© Claudine Doury
La Petite Biennale Photographique est organisée par l’association espho, gérée par une dizaine de bénévoles, qui depuis plusieurs éditions déjà, participent à la diffusion de la photographie contemporaine en proposant des expositions d’auteurs nationaux, mais avec toujours pour volonté de dévoiler certains talents de la création locale, et de mêler les disciplines.
Cette année c’est le thème de l’adolescence qui se profile dans les photos de Claudine Doury et de Cédric Martigny. Mat Jacob nous livrera un magnifique morceau de journal intime, échappé dans le Finistère. Lucile Chombart de Lauwe nous parlera du silence des travailleurs "De Nuit". Enfin, Fabien Proyart et Jonathan K.Seilman nous proposerons une projection en musique live sur le travail photographique issu de sa résidence à Blain de Fabien P.
Espho tient particulièrement à provoquer des rencontres : des ateliers sont proposés dans le cadre de cette quinzaine.
Claudine Doury (Agence VU), "Passages"
Claudine Doury capture le glissement de l’enfance à l’âge adulte des jeunes adolescents qu’elle photographie, cristallisant la nostalgie d’une candeur, d’une pureté que ces garçons et ces filles n’ont pas conscience de perdre, et ne réalisent pas non plus avoir eues.
© Claudine Doury
Dans ses images, Claudine Doury fait apparaître les paradoxes de l’adolescence, entre repli sur soi et exubérance de groupe, entre humeur triste de découvrir un monde tel qu’il est, avec ses réelles cruautés, et l’euphorie d’une naïveté, vestige de l’enfance.
Claudine Doury est une photographe née à Blois et basée à Paris. Elle reçoit le prix Leica Oscar Branack en 1999, le World Press en 2000 pour sa série Peuples de Sibérie et en 2004, le prix Niepce pour l’ensemble de son travail. Sa première monographie, Peuples de Sibérie, a été publiée en 1999. Depuis, Claudine Doury a publié Artek, un été en Crimée (2004), Loulan Beauty (2007) et Sasha (2011). Elle est représentée par des galeries Calera Obscura et Galerie Particulière à Paris, et elle est membre de l’agence VU.
Mat Jacob, (Collectif Tendance Floue), "Etre à l'ouest " 1990-2010
«Au bout de la terre, à la fin, on refuse que tout s’arrête, rien ne ferme jamais, ni les bars, ni l’énergie que l’on remet en selle à coup de rasades. Il faut que rien ne s’arrête, que l’on reste ensemble, que la vie continue au péril d’elle-même. On aime rire d’elle, on aime jouer avec, et rigoler du temps qu’il nous reste à passer.» Mat Jacob
Une route photographique dans le Finistère, un territoire familier et familial, qui est un prétexte à un jeu de va-et-vient entre les rencontres actuelles et la mémoire. Mat Jacob se détache du documentaire et fait voler en éclats le journal intime, il livre des photographies accumulées entre deux siècles, révélant l’homme, l’être dans ses sources et ses mystères, sa solitude et ses égarements. Il nous parle en fait de l’universel.
© Mat Jacob
Né en 1966 à Paris. Au début des années 1990, il arpente la Chine assistant aux prémices d’une mutation violente de la société, et pressent la perte d’humanité à venir. Parallèlement, entre 1993 et 1999, il parcourt la planète pour poser un regard sur l’école, ces lieux de l’enfance où se forgent les personnalités et où se pose la question de la liberté et des possibles rebellions. Lors de six voyages au Chiapas, entre 1995 et 2005, il s'intéresse à la revendication d'une identité indienne et paysanne et photographie la résistance à sa négation. Cette série " Chiapas" interroge le sens de l'acte politique et la possibilité d'une utopie. Pendant plus d'une décennie, il consacre une partie de son travail à la mise en oeuvre des projets éditoriaux de Tendance Floue. Cette démarche de directeur artistique l'entraîne dans un travail de création d'un nouveau langage photographique. Au coeur de l'énergie collective, il expérimente par un jeu d'assemblage des images des autres et des siennes, un autre regard.
Entre 2007 et 2010, Mat Jacob revient sur un territoire familier et familial, le Finistère appelé le "lieu du lien". Revendiquant ses allers-retours entre l'universel et l'intime, il entame cette fois un voyage intérieur et interrogatif. De ce jeu de va-et-vient entre ses rencontres actuelles et sa mémoire est issue Être, à l’Ouest.
