© Miikka Pirinen
Depuis treize ans, l’Association Nationale des Iconographes organise les lectures de portfolios pendant la semaine professionnelle du Festival International du Photojournalisme “Visa pour l’Image - Perpignan” et reçoit ainsi plus de 300 photographes de tous horizons pour les conseiller et les orienter. À l’issue du festival, l’ANI réunit un jury au bar Floréal, pour désigner les trois lauréats parmi ses “coups de cœur”.
Pour la quatrième fois, un des trois lauréats recevra le prix ANI/PIXPALACE 2013 doté de 5 000 € lors de la soirée de projection du 4 septembre 2013, pour l’encourager dans son travail.
Le travail des trois lauréats sera ensuite exposé à la Galerie du bar Floréal en octobre 2013 pour la 10ème édition des Visas de l’ANI.
Lauréats 2013 :
Miikka Pirinen - « Ari, une vie au point mort »
Depuis 1986, Ari Tervonen est le résident ordinaire d’une maison médicalisée pour personnes atteintes de troubles mentaux. Agé de 51 ans, Ari souffre de disfonctionnements mentaux dus à une consommation excessive d’alcool durant sa jeunesse. Chaque matin, vêtu de son costume impeccable, il traverse la ville en écoutant Madonna et Lady Gaga dans son baladeur, tout en rêvant à une carrière dans la politique. Ari ne se rend pas au travail comme les autres hommes en costume qu’il croise mais au dispensaire pour recevoir son lourd traitement quotidien. De temps en temps, un pas de danse sort Ari de son apathie chronique.
Paolo Marchetti - « Cité Soleil, au cœur de l’extrême pauvreté haïtienne »
© Paolo Marchetti
Cité Soleil est l’une des sept municipalités de Port-au-Prince, née à la suite du dépeuplement de la campagne haïtienne, soutenue par la politique Delatour puis reprise en 1986 par Duvalier. Cette manœuvre politique a provoqué l’exode rural de milliers d’Haïtiens sans qu’aucune infrastructure ne soit mise en place et facilité ainsi le développement économique de cette municipalité. La Cité Soleil est la plus pauvre de Port-au-Prince.
Environ 70% des ménages n’ont pas accès aux soins sanitaires, et le chômage dépasse près de 50% de la population. Cette zone, surnommée «Le microcosme de tous les maux de la société haïtienne», est considérée par l’ONU comme l’une des plus pauvres et des plus dangereuses de l’hémisphère occidental : le chômage endémique, l’illettrisme, l’inexistence des services publics, des conditions déplorables d’hygiène, un crime galopant, une violence armée.
Le Vaudou, religion afro-américaine syncrétique et ésotérique, est fortement ancrée chez les habitants de la Cité. Cette religion est un mélange de tradition africaine avant le colonialisme teinté de catholicisme, pratiquée par 60 millions de personnes dans le monde et quasiment par la population entière à Haiti. Souvent considérée comme une simple superstition ou comme de la magie noire, le vaudou est une religion avec une morale profonde et un enseignement social.
Pour échapper à la persécution persistante de l’Eglise, le Vaudou commença vers 1800 à récupérer l’iconographie chrétienne en masquant les dieux traditionnels avec des figures de saints et de madones.
Maija Tammi - « Nanitude, Sofiya »
© Maija Tammi
«J’ai fait un cauchemar un jour, j’étais dans un monde où je faisais un mètre quatre vingt et j’étais littéralement effrayée par ma propre taille» nous raconte Sofiya Cheyenne Perez âgée de 21 ans. Elle mesure à peu près un mètre quarante et vit à Brooklyn, à New York. Sofiya est un essai photographique qui raconte son histoire, celles de Clinton, Justin et Jahmani qui mesurent environ un mètre quarante. «C’est un autre monde celui d’en-bas. Je prends des coups de coude, de popotin...Et il y a toujours une personne qui vous regarde du coin de l’oeil» nous dit Sofiya. Elle est en couple avec Clinton Brown III, qui lui aussi est nain. «Je pense que la vie, c’est un peu comme le poker. Dieu est le donneur en nous distribuant les cartes et on doit se démener avec.» dit Clinton.