© Cédric Gerbehaye/ Agence VU'
Depuis soixante-dix ans, l’Agence Française de Développement (AFD) agit pour lutter contre la pauvreté et favoriser le développement dans les pays du Sud et dans l’Outre-Mer. Ce Prix est l'occasion pour l’AFD, à travers l'image, de sensibiliser un public toujours plus large aux enjeux du développement des pays du Sud. Les photographes, en tant que témoins des grandes mutations du monde, sont de précieux messagers. L’ambition de l’AFD est de faire de ce Prix une référence pour tous les professionnels qui militent en faveur d’un monde plus juste et d’un développement plus durable.
Gaël Turine, Prix Spécial AFD 2013 du Meilleur reportage Photo: « Inde-Bangladesh, la clôture de la honte. »
Quand la diplomatie et la conciliation échouent, la radicalisation semble s’imposer comme seule alternative. Jamais, depuis le Moyen-âge, autant de murs, barrières et clôtures n’auront été construits, rénovés ou reconsolidés à la frontière entre deux pays.
Dès 1993, l’Inde a commencé la construction d’un mur de séparation de 3200 kms avec son voisin Bangladeshi. Fait de béton ou d’une haute barrière de fil de fer barbelé, il est infranchissable et sévèrement gardé par les troupes indiennes de la Border Security Force (BSF). Les raisons officielles avancées par l’Inde pour en justifier l’érection sont «la protection contre l’infiltration de terroristes islamistes et l’immigration bangladeshi». Le dessin historique de la frontière (daté de 1947 lors de la chute de l’Empire des Indes Britanniques) a divisé cette grande région du Bengale, les villages, les communautés et les familles. Le tracé de la frontière fait du Bangladesh une enclave ceinturée par l’Inde. Seule une toute petite partie de la frontière est bordée par le Myanmar, avec lequel les relations diplomatiques sont quasi rompues.
Les bangladeshis souffrent de tous les maux : extrême pauvreté, surpopulation, ca- tastrophes naturelles récurrentes, conditions sanitaires déplorables... et cherchent à franchir, illégalement et au péril de leur vie, ce mur pour rejoindre l’Inde qui est pour beaucoup la seule issue : selon les chiffres fournis par des organisations de défenses des droits de l’homme — non contestées par les autorités des deux pays — depuis ces cinq dernières années, une personne est tuée tous les cinq jours à la frontière. En plus, les arrestations et les cas avérés d’actes de torture en font la frontière la plus dangereuse du monde.
Pour préserver son indispensable entente avec le grand voisin Indien, Dakha «tolère» ce mur et couvre ce qui se passe dans les régions frontalières. Malgré les plaintes, les crimes commis par la BSF restent le plus souvent impunis et continuent à être perpétrés.
© Gaël Turine /Agence VU'
Cédric Gerbhaye, Prix Nikon AFD 2013 du Meilleur Webdocumentaire: « Broken hopes I Oslo’s legacy »
La poignée de main entre Yasser Arafat, Président du comité exécutif de l’OLP, et Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, à Washington le 13 septembre 1993, derrière la Maison-Blanche et devant le Président Bill Clinton, reste une image forte des accords d’Oslo et de Washington. Imprimée dans notre mémoire collective, elle est emblématique de l’espoir de l’établissement d’une paix durable.
20 ans plus tard, c’est le 20e anniversaire d’une promesse de paix non tenue que l’Agence VU’, Action contre la Faim et Darjeeling, en partenariat avec Médiapart, ont souhaité marquer, à leur manière avec ce webdocumentaire.
« BROKEN HOPES | Oslo’s legacy » est une expérience multimédia originale de 25 minutes (français, anglais et espagnol) imaginée par Cédric Gerbehaye, photo- graphe membre de l’Agence VU’ et Eve Sabbagh, journaliste, qui embarque les internautes dans un road trip du sud au nord de la Cisjordanie, entre témoignages de Palestiniens et d’Israéliens, et paroles d’experts.
« BROKEN HOPES | Oslo’s legacy » débute à Masafer Yatta, "firing zone" décrétée par l’armée israélienne. Plus loin, nous arrivons à Hébron, dans l’enclave H2. Au nord d’Hébron, c’est Nahalin, ville de non-droit en zone B où la situation économique et sociale est critique. Le road trip se poursuit au cœur de la Zone E1 à Wadi Abou Hindi, où le projet de construction de colonies (20 000 unités supplémentaires) risque, en coupant Jérusalem du reste du territoire, de compromettre la continuité territoriale de la Cisjordanie. Tout au nord de la Cisjordanie, nous sommes dans la vallée du Jourdain, une région où les Palestiniens n’ont accès qu’à 5% des terres, au coeur d’une ferme israélienne.
Au-delà du mur de séparation, déclaré illégal par la Cour internationale de justice le 9 juillet 2004, c’est à Gaza, sous blocus depuis 6 ans, que s’achève cette «expérience documentaire».