Lucile Chombart de Lauwe (Le Bar Floréal), "De nuit"
Travailleurs nocturnes. Ceux qui prennent le relais d'un métier habituellement effectué en journée. Un travail en continu. Exclu au regard des standards de travail, non du fait de leur activité, mais par l'heure à laquelle elle a lieu. Série sur le travail de nuit réalisé entre 2007 et 2010 en France et en Belgique.
© Lucile Chombart de Lauwe
Diplômée en 2010 de l’école Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles, Lucile Chombart de Lauwe a d’abord étudié l’art à l’Ecole Nationale Supérieure d’Art de Paris-Cergy. Elle a rejoint le bar Floréal début 2010.
Sa série "De nuit", sur le travail nocturne en France et en Belgique, réalisée entre 2007 et 2010, témoigne de sa volonté de montrer l’homme dans son environnement. Elle a voyagé en Inde, en Roumanie, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Chine et en Mongolie ; a animé la vie de nombreux hommes et femmes de tous âges en agissant avec eux : au 115, à Emmaüs, dans des orphelinats, avec des personnes porteuses de handicap.
En 2009, l’exposition collective Europehophop est présentée à Berlin et à Arles. En 2010, la série "De nuit" est projetée à Arles et à Pnom Penh, exposée au Festival Les Boutographies de Montpellier où elle obtient le prix du jury et publiée dans les revues Inframince, Work in Progress, AZART, Humanistic Report.
Cédric Martigny, "Chrysalide"
Film et série photographique réalisés lors d'une création et atelier autour du geste du travail. Des élèves ont été amenés par la photographie, l'expression corporelle, et le son à concevoir et interpréter une "gamme gestuelle" inspirée par une activité de travail précise. Passer du geste du travail au geste esthétique.
© Cédric Martigny
Le travail de Cédric Martigny ne cesse depuis ses premières créations, d’interroger l’environnement de l’homme et les communautés humaines inscrites dans un territoire spécifique. Ces premières créations portaient en effet sur une communauté rurale à Morlanne dans le Béarn ainsi que sur des populations vivant autour d’une ria au Portugal. L’artiste pose en effet, par le biais du médium photographique, un regard sur les espaces de vie, et fait, de l’analyse de nos sociétés et territoires modernes, un élément central de sa pratique. Son œuvre se situe volontairement entre témoignage de la réalité d’un territoire (physique et psychologique) et proposition plastique tendant vers la fiction. Entre photographie documentaire et photographie plasticienne, Cédric Martigny mène, dans cette démarche ambivalente, une recherche sur le développement du territoire et sur la manière dont l’individu l’habite, le transforme, lui résiste parfois.
« Mon travail photographique interroge les relations que l’homme entretiens avec son territoire (..).C’est en mêlant une approche sociologique, anthropologique et littéraire que je réalise des images ou l’homme et le paysage se trouvent mêlés, dialoguant l’un avec l’autre.» C’est donc surtout la trace de l’Homme dans la Nature qui l’intéresse.
Fabien Proyart, "Convergence"
"Une pérégrination somnambule et sonore où conversent différentes empreintes d'environnement et d'espaces temporels opposés"
Entre ville et forêt, ce travail a été réalisé dans le cadre d'une résidence sur le territoire de Blain de février à avril 2012. Il sera présenté sous la forme d'une projection/musique live (Jonathan K. Seilman et Fabien Proyart) lors du vernissage (9 juin) puis en continu, au cœur des expositions. Vous pourrez également découvrir le Off de cette aventure, mis en image par Tesslye Filme.
© Fabien Proyart
Né en 1981 à Nantes, photographe diplômé de la chambre de métiers des Pays de la Loire, Fabien Proyart a d’abord travaillé avec la presse en collaborant avec le «Sunday Times», le «South China Morning Post» ainsi que divers magazines internationaux. C’est au travers de nombreuses pérégrinations qu’il prend du recul sur les points d’interrogation d’une existence et se tourne vers des projets personnels et artistiques. Il réalise alors divers travaux liés par la recherche de l’insolite, par un soin de l’esthétisme, travaillant des thématiques proches de ses envies, de ses attachements comme l’architecture, le design ou encore le nautisme. Il apporte un regard différent à ces thèmes en les faisant voyager.
Vignette : © Claudine Doury