Martin Stollenwerk "Stellwerk (1960), Buchs SG, 2005-2006" © Martin Stollenwerk.
Pavillon Populaire de Montpellier Esplanade Charles de Gaulle 34000 Montpellier France
" La Suisse appartient depuis longtemps et de belle façon à notre imaginaire collectif européen. Dès le XIXe siècle, quand le chemin de fer emballe déplacements et villégiatures en direction de ses paysages de rêve et que la photographie en enregistre l'incomparable configuration, ce pays devient un haut lieu touristique. Utopie d'une nature sublime, virginale, au centre d'une Europe dont, progressivement, l'environnement est mis à mal par une industrialisation accélérée ... Le paysage suisse évoquera pour longtemps - il le fait encore - l'image d'une beauté naturelle que menacent, depuis deux ou trois décennies, les ravages de la mondialisation galopante. Faut-il définitivement dire adieu à l'Helvétie mythique ? Adieu à la Suisse ?
C'est dans le cadre de cette double réflexion, photographique et écologique, que la ville de Montpellier et le directeur artistique du Pavillon, Gilles Mora, ont proposé à Peter Pfrunder et à son institution, la Fotostiftung Schweiz (Fondation suisse pour la photographie), d'imaginer une exposition à la fois patrimoniale et contemporaine.
Comment s'est construit, depuis le XIXe siècle, avec l'aide des plus grands photographes nationaux, un stéréotype tenace, celui du paysage suisse idyllique, que chacun désormais porte en soi, montagnes et glaciers majestueux, vie rurale pastorale ? Et sous forme de constat objectif les photographes documentaires suisses d'aujourd'hui témoignent-ils de l'effondrement progressif d'un milieu naturel menacé de détérioration grave ? La tension entre photographie présente et passée vient expliciter ici la construction et la déconstruction d'un mythe. Elle décrit en même temps l'état d'un paysage suisse neuf et résolument moderne.
Exemplaire par son concept autant que par sa collaboration entre deux institutions culturelles de pays différents, à l'image de la nouvelle politique ambitieuse de la ville en matière de photographie, l'exposition "Adieu la Suisse !" engage la responsabilité de l'image dans le monde contemporain et éveille avec pertinence notre conscience écologique"
Hélène MANDROUX - Philippe SAUREL - David STREIFF
Yann Gross, "Danse en ligne, les Marécottes, Valais 2005" © Yann Gross.
Adieu la Suisse ! Construction et déconstruction d'un mythe photographique
" L'exposition "Adieu la Suisse !" propose six points de vue marquants issus du riche éventail de la photographie documentaire récente qui s'est développée en Suisse depuis les années 1990. Leurs qualités sont d'autant plus évidentes lorsqu'on les confronte avec une sélection de photographies classiques plus anciennes.
" Adieu la Suisse !" ,n'est en aucun cas un regar en arrière nostalgique sur un paradis perdu. Dans la confrontation entre les points de vue contemporains et historiques, il est évident que, dans cette exposition, on ne met pas en avant les modifications objectives de la réalité, mais surtout des évolutions du regard sur cette réalité. La combinaison d'un projet et d'une saisie objective des faits - à l'instar de jeunes photographes qui la donnent en exemple - se révèle comme une méthode puissante et inspiratrice pour l'interprétation de notre présent".
Dr Peter PFRUNDER
Biographies
Hans BAUMGARTNER
Né en 1911 à Altnau, mort en 1996 à Frauenfeld, il fait ses débuts dans la photographie vers 1929 tout en poursuivant sa formation d'enseignant. A partir de 1934, il publie ses photographies dans divers magazines et se fait un nom en tant que photojournaliste.
De 1937 à 1962, il enseigne à l'école secondaire de Steckborn (canton de Thurgovie) puis devient jusqu'en 1977 professeur de biologie. En parallèle à son activité d'enseignant, il crée une oeuvre photographique de plus de 120 000 photos. Outre ses comptes rendus de voyages et ses socio-reportages à vocaiton documentaire, son oeuvre s'articule essentiellement autour d'une réflexion poussée sur la vie quotidienne dans le canton de Thurgovie. Il a reçu le prix de la Culture du canton de Thurgovie en 1986.
Erich BUSSLINGER
Né en 1949 à Baden.
