© Bernard Plossu, « Mexico City, Mexique, 1966 »
Pavillon Populaire de Montpellier Esplanade Charles de Gaulle 34000 Montpellier France
S’il fallait une exposition qui ait suffisamment de force et de nouveauté pour accompagner un été photographique heureux à Montpellier, c’est bien celle proposée par le directeur artistique du Pavillon Populaire, Gilles Mora, au commissaire invité, Marc Donnadieu. Couleurs Plossu- Séquences photographiques, 1956-2013 est en effet la première rétrospective du travail en couleurs réalisé depuis ses débuts en photographie, par le très populaire photographe français, Bernard Plossu. Celui-ci est surtout connu grâce à la poésie subtile de ses images en noir et blanc. Emblématique d’une génération, frottée simultanément aux écoles photographiques américaines autant qu’à l’humanisme français, Bernard Plossu incarne, pour les spectateurs actuels, une synthèse réussie de la liberté stylistique née aux Etats-Unis dans les années 1960, et de ce regard rêveur, presque mélancolique, mais d’une grande finesse, qui a marqué, depuis la fin des années 1930, tout un pan de la photographie européenne.
Ce qu’on avait jusqu’ici négligé chez Bernard Plossu, même si certaines publications ou expositions en rendaient partiellement compte, c’est la pratique constante de la prise de vue en couleurs, et cela depuis ses débuts précoces dans la photographie, à la fin des années 1950, jusqu’à nos jours. Non pas le redoublement coloré de ses images en noir et blanc, mais bien une activité et un langage photographiques autonomes, pensés à travers l’usage de la pellicule en couleurs, très souvent accompagnant l’utilisation d’appareils photographiques-jouets (Instamatic, boîtiers plastiques aux réglages simplifiés, etc.) et surtout le retour à un procédé ancien, celui du tirage au charbon, Fresson, du nom de son inventeur français. C’est donc une exposition rétrospective au contenu ambitieux qu’a prise en charge Marc Donnadieu, spécialiste de l’art contemporain (il est conservateur en charge de ce domaine au LAM-Lille Métropole Musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut), et familier depuis longtemps de l’œuvre de Bernard Plossu. Cette nouvelle lecture photographique, rigoureuse, profondément originale -plus des deux tiers des quelques 240 œuvres ici présentées sont inédites- vient confirmer l’importance du grand photographe français, en lui conférant une dimension novatrice supplémentaire. Elle amplifie également le rôle joué par notre Pavillon Populaire dans l’exploration des territoires photographiques contemporains. Privilégiant la carte de la diversité, croisant expositions thématiques, historiques ou monographiques, apportant au public une approche pédagogique susceptible de lui faire mieux comprendre un art plus complexe qu’il n’apparaît, le Pavillon Populaire se donne avec une volonté accrue la tâche plaisante d’accompagner un été touristique et solaire toujours très actif, comme celle d’influer sur la perception d’un public de plus en plus large et confiant, pour qui la photographie est autre chose qu’un simple divertissement.
Le Maire de la Ville de Montpellier L’Adjoint au Maire de Montpellier Délégué à la culture, Conseiller Général de l’Hérault
© Bernard Plossu, « Santa Fe, New Mexico, USA, 1982 »
Couleurs Plossu Séquences photographiques 1956-2013
À travers près de deux cent quarante images, l’exposition « Couleurs Plossu - Séquences photographiques, 1956-2013 » réunit pour la première fois un corpus exceptionnel et inédit de l’œuvre d’un des plus célèbres photographes français : Bernard Plossu.
Elle développe ainsi sur les deux étages du Pavillon Populaire toutes les facettes et tous les usages du médium photographique couleur que celui-ci a développé au fil de ses voyages sur les routes d’Europe comme d’Amérique. Car il a toujours regardé le monde en couleur, de ses premières photographies en amateur au Brownie Flash dans le Paris de la fin des années 1950 à ses clichés à l’objectif de 50 mm sur boîtier Nikkormat au Mexique et au Nouveau- Mexique durant les décennies 1965-1985, en passant par sa pratique des appareils jouets (Agfamatic, Instamatic, panoramique Prestinox) des années 1990-2010 qui l’on rendu célèbre.
