toulousains. Pour l’édition 2014, nous avons le grand plaisir de recevoir Michel Vanden Eeckhoudt et son exposition Doux-Amer.
Et parce que nous considérons que l’art est aussi un outil d’apprentissage de la vie commune, une richesse culturelle qui doit être mise à la disposition de tous, les expositions sont libres d’accès et au sein l’espace public, encadrées par des conférences, des tables-rondes, des ateliers et balisées par un important travail de médiation, notamment en direction des scolaires.
L’accès aux expositions et aux événements est ouvert à tous.
Histoire(s)
A l’origine du projet, voilà plus de dix ans, il y a la promesse un peu folle d’un collectif d’artistes toulousains de dynamiser la scène culturelle locale par une proposition alternative consacrée à la photographie. Un axe fort guide le projet : offrir au regard toute la diversité de la photographie contemporaine, au-delà des clivages et des catégorisations réductrices.
La première édition du festival ManifestO est créée en 2002 sur les murs de la Bourse du travail, référence fondatrice soulignant les engagements du festival, un des rares du genre depuis sa création à rémunérer les artistes exposés. Puis le festival investit les friches et les interstices urbains, s’épaississant d’année en année pour devenir un des rendez-vous majeurs de la photographie en France.
Fidèle à sa volonté inaugurale d’intégrer l’art au creux de l’espace public, guidé par le souci du partage avec le plus grand nombre, soutenu par de nombreux partenaires qui ont rejoint l’aventure, le festival ManifestO prend corps à présent dans un assemblage de conteneurs maritimes disposés au cœur de la ville, jouant de ses transformations successives et de ses ancrages flottants. Le voyage commence toujours là, juste à quelques pas du trajet quotidien.
Michel Vanden Eeckhoudt
Invité d’honneur de la 12° édition du festival
Doux-Amer
Si Michel Vanden Eeckhoudt ne parcourt pas la planète pour témoigner des douleurs du monde, s’il échappe à la fascination de la guerre, du drame et du sang, on voit bien qu’il ne pactise pas avec le monde des privilèges. Il nous parle de nous. De nos enfants, de nos journées, de notre solitude, de nos bouffées d’allégresse, de nos fatigues, de la mort qui rôde, de la curieuse façon dont la terre tourne, de la lumière qui découpe étrangement nos silhouettes sur l’absurdité du monde. Paysage Intérieur/extérieur on ne sait plus, mais le regard est intense, on va profond dans l’univers décrit.
La forme tient solidement le propos, il raconte en images, avec une économie de moyens exemplaire, ce que de longs discours ne parviendraient pas à dire. Il nous donne à voir un monde pas tout à fait d’équerre dont il nous propose une géométrie personnelle.
Le propos n’est pas documentaire, il est universel. On ne s’est jamais demandé où se passent les fables de La Fontaine. C’est du même ordre. La morale en moins. Car ces images nous proposent une histoire, mais ne nous imposent jamais de conclusion. Nous sommes priés d’apporter notre imaginaire, nos souvenirs, nos rêves personnels. Le rêve n’est jamais loin dans les images de Michel Vanden Eeckhoudt, il photographie un rêve éveillé, libre à nous d’y associer le nôtre.
© Michel Vanden Eeckhoudt / VU'
Le rythme, l’harmonie, le contrepoint, l’accord, la dissonance sont au coeur de ses préoccupations. C’est cela peut-être qui induit cette impression étrange que ses photographies ne sont pas datées, qui rend possible la juxtaposition d’images prises à trente années d’intervalle. C’est cette constance de la composition harmonique qui donne à l’oeuvre une cohérence définitive.
Le regard de Michel Vanden Eeckhoudt est aigu et pénétrant, grave, tendre, mystérieux, drôle parfois, c’est le regard d’un homme qui regarde le monde en y trouvant plus de questionnements que de réponses. Entre sourire et inquiétude, c’est un regard unique. Un dernier mot, il est de lui, il sait que depuis toujours ses images voyagent « sur les ailes du hasard et du doute ».
Francine Deroudille
extrait de Michel Vanden Eeckhoudt, Photo Poche n°110, Actes Sud
Exposition / lauréat 2014
HERVÉ BAUDAT
La chambre des fleurs
Ce sont des reflets de visages et de fleurs. Lueurs et éclats. La ville et la nuit sont un théâtre de miroirs. Peut-être y a-t-il vu sur la mer ? Au loin, nous percevons un vague bruit de vagues. Le photographe va de lueur en lueur. Les cigarettes sont éteintes, les mégots écrabouillés. On a plus le droit de fumer, ni de laisser un petit tas de cendres au zinc du café ou dans la chambre d’hôtel. Je crois que les acteurs sont partis. Je retourne à leur recherche. Une nouvelle fois.