Après des études de peinture et d'éducation artistique à l'école de design de Lucerne, il se tourne vers l'ethnologie et l'histoire de l'art à l'université de Zurich.
Une fois ses études achevées, il devient plasticien, auteur et médiateur indépendant. Après plusieurs séjours à l'étranger, il rencontre Nam June Paik, ce qui décide du début en 1980 de son travail avec le film et la vidéo. Il est membre du centre de productions audiovisuelles indépendant Point de vue à Bâle et chargé de vidéo et de projets artistiques à la Haute école d'art et de design de la même ville.
Jean-Luc CRAMATTE
Né en 1959 à Porrentruy.
Fonctionnaire dans l'administration fédérale de 1975 à 1981, il devient en 1981 photographe autodidacte et photojournaliste indépendant. Jusqu'en 1995, il travaille principalement pour le groupe de médias Edipresse. En 1988, il crée l'agence de photographie de presse indépendante Freenews, puis participe au programme "L'enquête photographique en Valais, 1989-2005". Ses projets sur le long terme portent sur les localités, l'évolution des paysages, les bureaux de poste de la Suisse romande. Il travaille pour le compte d'institutions, d'entreprises et de musées.
Nicolas FAURE
Né en 1946 à Genève.
Après une fromation d'orfèvre chez Gibert Albert à Genève de 1968 à 1971, Nicolas Faure se consacre à partir de 1975 à la photographie en autodidacte et s'installe à New-York comme reporter. Il publie dans GEO, Actuel, ... De 1981 à 1983, il est chargé de cours de photographie à l'université de Genève, et en 2001 à l'Ecole cantonale d'art Lausanne. De 1994 à 1998, il consacre une vaste série photographique aux autoroute suisses.
Ses thèmes de travail sont le désenclavement du paysage suisse, l'aménagement de l'espace public, les infrastructures routières.
Il a reçu une bourse fédérale en 1980, 1986, 1988 et le prix Kodak en 1992.
Nicolas Faure, "Versoix GE, février 2012" © Nicolas Faure.
Theo FREY
Né en 1908 à Hochdorf, mort en 1997 à Weiningen.
Après une formation en ingénierie mécanique, il commence par travailler comme fabricant et vendeur de radios.
Il vient à la photographie en autodidacte et réalise ses premiers reportages photo en 1934. En 1935, il s'installe à Zurich pour se consacrer pleinement au photojournalisme. L'Exposition nationale suisse de 1939 lui apporte un renom à l'échelle nationale grâce à ses reportages sur les conditions de vie dans les "douze communes". Reporter photographique de l'armée pendant la guerre, il devient de 1945 à 1975 collaborateur publicitaire auprès de différentes associations d'entraide suisses. Theo Frey compte parmi les plus grands photoreporters suisses des années 1930 et 1940.
Yann GROSS
Né en 1981 à Vevey.
Au terme de sa formation à l'école cantonale d'art de Lausanne, il obtient en 2007 un master en photographie. Passionné par les questions de l'identité et de la narration visuelle, il fait de nombreux portraits et paysages.
Il est membre du collectif international de photographes Piece of Cake et lauréat de plusieurs récompenses.
Hans Peter KLAUSER
Né en 1910 à Hérisau, mort en 1989 à Zurich.
Après avoir interrompu ses études de mécanique, électrotechnique, mathématique et physique, il apprend la photographie dans le cadre d'un apprentissage chez Gotthard Schuh de 1936 à 1938.
De 1939 à 1947, il travaille en tant que photographe indépendant et se forge une réputation grâce à ses sociodocumentaires.
Vers la fin de la seconde guerre mondiale, il est chargé de réaliser un livre sur les paysages et les populations de l'Appenzell. Il se consacre alors à une étude ethnologique intensive sur le terrain et rédige un texte très détaillé.
Gotthard SCHUH
Né en 1897 à Berlin-Schöneberg, mort en 1969 à Küsnacht.
C'est en tant que peintre qu'il commence sa carrière à la fin de la Première Guerre Mondiale, tout d'abord à Genève et Bäle, et à partir de 1920 à Munich, où il fait plusieurs expositions dans les années 1920. Rentré en Suisse en 1926, il se consacre à la photographie à partir de 1929. Dès 1931, ses photograhpies sont publiées à de nombreuses reprises dans la Zürcher Illustrierte, où il compte parmi les principaux représentant du photoreportage moderne.