Et ce foisonnement d’images de toute nature révèle d’autant mieux son goût pour l’expérimentation, sa curiosité insatiable, ses références à l’histoire de la photographie contemporaine comme à l’histoire de l’art moderne – du cubisme d’un Georges Braque à l’abstraction d’un Piet Mondrian, en passant par la métaphysique de Giorgio Morandi ou l’expressionnisme d’Ernst Ludwig Kirchner –, et surtout l’incroyable modernité d’un œil toujours aux aguets.
Marc DONNADIEU Commissaire d’exposition
© Bernard Plossu, « Ardèche, France, 2010 »
Descriptif de l’exposition
Rassemblant près de 240 épreuves fressons, argentiques ou numériques, l’exposition « Couleurs Plossu – Séquences photographiques, 1956-2013 » réunit pour la première fois un corpus exceptionnel et inédit de son œuvre photographique : son travail, en couleur. Elle s’attache également à toutes les facettes et tous les usages du médium photographique développés par Bernard Plossu tout au long de sa carrière.
L’exposition se déploie sur les deux étages du Pavillon Populaire selon cinq sections. Au rez- de-chaussée, un vaste espace central réunit sur une seule ligne une soixantaine de tirages Fresson, pour la plupart inédits, comme autant de moments suspendus dans l’espace et dans le temps : situations trouvées, objets perdus, moments poétiques, contrastes visuels et sonorités plastiques s’entrechoquent ou se répondent à l’instar d’une véritable mélodie colorée qui se moquerait des lieux et des dates pour mieux nous émerveiller et nous enchanter.
De chaque côté, sont rassemblées plusieurs séries d’expérimentations photographiques qui révèlent toutes les facettes et tous les usages du médium photographique couleur par Bernard Plossu, depuis ses premières photographies dans le Paris des années 1950-1960 à sa pratique des appareils jouets (Agfamatic, Instamatic, panoramique Prestinox) des années 1990-2010. Plusieurs séries inédites ou oubliées seront ainsi présentées : une foire du Trône aux accents néo-réalistes datant des 1967-1968, une série de robes saisies au bord de la Mer de glace selon un regard tout à la fois conceptuel et ironique en 1976, un Salzburg presque immobilisé par la lumière en 1993, une Almeria métaphysique des années 2004-2005, une virée nocturne à Charleroi en 2011...
À l’étage, s’installent deux séries complémentaires relatives aux nombreux voyages de Bernard Plossu. D’un côté, à travers près de soixante images, une surprenante traversée des paysages européens où la France se révèle cubiste, l’Italie graphique ou métaphysique, la Belgique sensible et brumeuse... De l’autre, une cinquantaine d’images de ses road-movies américains des années 1965-1985, du Mexique au Nouveau-Mexique en passant par une Californie aux accents hippies.
© Bernard Plossu, « Île de Ventotène, Italie, 2010 »
Bernard Plossu - Biographies
Né en 1945 au Sud Viêt Nam, c’est à Paris que Bernard Plossu passe toute son enfance et son adolescence. Il y fréquente la Cinémathèque et se passionne pour les films de la Nouvelle Vague française ou du Néo-réalisme italien. En 1958, son père l’emmène au Sahara – voyage séminal – ; il y fera ses premières photographies au Brownie Flash.
En 1965, il part pour le Mexique pour filmer les indiens Lacandons au Chiapas, puis traverse la frontière sur la route des beatniks qui campent alors de Big Sur à Haight-Ashbury, mais également à la rencontre des Anasazis. Entre l’Ouest américain et la France s’affirme peu à peu une esthétique du regard dont la sensibilité, la poésie et l’empathie le placent à l’écart de tous les usages photographiques pratiqués à cette époque aux États-Unis comme en Europe. En 1970, deuxième voyage initiatique, il part en Inde à la rencontre cette fois des Sadhus. De 1975 à 1977, il reprend la route de l’Afrique, en direction des peuples nomades du Sahel et de l’Égypte. De 1977 à 1985, il demeure au Nouveau Mexique où naît son fils Shane, le 14 juillet 1978, à Taos.
