20 ans de reportages de guerre, de témoignages sur les conflits, les crises ou les révolutions qui agitent le monde. Afghanistan, Irak, Somalie, Congo, Pakistan, Israël, Palestine, Libye, Mexique, ou bien sûr la Syrie, autant de conflits qui résonnent lourdement dans nos mémoires collectives ou bouleversent encore l'actualité.
20 ans aussi d’hommage à ces hommes et à ces femmes qui parcourent le monde, prennent des risques pour voir et faire savoir, pour montrer et éveiller les consciences. Parmi les lauréats, les plus grands noms du journalisme français et étranger : James Nachtwey, Jean Hatzfeld, Nicolas Poincaré, Yuri Kozyrev, Santiago Lyon, Luc Delahaye, Javier Espinosa, Eric Bouvet, Sammy Ketz, Grégoire Deniau, Christina Lamb, Jérôme Delay, Alan Little, Laurent Van der Stockt, Christophe Boltanski, Jeremy Bowen, Rémy Ourdan... Nombre d'entre eux seront à Bayeux en octobre prochain.
Échanges, témoignages, décryptage de l'actualité avec ceux qui la couvrent au quotidien, fenêtre ouverte sur un monde en perpétuelle turbulence. C'est cet "arrêt sur images" que proposent chaque année les Rencontres du Prix Bayeux-Calvados.
En prise directe avec l’actualité, le Prix Bayeux-Calvados n’a cessé d’évoluer. Aujourd’hui, ce n’est plus seulement un prix mais une semaine de rencontres, de rendez-vous autour de l'actualité internationale. Expositions inédites, salon du livre, soirées débats, projections de documentaires, actions tournées vers les jeunes...
Des expositions inédites
Retour sur 20 ans de reportages de guerre: du 7 octobre au 3 novembre
Commissaires d’exposition : Karen Lajon (grand reporter Le Journal du Dimanche) et Laurent Hochberg pour la scénographie.
« Je suis partie pour l’Afghanistan l’automne dernier avec une question en tête : pourquoi, avec toute notre technologie, tuons-nous autant de civils dans les bombardements aériens?». Ainsi s’interroge la journaliste américaine, Elizabeth Rubin, en 2008, dans son remarquable reportage "La Battle Company est là-bas".
Qui fait quoi? Pourquoi et comment ? Depuis 20 ans, le Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre met à l’honneur ces femmes et ces hommes, qui se fondent sous la bannière commune du journalisme. Vingt ans, le temps d’une rétrospective que Bayeux offre cette année au public, toujours de plus en plus nombreux. Vingt ans d’histoires et de guerres. Avec les regards des plus grands photographes comme James Nachtwey ou Laurent Van der Stockt. Les reportages télé de la très rigoureuse BBC ou les séquences les plus folles, comme celles tournées en Libye par France 24 ou encore celles de Gilles Jacquier et Bertrand Coq de France 2, à Naplouse. Images, sons et réflexions. Avec des textes qui racontèrent l’Histoire. Le dialogue à Bihac, en Bosnie, d’Henri Guirchoun, la traversée de l’Afghanistan de Patrick de St-Exupéry ou le drame rwandais de Jean Hatzfeld. Sans oublier les féroces batailles d’Irak et de Syrie, terres de sang et de désespoir que l’espagnol Javier Espinosa a couvert avec une régularité exemplaire.
Karen Lajon
© Jérôme Delay / AP. Lauréat prix du public 2009. Trouble au Congo. Protégée transporte sa nièce, à la recherche de ses parents dans le village de Kiwanja, à 90 km au nord de Goma, à l’est du Congo.
Carte blanche à James Nachtwey: du 7 octobre au 3 novembre
James Nachtwey, lauréat par deux fois, en 1996 et 1999, du Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre, présente une trentaine d’images issues de ses reportages à travers le monde depuis plus de trente ans, des photos devenues des icônes et d’autres jamais publiées, ni exposées.
Photographe américain, James Nachtwey est l’un des plus grands photographes de guerre de notre époque. Pendant plus de trente ans, il a couvert quasiment tous les conflits : Afghanistan, Bosnie-Herzégovine, Rwanda, Salvador, Irlande du Nord, Kurdistan, Somalie, Afrique du Sud...Il a reçu parmi les plus prestigieux prix et distinctions du métier.
«Le Sacrifice, par James Nachtwey La peinture n'est pas faite pour décorer les appartements, c'est un instrument de guerre,
offensif et défensif, contre l'ennemi »
James Nachtwey pourrait faire sienne cette revendication de Picasso après la réalisation du tableau Guernica dénonçant le massacre de la population civile du village basque éponyme en 1937 par les aviations, fasciste italienne et allemande nazie.
