© jacques Hebinger
La galerie Le Lac gelé a ouvert ses portes en juin 2008 dans le centre historique de Nîmes. Elle est située dans un lieu classé du XVIIe siècle entièrement restauré et équipé pour accueillir la création photographique. Une dizaine d’expositions y est proposée par an. Sous un intitulé que contredit la chaleur de ses vernissages, la galerie réussit à fidéliser un public de curieux avertis et novices qui ont un plaisir renouvelé à suivre les propositions qui lui sont faites... sans compter les collectionneurs qui peuvent y acquérir des tirages originaux.
La ligne artistique du Lac gelé se veut ouverte à la multiplicité des démarches, autant soucieuse de nouveautés que de créations arbitrairement hors du feu de la rampe. Elle parie sur des œuvres solides qui existent par elles-mêmes sans le recours du commentaire. L’artiste photographe y est vu comme un révélateur de vérités et de forces perceptibles par tous.
Les différents univers photographiques qu’ils soient narratifs ou dans la captation de l’instant sont présentés soit seuls, soit en simultanéité avec d’autres jusqu’à venir dialoguer avec des propositions plastiques non-photographiques comme pour l’exposition SUI gENErIS. L’assemblage de points de vue photographiques extrêmement différents en révèle les singularités de façon inédite sans craindre de bousculer le spectateur dans ses attentes.
C’est aussi à ça que le Lac gelé l’invite depuis six ans.
Nulle profanation ! Il n’y a pas d’intrusion abusive dans le pré carré de la photo, simplement un « phénomène » parmi les « phénomènes » comme le suggère l’accroche de la galerie Le Lac gelé à Nîmes.
L’exposition SUI gENErIS qui y sera présentée ce printemps met en regard des dessins de Jean-Marc Scanreigh avec leurs sources photographiques. Quatorze photographes en tout. C’est évidemment la notion de regard qui légitime cette présence inattendue dans un lieu dédiée à la photographie. Jacques Lafont qui pilote sur Le lac a accepté que sur le regard de la photographie se greffe le regard second du dessin et d’en faire une présentation ...sui generis (de son propre genre). Une manière subtile d’inclure le regard final du spectateur selon la formule rebattue de Duchamp (elle a exactement un siècle !)
« c’est le regardeur qui fait le tableau ». En l’occurrence il fait la photo et le dessin d’après la photo. Et ce regardeur est tiré de son extériorité par l’enchaînement des regards ; il ne se dit plus « que voient les artistes que je n’ai pas su voir », mais plutôt « moi aussi je vois ce que je vois, j’en retiens comme eux ce que j’en retiens et que je suis peut-être seul à voir. » Comparaison bienfaisante. La surprise, l’étonnement devant la différence à soi nous arrachent un sourire de connivence... tous ravis que nous sommes de constater objectivement la déraison de nos subjectivités.
Les 14 photographes exposés
L’exposition est construite autour de trois sélections
- Un choix de créateurs défendus par la galerie Le Lac gelé :
Jean-André Bertozzi
Julie Canarelli
Alejandro De Los Santos
Claude Fauville
Jacques Lafont
Jean-Paul Lejeunes
- Un choix d’œuvres provenant de la collection M. Millot-Durrenberger :
Bob Carey
Valerie Graftieaux
Jacques Hebinger
Colette Hyvrard
Bogdan Konopka
David Nebreda
Denis Roche
Une invitation personnelle de Scanreigh à Alice Odilon, une ancienne étudiante qui fait une carrière de photographe et dont il a ac- quis une œuvre à ses débuts.