Diane Arbu, New York, 1968 © Roz Kelly/Getty Images
Diane Arbus est née à New York en 1923. Née Diane Nemerov, elle rencontre à 14 ans son futur mari Allan Arbus. Ce dernier assimile la photographie lors de son service militaire, et à son retour, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils ouvrent ensemble un magasin de photo de mode. A ce moment-là, Diane Arbus n'est pas encore photographe même s'il elle s'y initie progressivement. Allan Arbus prend les photos, Diane Arbus est alors styliste et contacte les agences.
Ce n'est qu'en 1957 que Diane Arbus débute ses projets personnels. Elle se sépare de son époux en 1960, et étudie alors la photographie à la New School for Social Research à New York, aux côtés de Marvin Israel, Richard Avedon, ou encore Lisette Model. Son style photographique émerge peu à peu, et sera marqué par le format carré 6X6 et le noir et blanc. Mais surtout, son art prend tout son sens dans la photographie de rue et les personnages hors normes, en marge de la société.
Elle obtient, en 1963, une bourse de la fondation Solomon R. Guggenheim grâce à laquelle elle réalise l'un de ses premiers projets marquants, American Rites, Manners and Customs, qui illustre les rites de la société américaines à travers des portraits. La voie de Diane Arbus se trace alors, celle d'une photographie sociale, humaniste, d'une époque troublante, celle des années 1960 à New York. Elle photographie des inconnus dans la rue, fascinée par les personnalités dérangeantes, loin des sentiers battus et des idées bien pensantes de l'époque. Elle ne cessera de photographier l'humain : nudistes, transsexuels, handicapés, mais aussi le quotidien, le banal, les intérieurs, montrant qu'un œil avisé saisit l'étrange dans la plus normale des situations.
Elle a réalisé une quantité inestimable de clichés, qui, clairement, marqueront l'histoire de la photographie américaine, notamment en rendant ses lettres de noblesse au genre documentaire. Elle participe en 1967 à une exposition du Moma, New Documents où ses portraits sont accrochés aux côtés de vues urbaines de Lee Friedlander et Garry Winogrand.
Pourtant, sa folie photographique, qui la mène à avoir des relations intimes avec ses modèles, fragilise sa santé mentale et physique et semble l'avoir mené à son suicide le 26 juillet 1971, à Greenwich Village.
Son influence dépasse la seule aire photographique. Les jumelles macabres du film Shining de Stanley Kubrick sont inspirées, selon de nombreuses analyses, de la photo de Diane Arbus nommée Identical Twins (1967), portrait de petites filles au regard insistant.
Si rien ne prouve qu'elle inspira bien le cinéaste, le pouvoir saisissant et intemporel de ses images n'est plus à démontrer. En 2003 le Moma lui consacre une exposition, Diane Arbus Revelations qui sera aussi présentée en Europe courant 2006 tandis qu'une rétrospective au Jeu de Paume en 2012 définissait son travail comme une « allégorie de l'expérience humaine ».
Claire Mayer