En 1985, il revient définitivement en Europe, et s’installe de 1987 à 1991 en Andalousie avec sa femme Françoise Nuñez et leurs enfants Joaquim et Manuela. En 1988, une pratique photographique de près de trente ans est couronnée par un Grand Prix National de la Photographie, une rétrospective au Musée National d’Art Moderne-Centre Georges Pompidou, et une bourse de la Villa Medicis hors les murs (Inde, Turquie, Mali). L’année suivante, “The African Desert” est présenté, à Washington, au National Museum of African Arts Smithsonian institution. Les routes, les déserts et les montagnes sont ainsi des éléments essentiels de sa vie et de son œuvre, et sa pratique de la marche légendaire. En 1997, l’IVAM-Instituto Valenciano de Arte Moderno lui consacre sa deuxième rétrospective. Dix ans plus tard, Gilles Mora est le commissaire de sa troisième rétrospective au Musée d’art moderne de Strasbourg. La même année, il présente pour la première fois l’ensemble de son travail sur l’Ouest américain au Frac Haute-Normandie, à Sotteville-lès-Rouen, puis au Musée de la photographie de Charleroi. Ces dernières années, le Frac Paca à Marseille et à la galerie La Non-Maison à Aix-en-Provence ont déployé le projet “Plossu-cinéma”, le Musée des Beaux-Arts de Carcassonne, puis les musées de Charleville-Mézières, exposé ses “101 éloges du paysage français”, et le Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon dressé le bilan de ses années mexicaines à travers “Le Voyage mexicain. L’intégrale 1965/66” et “Le Retour à Mexico 1970”.
Marc Donnadieu
Né en 1960, à Jerada (Maroc), Marc Donnadieu est, depuis 2010, conservateur pour l’art contemporain au LaM, Lille Métropole Musée d’Art Moderne, d’Art Contemporain et d’Art Brut (Villeneuve-d’Ascq), après avoir été le directeur du Fonds Régional d’Art Contemporain de Haute-Normandie (Sotteville-lès-Rouen) pendant 12 ans. Il a été membre de la Commission d’acquisitions « photographie » du Centre National des Arts Plastiques/FNAC de 2010 à 2012, après avoir été membre de la Commission d’acquisition « arts plastiques » de 2001 à 2003. Marc Donnadieu a également été co-commissaire du Mois de la Photo à Paris en 2008, de l’exposition d’inauguration du Jeu de Paume à Paris en 2004, et a participé aux 26e Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles en 1995. Depuis le milieu des années 80, il exerce une activité de critique d’art sous le nom de Charles- Arthur Boyer. Membre de l’AICA (Association internationale des critiques d’art) depuis 1997, il est rédacteur à la revue d’art contemporain Art Press depuis 1994, et a collaboré à de nombreuses revues françaises et étrangères. Il s’est également impliqué dans des recherches approfondies sur la photographie contemporaine, sur les représentations actuelles du corps ou les processus identitaires au sein des espaces sociaux actuels, ainsi que sur les relations entre l’art et l’architecture.
Marc Donnadieu a participé à plusieurs dizaines ouvrages monographiques ou thématiques dans les domaines de l’art, de l’architecture, du design ou de la mode ou de la photographie, comme « Corinne Mercadier. Devant un champ obscur », Filigranes (2012) ; « Dans un jardin : un hommage au Déjeuner sur l’herbe et au jardin de Monet à Giverny », Filigranes (2010) ; « Les Nuages », Somogy (2009) ; « Plossu So long. Vivre l’Ouest américain 1970/1985 », Yellow Now (2007) ; « Andrea Keen. Fleuve », Yellow Now (2007) ; « Vagues», Somogy (2004) ; « Harry Gruyaert. Rivages », Textuel (2003) ; « Charles Fréger. Bleus de travail, portraits photographiques et uniformes », POC, 2003 ; « Frédéric Lefever. 37 photographies », Imschoot Uitgevers (2002) ; « Corinne Mercadier. Où commence le ciel ? », Filigranes, 1996.