© Hervé Baudat
Biographie
Photographe toujours attaché aux grains d’argent et autres chimies acides, Hervé Baudat, né au commencement des années soixante dix, est l’auteur de portraits d’écrivains – surtout de poètes qu’il affectionne particulièrement. Vous le rencontrerez dans son petit village au sud de la Corse, en Vénétie hivernale, au fin fond des Carpates, dans les couloirs des services de gériatrie des Hôpitaux de Paris, où il réalise, de saison en saison, un travail sur les patients atteints de la maladie d’Alzheimer.
ANTOINE BRUY
Les Maquis
De 2010 à 2013, j’ai voyagé à travers l’Europe en auto-stop avec le but de rencontrer ces hommes et femmes qui ont fait le choix radical de vivre loin des villes, en rupture avec un mode de vie qu’ils considèrent bien souvent comme étant obsédé par le rendement et l’efficacité et qui aurait la consommation pour seul horizon. Dépourvu d’itinéraire précis, forcé par les rencontres et le hasard, ce voyage aura pris à mes yeux le sens d’une quête initiatique finalement similaire à celles de ces familles.
© Antoine Bruy
Biographie
Antoine Bruy vit actuellement à Lille. Photographe français de 27 ans, diplômé de l’École photographique de Vevey (CH), il a notamment été honoré d’un prix des jeunes talents suisses en 2010 et a participé à plusieurs expositions collectives en Suisse et à l’étranger.
BERTRAND CAVALIER
Saisonnière
La montagne est convoitée pour la grandeur et la beauté de ses paysages. Certains lieux hautement touristiques permettent un accès immédiat à cette beauté. Pourtant çà n’est qu’au pied de la cascade du rouget que s’amasse une foule de personnes et de nombreuses voitures. Devons nous profiter de tout ce que le système nous propose au risque d’oublier ce que nous sommes venus chercher ?
© Bertrand Cavalier
Bertrand Cavalier est un photographe français établi à Bruxelles depuis 2011. Il est diplômé de l’école supérieur des arts de l’image le 75 à Bruxelles en 2013.
JOSEPH CHARROY
Carnets d’Ukraine
J’ai passé cinq semaines en Ukraine durant l’été 2013. De kiev à Lviv en passant par la Crimée et les Carpates, la mer Noire, les trains bleus et les bus jaunes, les grandes étendues sauvages ; cinq semaines d’errances, un trajet subjectif à travers un territoire complexe. Les images qui sont nées de ce voyage n’appartiennent à aucune actualité. Elles mettent en avant les instants fugitifs de la vie qui passe. Elles baignent dans une mélancolie douce et rêveuse. Elles témoignent de l’atmosphère étrange d’un pays en attente, un pays de « l’entre-deux ». Il y a comme un flottement ou l’horizon semble basculer, les lignes de fuite sont nombreuses et on ressent le goût de l’échappée. Etymologiquement, ukraine (Україна) signifie la frontière.
© Joseph Charroy
Biographie
Joseph Charroy, né en 1982, vit et travaille à Bruxelles. Après des études de lettres modernes et un apprentissage de la photographie argentique en autodidacte il développe un travail sur la matière sensible de l’image, les voyages, l’errance et le temps qui passe.
MARIE-PIERRE CRAVEDI
Réunion
La photographie est une trace définitive d’une émotion ayant eu lieu entre un sujet et un objet, attestant qu’un lien a bel et bien existé. Pourtant cette trace, dans le cas de la mémoire familiale, s’opacifie peu à peu et la transmission orale s’étiole après quelques générations.
Le rapport entre réalité et fiction est tout à fait présent dans la construction de la mémoire. Selon des travaux de Paul Antze, la mémoire ne serait pas qu’une reconstruction, mais une construction imaginaire. Dans ma proposition, cette idée prend tout son sens puisque je propose ici ma propre interprétation de la famille.
