© AFP Camille Lepage à Bangui, 19 février 2014
L'Élysée a annoncé hier soir la mort de Camille Lepage, photojournaliste de 26 ans. Ce décès intervient six mois après l'assassinat de deux reporters de RFI au Mali. Selon François Hollande, le corps de la jeune femme a été trouvé « lors d'une patrouille de la force Sangaris à l'occasion d'un contrôle effectué sur un véhicule conduit par des éléments anti-balaka, dans la région de Bouar », près de la frontière avec le Cameroun. La jeune femme effectuait en effet un reportage en République Centrafricaine en compagnie des milices anti-balaka, « ils seraient tombés dans une embuscade certainement tendue par des éléments armés qui écument la région » selon l'AFP. Collaborant avec de nombreuses revues comme Le Monde, le Time, le New York Times, Libération, Jeune Afrique, elle était basée à Juba, au Sud-Soudan, depuis juillet 2012.
Dans un entretien à RTL, la mère de Camille Lepage souligne le profond engagement de sa fille. Pour elle, le photojournalisme était « une vraie vocation », « elle n'avait qu'une envie, c'était de témoigner des populations dont on ne parlait pas et qui étaient en danger ».
Dans un communiqué, Reporters Sans Frontières a indiqué que la jeune femme « était partie en Centrafrique avant même les débuts de l'opération Sangaris, pour témoigner du quotidien des populations victimes de cette guerre fratricide. Là, selon ses confrères, elle s'est illustrée par son courage, allant toujours au devant de l'action », elle « faisait preuve d'un extraordinaire courage dans son travail quotidien ».
RSF ajoute que « sa mort odieuse montre à quel point les journalistes sont exposés au danger dans leur recherche de l'information, en République centrafricaine comme sur d'autres terrains de conflit ».
En effet, la crise centrafricaine, commencée avec la prise de Bangui par le groupe rebelle des Seleka en mars 2013, s'est intensifié en décembre 2013. La progression des milices anti-balaka a entrainé l'augmentation des menaces envers les journalistes, les deux camps leur reprochant d'être du côté de l'un ou de l'autre. Exercer en Centrafrique est aujourd'hui plus que difficile, certains journalistes ont dû quitter le pays, ou se cacher après avoir été menacés de mort.
François Hollade a déclaré que son assassinat ne resterait pas « impuni », Laurent Fabius ajoutant qu'il « ne saurait y avoir d'impunité pour ceux qui, à travers les journalistes, s'en prennent à la liberté fondamentale d'informer et d'être informé ».