Untitled, from series Chewing Gum and Chocolate, Yokosuka, 1959. Photographer © Shomei Tomatsu/Marta
Né le 16 janvier 1930 à Nagoya (Japon), il décède le 14 décembre 2012 à Naha (Japon) à l'âge de 82 ans.
Après des études d'économie à l'université et la publications de ses photographies dans la presse, il devient photoreporter indépendant et crée avec d'autres photographes l'agence photographique Vivo en 1959, surnommée « l'épicentre » de la photographie japonaise d'après-guerre. Il part photographier les bases militaires américaines et les conséquences d'un typhon qui a détruit la maison de sa mère.
Le livre « Hiroshima-Nagasaki document 1961 » réalisé par Shomei Tomatsu et Ken Domon révèle les conséquences de la bombe atomique dans les villes de Nagasaki et d'Hiroshima, plus de 10 ans après la catastrophe. La série de Shomei Tomatsu « 11:02 Nagasaki » fait référence à l'heure où la bombe fut larguée sur la ville. Ce témoignage bouleversant retranscrit avec réalisme la violence du drame et la ville dévastée. Shomei Tomatsu documente les objets qu'il découvre dans les ruines tels que « the melted bottle » la célèbre bouteille transformée par l'explosion et les radiations qui marquera l'oeuvre du photographe japonais. Il réalise des portraits des survivants, celui d'une femme dont le visage est marqué par les cicatrices. Ce reportage photographique d'après-guerre apporte une reconnaissance internationale au photographe.
Melted Bottle, Nagasaki, 1961 (from series Nagasaki 11:02) © Photographer Shomei Tomatsu/Marta
Hibakusha Tsuyo Kataoka © Shomei Tomatsu Nagasaki 1961
Dans sa série « Chewing Gum and Chocolate » il s'intéresse à un tout autre univers et dévoile l'influence de la société américaine sur la culture japonaise. En 2004, le San Francisco Museum of Modern Art présentait une rétrospective de l'oeuvre de l'artiste « Shomei Tomatsu : Skin of a nation ». Son travail inspira de nombreux photographes japonais dont Daido Moriyama.
Coca-cola, Tokyo (1969) © Shomei Tomatsu, courtesy Galerie Priska Pasquer, Cologne
En 2011, Shomei Tomatsu s'exprime sur la catastrophe naturelle et nucléaire au Japon dans un entretien avec le journal Le Figaro : « Le 11 mars, j'étais à Okinawa, fort loin du Nord et de la catastrophe. J'ai regardé les images de ce désastre à la TV. Un peu. Je n'ai pas recherché l'avalanche d'images. La réalité est bien plus dure que les seules visions de ces villages engloutis. On ne peut pas traduire pareil drame en mots. Le fait qu'il y ait tant de victimes est en soi un tournant pour le Japon. La force de la nature, incroyable, rappelle à l'homme le grand dommage qu'il a exercé sur elle».
D'après Shomei Tomatsu «Les photographes ne sont pas des médecins qui soignent, des avocats qui défendent, des intellectuels qui analysent, des prêtres qui offrent un soutien moral, des conteurs qui divertissent, des chanteurs qui soulèvent l’enthousiasme. Ils se contentent de regarder. C’est bien assez, c’est là tout. Pour un photographe, le regard fait tout.»
Vignette & photos © Shomei Tomatsu
Justine Mahé