Christian Lutz © Agence Vu'
Pour rappel, Christian Lutz, photographe et membre de l'agence Vu', a réalisé, entre 2003 et 2012, une trilogie sur le pouvoir : pouvoir politique avec Protokoll, pouvoir économique avec Tropical Gift et pouvoir religieux avec In Jesus'Name. Les interviews de Christian Lutz, réalisées par Actuphoto, sont disponibles http://actuphoto.com/23931-interview-de-christian-lutz-a-propos-de-la-censure-de-son-ouvrage-in-jesus-name-.html" et http://actuphoto.com/23931-interview-de-christian-lutz-a-propos-de-la-censure-de-son-ouvrage-in-jesus-name-.html".
Son dernier ouvrage sur le pouvoir religieux, In Jesus' Name, a été interdit provisoirement de distribution par le tribunal civil de Zurich en janvier 2013. Une vingtaine de membres de l'Église ICF (International Christian Fellowship, une Église évangélique suisse) ont, en effet, déposé plainte sous le motif d'enfreindre le droit à l'image. Cette décision de justice a été acceptée par le photographe.
Plusieurs personnes inquiètes de cette atteinte portée à liberté d'expression, la liberté artistique et la liberté d'informer ont mis en place un comité de soutien.
Les clichés ont été exposés au musée de l'Elysée à Lausanne de juin à septembre 2013. Toutefois, les photographies portaient les marques de la censure : elles étaient barrées d'un bandeau noir sur lequel étaient inscrites les plaintes telles que l'avocat des plaignants les avait rédigées dans le premier dossier. C'est de cette manière qu'elles ont également été présentées en Italie (Festival Cortona on the move), en Belgique ( Biennale de la photographie de Liège) et tout prochainement en Espagne (Festival Docfield ).
© Christian Lutz, série In Jesus' Name
En avril 2013, les plaignants de l'Église ICF ont déposé un nouveau dossier : ils exigent, cette fois, non seulement l'interdiction de diffusion de In Jesus' Name, mais aussi la destruction totale de toutes les images où ils figurent.
Christian Lutz lutte fermement contre ce nouveau dossier, qui s'oppose à ses principes.
Le 28 janvier dernier, le juge a soumis un document de conciliation entre les plaignants de l'Église ICF et le photographe. Celui-ci a été refusé par les deux parties.
L'avocat des plaignants réclame une contrepartie financière qui n'est pas mentionnée tandis que Christian Lutz considère que ce document nuit dangereusement à la liberté d'expression et à la liberté artistique.
L'affaire est donc toujours en cours aujourd'hui.
Léa Pietton