© François Halard
A partir du 18 mai prochain seront rendus visibles au public les 12 000 mètres carré de la prison Saint-Anne, construite à Avignon à la fin du XVIIIème siècle et désaffectée depuis 2003. Saint-Anne avait fait l'objet de nombreux débats politiques quant à son sort futur. Récemment, elle a été choisie pour recevoir les œuvres de la Collection Lambert, du nom de son fondateur Yvon Lambert, en attendant la fin des travaux dans le musée qui les accueille en temps normal.
Ce déplacement a donné naissance à l'exposition La disparition des lucioles, les œuvres d'Yvon Lambert ayant investies les cellules et les couloirs de Saint-Anne, complétées par celles d'autres grandes collections publiques ou privées.
Le projet emprunte son titre à un texte de Pier Paolo Pasolini, qui choisit les lucioles comme « métaphore d’une société révolue ». Grâce au dialogue entre les œuvres et la prison, chargée de mémoire, cette exposition se veut être une expérience sensible afin de faire ressusciter ces lucioles.
Ainsi, le commissaire a choisi de laisser en l'état la prison. Les œuvres sont donc exposées dans les cellules d'origine, dans lesquelles la peinture se détache doucement des murs. Chaque œuvre devient ainsi une luciole, « élément poétique à la douce lumière résistante ».
Les thèmes abordés par l'exposition sont bien sûr l'enfermement, mais aussi le temps qui passe, la solitude et l'amour. Trois cellules sont également consacrées à l'histoire, parfois douloureuse, de la prison. En effet, pendant la deuxième guerre mondiale, la prison servit à enfermer des juifs avant qu’ils ne soient envoyés dans les camps.
A côté d'installations, de sculptures ou de vidéos, la photographie tient une place importante au sein du projet.
Tout d'abord avec des œuvres directement liées à l'univers carcéral, comme par exemple la série des Hurleurs de Mathieu Pernot, où des hommes et des femmes essaient de communiquer avec les détenus en criant des messages. On trouve également la série de graffitis de Brassaï et les photographies du Tchèque Miroslav Tichy, clichés réalisés avec un appareil photographique bricolé, ou encore le portrait de Lewis Payne par Alexander Gardner. Les images inquiétantes de Roger Ballen ou de Douglas Gordon sont également visibles. Les dernières cellules explorent le thème de la liberté retrouvée, avec entre autres une photographie de Nan Goldin.
© François Halard
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