© Dorothée Davois, L'autre Grèce.
Cet hiver, le BAL expose la jeune création.
Une nouvelle génération de photographes et de vidéastes, récemment diplômés d'une école d'art.
Grâce à un partenariat engagé depuis 2009 avec SFR Jeunes Talents et l'opportunité d'un anniversaire, les 30 ans de l'Ecole nationale supérieure de la photographie d'Arles. LE BAL porte un regard attentif et curieux sur les oeuvres naissantes de dix jeunes talents.
A l'occasion de la troisième édition du Prix des Ecoles d'art SFR Jeunes Talents / LE BAL 2011, le jury, composé de Ptatrick Le Bescont (Filigrane Editions), Nathalie Giraudeau (CPIF), Charlotte Boudon (Galerie Les filles du Calvaire), Oriane Bonifassi (SFR Jeunes Talents), Diane Dufour et Fannie Escoulen (LE BAL), a souhaité soutenir le travail L'Autre Grèce de Dorothée Davoise, diplômée de l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 2011.
Ce prix, doté d'une bourse et d'un accompagnement par LE BAL pendant un an a permis à Dorothée Davoise de poursuivre le long travail d'investigation qu'elle a initié en 2008 en Grèce, aux sources de son histoire familiale. Dorothée Davoise nous propose une vision d'une Grèce désolée, silencieuse, loin des clichés, aux paysages empreints de solitude. Elle explore le territoire, en capte des indices, observe, et livre une expérience, celle de la découverte d'un pays, mais aussi celle d'une confrontation avec sa propre histoire.
Dans le même temps, LE BAL et SFR Jeunes Talents présentent la mention coup de coeur du jury 2011, attribuée à Pierre Toussaint diplômé de l'Ecole nationale supérieure de la photographie d'Arles en 2011, pour sa série Olaf. Dans ce travail, Pierre Toussaint rend un hommage à ce personnage sans domicile fixe, Olaf, ayant trouvé refuge sur les bords du Rhône.
© Pierre Toussaint, Olaf, 2008 (photographie)
Mention coup de coeur 2011 du prix SFR/LE BAL
Pour clore l'année anniversaire des 30 ans de l'Ecole nationale supérieure de la photographie d'Arles, LE BAL et l'Ecole présentent huit jeunes talents, sélectionnés parmi plus de 150 anciens étudiants diplômés depuis 2005, et pour la plupart encore méconnus : Pauline Fargue, Vera Schoepe, Laetitia Donval, Lola Hakimian, Gilles Pourtier et Anne-Claire Broc'h, Johan Attia, Mouna Saboni, Justice Pluvinage.
" Dans leurs images, fixes et en mouvement, ils (se) racontent.
Comment appréhender la mort, l'autre, l'inconnu, le territoire étranger. Comment parler de soi.
Au coeur des dispositifs, l'intime et le politique se rencontrent.
Des regards résolument ancrés dans le réel, s'en éloigant parfois pour mieux y revenir.
Huit jeunes artistes attentifs au monde, laissant présager d'une nouvelle génération concernée et active, dont il ne reste qu'à découvrir les regard, tant ils nous disent que la relève est assurée. " Fannie Escoulen.
Partie 1 - Prix 2012 des écoles d'art SFR Jeunes Talents / LE BAL
Par leur soutien actif à la création contemporaine, LE BAL et SFR, à travers son programme Jeunes Talents, encouragenr les jeunes photographes à poursuivre et développer leurs recherches. Dans cette perspective, ils ont crée en 2009 le Prix des Ecoles d'Art, LE BAL / SFR Jeunes Talents. Ce prix, destiné aux étudiants en école d'art (tous niveaux) ainsi qu'aux anciens étudiants diplômés depuis moins de trois ans, a pour but d'accompagner le lauréat dans la réalisation ou la poursuite d'un travail de création d'une oeuvre photographique documentaire.
Pour la première édition du prix, la jeune photographe Marie Sommer a été récompensée pour son travail Teufelsberg.
En 2010, Lolita Bourdet a été lauréate pour sa série René et Jean.
Chaque année, le travail des lauréats est publié par LE BAL en partenariat avec les éditions Filigranes.
Dorothée Davoise, L'autre Grèce, 2008-2012.