James Nachtwey a toujours déclaré sa photographie “anti-guerre”.
Blessé à Bagdad, le 12 décembre 2003, par un jet de grenade dans le Humvee qui le menait en patrouille avec des Marines, il se retrouva sur une table d’opération dans un hôpital militaire d’urgence, au contact de toutes ces victimes et “gueules cassées”, auxquelles il dédicace ce reportage.
Les images de James Nachtwey nous prémunissent contre toute cruelle accoutumance télévisuelle, voire coupable indifférence, aux batailles recommencées depuis les gorges de l'Adrar des Ifhôgas au Mali, jusqu’à Alep, Homs, dans l’horreur d’une Syrie sous la menace des armes chimiques.
Dans la grande tradition des fresques célèbres, c’est un « Guernica de la photographie » ou « mur du Sacrifice » , qui va s’afficher sur les cimaises du nouveau Musée d’Art et d’Histoire Baron Gérard à l’occa- sion du vingtième anniversaire du Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre.
Il faut y aller pour découvrir de l’intérieur l’antidote à la banalisation, que constitue chacune des soixante images de James Nachtwey assemblées en un seul tirage, tel un instantané mural qui prolonge le cri de révolte de Picasso. Pour mieux voir et entendre cette résonance qui traverse le temps à coups d’éclats de paix et de guerre mêlés. Un hommage de chair et de sang à toutes les victimes et à tous les correspondants de guerre.
Alain Mingam, commissaire délégu
Regard sur la jeune génération de photographes: du 7 octobre au 3 novembre
Commissaire d’exposition : Nicolas Jimenez (Directeur photo Le Monde)
Lorsque notre profession se réunit, il est coutume de se demander collectivement si le photojournalisme est encore bien vivant. Chacun y va de son argument, raconte son expérience malheureuse pour faire la démonstration d’un passé béni mais bien révolu. Certes les choses ont beaucoup changé depuis les années fastes 70-90.
Mais « Bayeux » fête ses 20 ans cette année, c’est l’âge auquel beaucoup de jeunes décident de se lancer. Une profession qui chaque année voit ses rangs grandir de jeunes confrères, de tous horizons, avec une envie féroce d’être les témoins de l’histoire en marche, peut-elle vraiment être moribonde ?
20 ans, 20 jeunes photographes qui, sans nul doute, feront partie des grands de demain.
Nicolas Jimenez
© Stephen Dock / Agence Vu. Alep, Syrie, août 2012.
Exposition «Frontline Club»: 10 an en première ligne: du 7 au 27 octobre
Frontline News Television (FNTV) a été créée au milieu du chaos et de la confusion de la révolution roumaine de 1989. Elle allait devenir un acteur essentiel de la frange indépendante du reportage télévisé, vingt ans en avance sur son temps. Durant ces années agitées, qui ont commencé avec la chute du communisme et se sont achevées le 11 septembre, ses membres ont rapporté quelques-unes des meilleures vidéos de guerre autour du monde.
Ouverture du Frontline Club
L'agence a fermé en 2003, la moitié de ses caméramans ayant été tués alors qu'ils filmaient autour du monde. Peu de temps après, Vaughan Smith créait à Londres le Frontline Club, qui ouvrait ses portes en 2003. Fondé en l'honneur de ses collègues de FNTV tombés en reportage, le Club est rapidement devenu un point de rencontre pour un groupe varié de personnes unies par leur passion pour un journalisme de qualité et par leur volonté de veiller à ce que les histoires qui disparaissent des grands titres continuent d'être sous l'oeil des observateurs. Le Club existe pour promouvoir la liberté d'expression et pour soutenir les journalistes, les caméramans et les photographes qui risquent leur vie dans l'exercice de leur travail.
Création du Frontline Freelance Register
2013 a vu la création du Frontline Freelance Register (FFR), un organisme représentatif pour les reporters indépendants, créé et géré par des indépendants.
L'objectif central du FFR est de soutenir le bien-être physique et mental des journalistes freelances, avec des possibilités d'adhésion ouvertes à tous les journalistes freelances travaillant sur des conflits ou effectuant des reportages à l'étranger.
"Ten years at the Frontline" (10 ans en première ligne) célèbrera le travail de FNTV avec une sélection d'images d'archives. Elle offrira un aperçu de la vie quotidienne du Frontline Club avec les photos prises sur le vif par le photographe – et membre du club – Chris King, et mettra en valeur les talents des reporters indépendants, nouvellement émergents ou bien établis, avec l'exposition du travail actuel des membres du Frontline Freelance Register (www.frontlinefreelance.org).
© Peter Jouvenal (de FNTV) et le photographe Patrick Robert se détendant avec des guérilleros au Liberia, en 1991.