© Guillaume Chauvin
Delphine Gatinois
Proies
Le travail artistique de Delphine Gatinois est jalonné par la notion de zone de passage, de brèches conduisant du réel à l’imaginaire. Cette idée de passage entretient des liens étroits avec la notion de mythe et de dispositifs narratifs qui sont permanents dans sa démarche.
Dans cette série photographique présentée pour la première fois à La Médina Art & Culture de Bamako, se retrouvent ces notions de passage et de déséquilibre associées à des thématiques plus précises comme la nature, l’animalité, la métamorphose dans des contextes de l’étrange, du mystérieux et du merveilleux. Différents séjours au Mali ont avivé son intérêt pour certaines croyances, rites et légendes portés par certains de ses habitants. De cette immersion a surgi un regard nouveau sur les relations entre l’homme et la nature mettant fin à la distinction entre le monde humain, animal et végétal. Corps et nature se rapprochent, se croisent et invitent une dimension spirituelle ouvrant des territoires inexplorés de la conscience.
Dans Proies, Delphine travaille avec le principe de la mise en scène. Elle explore entre autre, la fragilité et la porosité de la frontière entre l’homme et l’animal et interroge cette capacité de passer de l’un à l’autre, de l’un dans l’autre. Elle crée des images autour de rites, de sacrifices et réinvente les limites entre réalité et illusion.
© Delphine Gratinois
Delphine Gatinois, née en 1985 à Reims, est diplômée de l’École de l’Image d’Épinal puis de l’École d’Art de Metz en 2010. En 2011, elle accomplit for- mation des plasticiens intervenants (CFPI) de la HEAR de Strasbourg. Elle poursuit depuis un ensemble de travaux photographiques questionnant les liens entre le texte et l’image.
Son travail est jalonné par la notion de passage, de points de bascule, conduisant du réel à l’imaginaire. Cette idée de passage entretient des liens étroits avec le mythe et les dispositifs narratifs. Actuellement elle mène ses recherches en alternant ses projets artistiques entre la France et l’Afrique de l’Ouest. Sur le continent africain, elle s’inté- resse particulièrement au mysticisme et au surnaturel, des thématiques qui la captent depuis quelque temps. Elle mène en parallèle à son activité d’artiste celle d’intervenante plasticienne dans différents contextes.
© Delphine Gatinois
Guillaume Chauvin
Entre Sibérie et aujourd’hui
La Russie me faisait peur et m’a donc attiré. J’y ai alors choisi la Sibérie, qui faisait peur même aux Russes, et suis parti y travailler un hiver.
Les surprises y furent permanentes : quotidien aux normes surréalistes, multi-nationalité insoupçonnée, paradoxes historiques compatibles...etc
J’ai tenté de témoigner de cela, d’en rapporter une vision plus «réaliste» à mon sens que le misérabilisme conventionnel qu’on m’en proposait jusque là.
La photographie comme prétexte pour aller jusqu’à mes sujets... Un extrait plutôt qu’un récit donc, entre Sibérie et aujourd’hui.
Guillaume Chauvin
ÉDITION : Le Vie Russe - Entre Sibérie et aujourd’hui
À l’occasion de son exposition à l’Espace international du CEAAC, Guillaume Chauvin publiera son catalogue aux éditions Allia.
Une femme étend un tapis dans la neige et marche dessus en rond, à petit pas, longtemps. /
Au marché central, un père tient à bout de bras son enfant pour qu’il se soulage, à l’horizontale dessus un trou du sol ;
on dirait de loin qu’il tord un linge mouillé entre deux étals de baies aux tailles variées. Les vieilles alignées derrière semblent trouver cela normal. /
Un train très long semble partir très loin. Un moins long moins loin. /
Aux wc publics : mains chaudes et bite froide, et d’inhabituels spectacles fécaux ; comme si des culs y avait explosé !
Enfin bon, « presque propre » et « presque sale », quelle différence ? / L’église a une voix d’hommes. /
Au foyer un robinet fuit. Je le tourne pour avoir de l’eau mais rien n’en sort, même plus la fuite. /
On était bien : on n’attendait rien.
Cette édition bénéficie du soutien financier du CEAAC
© Guillaume Chauvin
Guillaume Chauvin est né en 1987. Auteur et photographe indépendant depuis 2009, il est diplômé de l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg. Son travail se trouve à mi-chemin entre journalisme et document artistique. Depuis 2012, Guillaume vit entre France et Russie où il poursuit son travail avec le soutien du CEAAC. Ses travaux ont déjà été publiés dans les pages Culture du Monde, dans le magazine 6 mois pour « la photo du jour », ou la Revue Feuilleton.