En 1938-39, il entreprend un voyage de onze mois en Indonésie.
De 1941 à 1960, il devient le premier rédacteur-illustrateur de la Neue Zürcher Zeitung. En 1951, il est l'un des fondateurs du Collège des photographes suisses, qui oeuvre en faveur de la reconnaissance de la photograhpie en tant que forme artistique à part entière. Après 1960, il revient à la peinture.
Christian SCHWAGER
Né en 1966 à Zurich.
Après un apprentissage en électronique TV et radio, il occupe différents emplois comme électronicien, berger d'alpage et jardinier-paysagiste.
De 1992 à 1994, il suit une formation au sein du GAF à Zurich, et dans la classe photographique de la HGKZ. Photographe indépendant depuis 1999, il se consacre essentiellement aux paysages, aux forêts, à l'architecture. Son travail intitulé Falsche Chalets, un inventaire photographique des forteresses militaires camoufflées en chalets, maisons en vacances ou étables, a remporté un très grand succès.
Jules SPINATSCH
Né en 1964 à Davos.
Après un apprentissage en tant qu'alectronicien radio, hifi et TV de 1980 à 1984, il suit des études de sociologie à l'université de Zurich de 1991 à 1993. Il vient à la photographie en tant qu'autodidacte et étudie la photographie documentaire à l'ICP à New York de 1993 à 1994.
Membre de l'agence photo Regards à Zurich jusqu'en 1998, il est aujourd'hui photographe indépendant, et enseigne depuis 2004 à l'ESBA de Genève.
Il s'est surtout fait connaître par ses Discontinous Surveillance Panoramas, une innovation dans le domaine de la photographie documentaire.
Il a reçu le Swiss Art Award en 2004.
Albert STEINER
Né en 1877 et mort en 1965 à Frutigen.
Après avoir interrompu son apprentissage de boulanger au sein de l'entreprise paternelle, il entreprend une formation de photographe de 1892 à 1897 chez Jean Moeglé, à Thoune, et entre ensuite dans l'atelier de Frédéric Boissonnas à Genève. A la mort de son père, il reprend la direction de la boulangerie de 1898 à 1901, Steiner revient chez Frédéric Boissonnas de 1901 à 1904, avant d'ouvrir son propre studio photo à Genève.
En 1906, il s'installe à Saint-Moritz et concentre ses travaux sur l'Engadine. Il doit sa renommée internationale essentiellement à ses paysages photographiés dans les années 1910 et 1920, qu'il commercialisa en partie par le truchement d'une maison d'édition de cartes postales.
Martin STOLLENWERK
Né en 1962 à Zurich.
Après un cursus de photographie à l'école de design de Zurich de 1984 à 1988, il fonde ave d'autres photographes l'agence Regards en 1992 (dissoute en 1998). Il est chargé de cours de photographie à l'école de design de Zurich. En 1998, il prend en charge la création, la développement et la direction du système d'archivage photographique sur Internet. Ses thèmes de travail sont l'architecture et le portrait.
Il collabore à diverses publications d'entreprise et à plusieurs ouvrages avec des artistes suisses. Il est également chargé de cours à la Haute école des arts de Berne.
Jakob TUGGENER
Né en 1904 et mort en 1988 à Zurich.
Au terme de sa formation en tant que dessinateur de machines chez Maag AG, il fait ses premières photographies en 1926. Il suit en 1930 et 1931 une formation artistique à la Reimann-Schule à Berlin, puis devient photographe indépendant.
Après s'être consacré à la photographie industrielle et utilitaire, il se lance en 1932 dans le photoreportage et fera jusqu'en 1951 de nombreux livres-anniversaires d'entreprises. Il ouvre son propre atelier en 1935.
A partir de 1937, il concoit 75 maquettes de livres photographiques avec des clichés originaux et une mise en page finalisée.
En 1951, il est l'un des fondateurs de Collège des photographes suisses, qui travaille à la reconnaissance de la photographie en tant que forme artistique à part entière.
Il a obtenu en 1957 la médaille d'or de la première Biennale photographique de Venise.