© Marie-Pierre Cravedi
Biographie
Née à Toulouse, Marie-Pierre Cravedi vit actuellement entre Lausanne et Toulouse. Après une licence de cinéma à La Sorbonne, elle poursuit en 2009 un Master de Photographie à l’école EFTI de Madrid, tout en étant l’assistante d’Alberto Garcia-Alix durant un an. Après quelques années comme photographe indépendante, elle poursuit son cursus avec un Master en Direction Artistique option Photographie à l’ECAL de Lausanne.
SÉBASTIEN DELAHAYE
Jette
J’ai habité, à mon arrivée à Bruxelles, dans une tour résidentielle qui fût un lieu d’expériences uniques et fantastiques. De grandes baies vitrées donnaient sur des tours voisines, semblables. Des balcons alignés, droits comme des écrans de télévisions géants, diffusaient des scènes étranges et captivantes. Des vaudevilles, à tout heure, dans un décor des plus monotones, structuré par un ensemble de cases, elles-mêmes rangées en lignes et colonnes. C’était un dispositif scénique étrange et comique qui influençait énormément les événements qui s’y déroulaient. Fasciné par ce spectacle, j’ai voulu après quelques représentations saisir ces instants de basculement.
© Sébastien Delahaye
Biographie
Né en 1986, originaire du Nord de la France, Sébastien Delahaye vit et travaille actuellement en Belgique. Titulaire d’un Master en photographie à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, il poursuit ses travaux personnels tout en élargissant ses compétences à la fabrication d’appareils photographiques artisanaux et contemporains.
CHARLES DELCOURT
Tout in haut de’ch terril
Le paysage du Nord est entièrement manufacturé, façonné par l’homme et ses usages. Ces montagnes de schistes, appelés terrils, sous-produits de l’exploitation du charbon, dépassent parfois 100 mètres de hauteur et s’imposent au regard, témoins récurrents de l’histoire des lieux, chapelet d’obstacles suivant une ligne Est-Ouest qui entaille ce pays. Ainsi intégrés à l’environnement et à la vie ordinaire, ils rappellent à toute une population son histoire.
© Charles Dlecourt
Biographie
Charles Dlecourt, né en 1977 à Lille, est architecte paysagiste de formation. Il s’oriente progressivement vers la photographie jusqu’à s’y consacrer exclusivement depuis 2006. Il est membre de l’agence LIGHTMOTIV.
PATRICE DION
Essence
Le monde est constitué de paysages. Dans ces paysages il y a des gens. Dans les gens, il y a des paysages. Paysages imaginaires, issus de notre enfance, constitués de nos peurs et de nos audaces. Paysages oniriques, surréalistes pour tordre la réalité et entrer dans notre réel. Cités végétales apparemment silencieuses où tout s’écoute, si le rideau de cristaux de neige se déroule, s’ensuit le silence. Aventurier du sensible, de la nudité de la géographie, je parcours notre écorce.
© Patrice Dion
Biographie
Né à Agen en 1961, Patrice Dion vit et travaille près de Toulouse. Artiste plasticien, il utilise la photographie et la sculpture.
PHILIPPE LEROUX
Le cœur de Pierre
Pierre vit depuis de nombreuses années à Riez avec une retraite misérable, comme tant d’autres. Atrocement banale que cette précarité quotidienne, injustement ordi- naire que cette misère qui creuse son sillon inexorablement. Il a renoncé il y a long- temps à croire en lui, en des jours meilleurs, en un monde équitable. Point de misérabilisme et surtout aucun apitoiement dans ma démarche. Faire le portrait de mon père, voilà ma décision. Voilà plus sûrement un prétexte pour me rapprocher de lui, pour laisser remonter à la surface un signe, un geste doux, échappé, maladroit.
© Philippe Leroux
Biographie
Philippe Leroux vit et travaille à Marseille. Ses travaux sont principalement consacrés à la photographie de famille. Ses œuvres sont présentées et diffusées en France et à l’étranger. Parallèlement il réalise de nombreuses commandes pour la presse et l’édition en région PACA depuis 1987.
VIRGINIE PLAUCHUT
Sans preuve ni cadavre
En m’appuyant sur des témoignages, ces photographies sont l’illustration de ces petites choses, en apparence insignifiantes, qui hantent ces histoires faites de silence, de culpabilités et de solitude. Ces simples objets du quotidien auquel on s’est raccroché, qui auraient du alerter, qui aujourd’hui encore dégoutent, mais qui ne s’oublieront jamais.
