© Juan Carlos Canales, 14 ans, Espagne - Children's Eyes on Earth 2012.jpg
Depuis une trentaine d'années, le photographe Reza parcourt le monde pour en être le témoin et transmettre son savoir. Il y a quelques mois, lorsqu'Actuphoto lui demandait quel était son rêve de photographe, il répondait sans détour :« Mon rêve de photographe, c'est que tous les gens du monde deviennent photographes, que tout le monde ait un appareil photo. C'est un vrai rêve, et c'est ce que j'essaie de faire depuis longtemps, de répandre la photographie, qu'elle devienne l'outil suprême de l'expression. C'est en s'exprimant que les gens se comprennent, et une fois que les gens ont compris, beaucoup de problèmes se règlent.
Aujourd'hui, puisque les êtres humains du monde entier ne peuvent pas communiquer par leur langue, l'image est le meilleur des langages universels, mais il faut apprendre l'alphabet. Cette citation est pour moi importante, « l'avenir appartient à ceux qui croient en la beauté de leurs rêves.» »
© Claire Mayer
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Ces propos résument parfaitement ce qu'a cherché à créer Reza avec le Youth Photo Festival, dont la première édition s'est tenue à Bakou, en Azerbaïdjan, du 12 au 14 mai dernier. Le point de départ, un partenariat mis en place avec IDEA (International Dialogue for Environnemental Action), une ONG azerbaïdjanaise qui tente de défendre l'environnement, ainsi que l'organisation conjointe d'un concours photo réservé aux enfants de moins de 17 ans autour de deux thèmes, « I Love Nature » (j'aime la nature) et « I Fear Pollution » (j'ai peur de la pollution). Ce sont au total 4000 images qu'ont reçus les organisateurs, provenant de milliers de jeunes participants de plus de 90 pays. Une belle réussite pour ceux qui sont, pour Reza, les acteurs du monde de demain.
© Claire Mayer
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La plus grande surprise de Reza, comme du public, a été la qualité photographique des travaux présentés. Ces jeunes, de 8 à 17 ans en moyenne, ont réalisés des clichés d'une réalité et d'un esthétisme époustouflants.Une maturité artistique qui promet un bel avenir à l'univers photographique.
Une cérémonie de remise des prix a couronné le travail des enfants, comme celui, remarquable, d'IDEA, qui souhaite faire progresser l’Azerbaïdjan en matière d'environnement. En effet, le pays s'est certes ouvert à la modernité, mais a souvent oublié les fondamentaux environnementaux, et en cela IDEA a réellement un rôle à jouer, et le fait avec force. Les projecteurs se sont tournés non seulement sur le pays, mais aussi et surtout, l'essentiel, son avenir.
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Le choix de l’Azerbaïdjan ne s'est pas fait au hasard, et peut en étonner plus d'un. Ancienne république soviétique du Caucase située sur la ligne de division entre l'Europe et l'Asie, indépendante depuis 1991, il serait hypocrite d'en parler comme d'une exemplarité démocratique. Au pouvoir depuis 2003, le président Ilham Aliyev, fils du président défunt Heydar Aliyev qui a mené son pays d'une main de fer pendant 10 ans. Possédant un riche potentiel pétrolier, l’Azerbaïdjan s'est vu se développer d'une manière fulgurante ces dernières années, et la ville de Bakou s'urbanise d'une manière étonnante. Le potentiel de ce pays du Caucase est grand, et il serait inepte de ne pas mettre en avant les possibilités qu'a ce pays de s'ouvrir à une plus grande démocratie. Ainsi, le Youth Photo Festival de Bakou a mis le pays sous le feu des projecteurs, tandis que beaucoup l'auraient laissé là où il est, à défaut.
© Claire Mayer
Le succès de cette première édition est donc manifeste, et surtout prometteur. Les deux jours du Festival ont permis à des enfants d'âges et de nationalités éclectiques d'échanger, de découvrir, de fraterniser, tout en appréhendant la photographie, leur passion commune. Reza, a, une fois de plus, ouvert son savoir à ces jeunes avides de savoir, et dont les rêves deviendront sans doute leur propre réalité.
Claire Mayer