" Les premières images de Dorothée Davoise naissent d'un trajet en voiture dans le pays, sans commencement ni fin, presque un voyage errant sans aucun parcours prédéfini, à travers un territoire que la jeune photographe perçoit progressivement à travers l'objectif de son appareil. Ce voyage est l'essence même d'une quête du regard, comme un geste performatif in progress. Les images sont prises "en route" et la photographie devient le moyen d'une implication physique dans un territoire à découvrir et à explorer. En témoignent les routes qui se faufilent à travers les montagnes, aux perspectives qui donnent envie d'évasion, des routes qui descendent vers une mer invisible, qui coulent et qui fuient. Cette série photographique déjoue toutes les représentations médiatiques actuelles que l'on pourrait avoir sur la Grèce. En effet, les images - prises avec un Nikon 135mm et une pellicule noir et blanc - ne sont pas celles des cartes postales en couleurs, ni le spectacle d'une Grèce en crise : "je ne photographie ni la Grèce touristique, aux clichés des maisons blanchies à la chaux ; ni la Grèce dont on parle dans les journaux" souligne Dorothée Davoise. C'est une "autre" Grèce qui est mise en scène, au-delà de ses problèmes économiques et des frontières politiques actuelles. Ici la Grèce va jusqu'à la Mer Noire et remonte le temps " Léa Bismuth - Extrait du texte L'autre Grèce, à paraître aux éditions Filigranes.
© Dorothée Davoise, L’autre Grèce, 2008-2012 (photographie)
Lauréate 2011 du prix SFR/LE BAL
Née à Paris en 1983, Dorothée Davoise commence par intégrer une école de graphisme (l'EPSAA) dont elle sort en 2007 diplômée avec les félicitation du jury. En 2008, elle entre aux Beaux-Arts de Paris où elle s'investit dans une démarche plus plasticienne. Elle commence à développer ses projets photographiques et participe à diverses expositions collectives, notamment à Lima au Pérou. En 2010, année charnière dans son parcours, elle part étudier 6 mois à l'Universistät Der Kunst (UDK) à Berlin dans l'atelier de Christiane Möbus. Elle réalise également sa première exposition personnelle dans une galerie de Neukölin. Elle obtient en novembre 2011 le diplôme des Beaux-Arts de Paris avec les félicitations du jury et participe à l'exposition Géographies Nomades, qui réunit les travaux des étudiants félicités de la promotion 2011, sous la direction de la commissaire Chantal Pontbriand.
Partie 2 - 30 ans de l'école nationale supérieure de la photographie d'Arles
Voici un état des lieux d'une nouvelle génération active qui s'offre à nous.
Le quotidien, la famille, l'intime, l'adolescence, le voyage, la ville, le territoire politique, l'histoire en marche, autant de problématiques abordées par ces jeunes artistes animés par un même engagement, celui d'une interrogation permanente face à l'immensité des possibles de la création.
Pauline Fargue, Pages, 2012.
" Sans en prendre vraiment la mesure et comme à mon insu, une somme de petits carnets toujours identiques se sont alignés au fil des ans dans les rayons de ma bibliothèque. Quatre mille pages composées jour après jour des hasards de la vie, de ses douleurs et ses amours que l'on peut parfois rétrécir et conserver dans un mot, un dessin, une image. Une matrice de papier où ont trouvé refuge mes photographies. Toutes viennes épaissir mon carnet, cet objet précaire mais vivant qui ne me quitte que pour circuler dans d'autres mains amies. Nous pouvons nous y retrouver propulsés dans un espace-temps autonome qui ne connaît nulle disparition. Associations et répétitions, dénuées de toute chronologie, dilatent un présent perpétuel. De même que dans le pli de la page, la photographie, se refusant comme surface, échappe à l'image et nous invite à toucher, à nouer une relation physique avec elle". Pauline Fargue.
© Pauline Fargue, PAGES, 2012 (carnets de photographies)
Laëtitia Donval, La Maison, 2011.
"J'ai souvent éprouvé la nécessité d'aller au bout d'expériences, dans des lieux familiers ou étrangers, le propos n'étant pas de photographier le monde pour le représenter mais de garder une trace, une mémoire de ces expériences. Entre le noir et blanc, les jours et les nuits, je traverse un espace temps qui ne serait pas marqué par les heures ; une errance pour croiser, rencontrer, espérer un dialogue, une fraction de seconde avec des personnages perdus dans des lieux, avec ces lieux-même chargés d'histoire(s). (...) La maison familiale de Coat Poulou, située dans le Pays du Trégor en Côtes d'Armor (Bretagne), fut le lieu de mon retranchement après des années de "bourlingue". Isolée dans ce milieu rural où j'ai mes racines, j'ai retrouvé une autre forme d'errance, dans un périmètre réduit autour de la maison. Interrogeant les liens d'affection et de rejet que l'on éprouve envers l'endroit d'où l'on vient, j'ai photographié ce qui était là et ce qui ne l'était plus, ce passage du temps, cette confusion entre le passé et le vécu sur un territoire où le temps semble parfois s'être arrêté. C'est un pays dur, où le ciel est souvent d'une immensité de pluie". Laëtitia Donval.
