La photographe Daphné Rocou raconte une histoire extraordinaire: En 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale et à la veille de la guerre civile en Grèce, un navire légendaire, le Mataroa, fut affrété par l’institut français à Athènes pour aider des jeunes intellectuels engagés à s’évader prêts à faire des études à Paris. Après un voyage difficile, ces jeunes furent logés dans des hôtels de la rive gauche.
Certains étudiants deviendront célèbres, l’urbaniste Georges Candilis, architecte qui a réalisé le quartier du Mirail
à Toulouse. L’écrivain André Kédros, aussi connu sous le nom d’André Massepain. Ou encore les philosophes Kostas Axelos, Kostas Papaïoannou et Cornelius Castoriadis, qui qualifiera ce voyage d’« événement historique ».
Les hôtels comme lieu d’accueil pour les immigrants, est un sujet toujours d’actualité. Si autrefois ils ont été grecs, sud américains, ils viennent aujourd’hui des pays africains, d’Asie. Les hôtels HPRG, devenus des lieux de luxe, ont peut-être autrefois hébergé des étudiants immigrants et pourquoi pas des étudiants du Mataroa.
Le jury a aimé la photographie de la photographe grecque Daphné Rocou car elle nous raconte l’histoire de l’artiste et de son peuple, mais aussi un chapitre de l’histoire de Paris, et finalement de celle des hôtels. L’artiste rend hommage à la France terre d’accueil.
Au-delà de l’histoire, le jury a été ému par la composition de la photographie. La mise en scène de plusieurs personnages, chacun perdu dans ses rêveries. C’est avec nostalgie que la fille sur la terrasse regarde dans le lointain.
Trois étudiants regardent un livre, sans vraiment être plongés dans sa lecture. Leur attitude traduit l’attente et l’angoisse du futur.
Le mal du pays aussi, représenté par la pastèque rouge de sang dans la main de la jeune femme au regard si mélancolique au premier plan.
L’effet vintage, l’aspect d’une vieille photo sortie de l’album de survivant de l’épopée, accentue le sentiment de nostalgie et l’émotion.