© Virginie Plauchut
Biographie
Virginie Plauchut est une photographe française née en 1976. Ses photographies s’articulent autour des notions d’intimité, d’introspection, de solitude voire de huis clos.
CONSTANCE PROUX
Akkar
« Le Liban, dit un jour un dignitaire religieux, c’est comme un bol de bonbons où sont mêlés ensemble plein de parfums différents. Chacun est dans le même bol, mais enveloppé d’un papier, il ne se mélange pas aux autres ». Cette métaphore a servi de point de départ à mon travail sur le Akkar, une région qui a vu affluer des miliers de réfugiés syriens, dans un contexte de précarité économique et de tensions confessionnelles. Ce sont les aspects composites d’une société, ses surprenantes articulations entre la violence et la grâce que ces images tentent d’appréhender.
© Constance Proux
Biographie
Constance Proux est photographe française de 23 ans qui vit et travaille entre la Belgique et le Liban. Après une licence de lettres modernes à la Sorbonne, elle opte pour la photographie et intègre l’ERG à Bruxelles puis, l’année suivante, le Septante Cinq. Elle réalise actuellement un travail sur des réfugiés syriens dans un village chrétien du Akkar, au Nord du Liban.
STÉPHANIE ROLAND
Les Enfants-modèles
Les Enfants-modèles est un travail sur l’enfance qui interroge la notion du temps et les limites entre peinture, photographie et vidéo. Diverses temporalités se croisent ici : Histoire, durée de vie d’un individu, durée de l’enfance, durée de la mémoire et durée de la prise de vue.
Ces enfants semblent hors du temps. Ces paysages sont des mélanges d’espaces différents photographiés à divers moments de la journée. Ces objets ont, dans cette quête de perfection, perdu leur sens premier et leur vie.
Biographie
Diplômée de la Cambre (Bruxelles) en 2010, Stéphanie Roland vit et travaille principalement à Bruxelles mais aussi autour du monde au rythme des résidences d’artistes auxquelles elle participe.
MATEUSZ SARELLO
Swell
Tout oublier. Se concentrer sur la route... Je n’y arrive plus. Je suis à bout de forces. Je continue pourtant, à cause du temps. Un horizon de vent et de neige ne me laisse aucun repos. J’ai peur de ne penser qu’à elle, et comment je me suis trouvé là, le long de la mer Baltique. Ma mer Baltique. Plus la notre.
Swell est l’histoire de rupture et d’une solitude insupportable, de souvenirs dont on arrive pas à se défaire. Au départ, il était question d’un documentaire sur la Mer Baltique. Un projet esquissé et des endroits repérés sur la carte. Lors des voyages vers la Mer Baltique, ma petite amie m’accompagnait. Jusqu’à notre rupture. La séparation m’a dévasté et j’étais incapable de poursuivre le reportage selon le plan établi. Alors je suis retourné aux endroits où nous étions allés ensemble. C’est ainsi qu’une histoire plus personnelle a débuté.
© Mateusz Sarello
Biographie
Mateusz Sarello est né en 1978 à Varsovie. Diplômé de l’école de photographie de Varsovie, il est membre de l’agence Napo (Napo Mentor Program).
LARA TABET & MICHELLE DAHER
Roseaux
Roseaux explore la relation des artistes à un lieu spécial de Beyrouth : un espace public au cœur de la ville et en même temps à la marge, un lieu suffisamment dissimulé pour offrir obscurité et isolement. L’une est familière des lieux et de ce qui s’y déroule tandis que l’autre n’en connaît que ce qu’en disent les rumeurs locales et les contes populaires où l’on y évoque des histoires de rencontres sexuelles faites au hasard de la nuit. D’abord en périphérie du conte, Roseaux témoigne du passage de l’abstraction distanciée à l’acte de création, du voyeurisme à l’exhibitionnisme, brouillant les frontières entre réel et imaginaire.
© LARA TABET & MICHELLE DAHER
Biographie
Lara Tabet , née en 1983, est une artiste visuelle libanaise travaillant principalement avec la photographie . En 2012 , elle participe à un programme à temps plein d’un an à l’International Center of Photography à New York où elle est la lauréate de la bourse Lisette Model ; elle participe à plusieurs expositions de groupe à New York et Beyrouth. Elle travaille actuellement sur un nouveau projet collectif à Beyrouth.
Michelle Daher, née en 1980 à Beyrouth est designeuse, athlète et collectionneuse. Elle poursuit actuellement un doctorat en mathématiques.