Vera Schoepe, La Montagne qui dévore les hommes, 2009.
Le Cerro Rico de Potosi (Bolivie) est un territoire vaste et désolé. Les gens se déplacent sur des tas de pierres et des restes de minerais. Ils franchissent la montagne quotidiennement cherchant de quoi vivre. Ils habitent, s'amusent, travaillent et meurent là. Ce travail est un parcours sur les traces de mineurs et les gardiennes des mines, et leurs confrontations quotidiennes à une nature dévastée, usée par l'exploitation humaine.
Gilles Pourtier et Anne-Claire Broc'h, Le Vierge, Le Vivace et le bel aujourd'hui !, 2012.
Gilles Pourtier et Anne-Claire Broc'h ont travaillé durant trois mois à la réalisation d'un projet en commun, autour de l'adolescence. Reçus en résidence dans la ville du Blanc dans l'Indre, ils ont conjugué leurs démarches particulières pour inventer une forme documentaire traversée par les questions de l'apparence, du fétiche et de la fragilité.
"Avec Anne-Claire Broc'h et Gille Pourtier, deux approches artistiques du portrait se croisent, et au final une trajectoire dans ce territoire de l'adolescence comme un discours en pointillé apportant les éléments du trouble : un va et vient incessant entre intérieur et extérieur, proximité et distance, territoire conquis et territoire vierge. De portraits en détails, les artistes recréent le rythme d'un cinéma hitchcockien sensation de vertige basculant le regard d'une scène à l'autre, légère puis grave, éclairée puis éteinte, mais dont le héros ne se départir pas de sa beauté singulière." Sandra Mellot, extrait du texte A la porte, Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui.
Justine Pluvinage, Le dernier mot, 2009. Installations vidéos.
Lola Hakimian, Midday, New York, Part I, juillet 2010.
"Par des détours sans nombre, je suis arrivée ici.
De l'uatre côté du pont, il y a ces jeunes sur la place.
Je les regarde/ Ils sont beaux d'êtres.
Les dernières lueurs d'été nous accompagnent et chargent le ciel d'une mélancolie légère.
La nuit va venir. Je sors de mon sac une carte de la ville. Cherche le point de départ. Range la carte.
Demain, encore, je marcherai tout le jour." Lola Hakimian
Johan Attia, Shangaï I brought you flowers, 2011.
"Ma rencontre avec la photographie s'est faite de manière un peu fortuite, en découvrant le travail de William Eggleston. Je termine alors un crusus d'histoire moderne. Je regarde la photographie, l'idée d'un "faire" ne vient que plus tard, de manière totalement spontanée et autodidacte. J'ai l'opportunité d'intégrer l'Ecole Nationale supérieure de la photographie d'Arles, j'apprends, je me forge un regard, je sors diplômé en 2011, j'aime toujours la photographie. Dans le cadre de la fin de mes études, j'ai la chance de partir en résidence post-diplôme au SIVA par le biais de l'Ecole. Je me retrouve seul, avec ma photographie, à Shanghaï. Je marche, je me perds, me retrouve. L'expérience du voyage a été libératrice." Johan Attia.
Mouna Saboni, Je voudrais voir la mer, 2010-2011.
"Je souhaitais partir à la découverte de ce territoire tant raconté, de la terre de Mahmoud Darwich dont la poésie m'a toujours accompagnée. Je voulais voir de mes propres yeux ce conflit qui me donnait l'impression de faire partie de notre quotidien et qui me dépassait. Je suis arrivée presque par hasard dans le camp de réfugiés de Dheisheh à Bethléem et puis je suis restée là, j'ai partagé leur quotidien au point d'en faire partie. J'ai traversé ce territoire grand comme un grain de sésame comme disait Mahmoud Darwich. J'ai traversé leurs histoires. Alors, je ne sais pas si je l'ai compris, je crois que je l'ai vécu." Mouna Saboni