© Lucien Lorelle
Festival Européen de la photo de nu 13, rue de Bouchard de Bussy 13200 Arles France
Une année de crise aggravant les difficultés profondes du monde photographique, c’est pour le festival, une raison supplémentaire de se tourner vers des démarches d‘auteurs et de soutenir leur engagement en leur ouvrant les cimaises des lieux privilégiés de la ville d’Arles et de la cité des Baux de Provence.
Dans notre société où l’image est partout, totale, la photographie d’auteur est menacée, aidons la à investir les murs, à s’éditer et être généreuse en émotions.
Le Festival s’ouvre à des regards pluriels :
- accent mis sur le langage du corps avec le travail du photographe Richard Aujard sur le monde de la boxe, un univers puissant et sensible, exposé au Palais de l’Archevêché,
- créations contemporaines avec trois expositions à la Chapelle Sainte Anne,
- mise en valeur d’un genre photographique -l’autoportrait- largement pratiqué sans concession, hors des chemins de l’esthétique et de la facilité, par les modèles des photographes,
- un peu d’histoire avec Lucien Lorelle, un photographe trop vite et injustement tombé dans l’oubli. Le Festival est heureux de mettre un large coup de projecteur sur ce travail libre et plein d’humour, un grand hommage, présenté aux Baux de Provence.
Au total, une trentaine d’expositions réparties sur les deux communes, des lieux emblématiques de la ville d’Arles, aux Baux de Provence avec cette année, une première dans les Carrières de Lumière, lieu magique dédié à l’image, véritable écrin de rêve qui accueillera les photographes de l’édition 2012 pour une soirée de projections.
Au delà du cercle fermé de la photographie de nu, le festival mise sur la pluralité des regards et la découverte de nouveaux univers offrant aux festivaliers de vrais moments d’échange, de partage et de liberté.
Richard Aujard, "Noble Art"
L'univers très fermé des Champions du Monde de Boxe à travers plus de dix années de photographies de la grande période, celle des années 90. Richard a photographié des grands Champions qui ont marqué l'histoire du Noble Art au cours de combats devenus mythiques, avec Mike Tyson, Evander Holyfield...
© Richard Aujard, "Noble Art"
Patrick Gomme, "Chair Corps "
D'une peau grêlée ou diaphane, d'un ventre laiteux qui nait à la lumière ou d'un visage secret qui se meut dans la pénombre, Patrick Gomme traduit la surface sensible de notre humanité. Au gré de ses détails naissants et morcellements délicats, la progression révèle l'identité de chacun, l'histoire d'une vie qui siège au plus profond de nos plis, reliefs et cicatrices enfin mis en lumière. Patrick Gomme privilégie une sélection de gens "ordinaires", qui nous invitent par la découverte de leur univers à la relecture du nôtre. Autant de facettes inhabituelles qui dressent le portrait universel et consubstantiel du corps et de l'esprit profondément réunis.
Kris Séraphin-Lange, "Hamra-Vermillon "
"Il faut porter en soi un chaos pour mettre au monde une étoile dansante". F.Nietzsche
"Tout est rouge. Tout est rouge, rayé de blanc parfois. Lumières. Et le noir n'est que l'envers du rouge, ou le contraire du blanc. Dans une dualité, où le monde éclaté ne fait plus qu'un, où l'autre trouve sa place, où la photographie trouve son sens. Expression des ombres et Lumières, du flou et du net de nos repères, de la densité de nos émotions, de la vérité de nos passions. Photographie, trait d'union. Don de l'artiste au monde qui l'entoure. Appel silencieux. Respiration profonde. Un souffle magique." Dominique Charlet.
Michele Mattiello , "Urlo "
" Ce n'est pas un simple portrait, c'est une humanité qui crie ; elle ne veut pas qu'on la voie, elle veut qu'on l'entende."
Je ne me souviens pas d'où j'ai lu cette phrase ; de toute façon, elle m'a toujours accompagné pendant la réalisation de ce travail.
J'ai représenté des personnes qui criaient leur état d'âme à un moment particulier de leur existence ; ce ne sont pas des modèles ou des acteurs, mais des personnes qui ont accepté de crier, devant l'objectif, leurs sentiments, rage et douleur. Cela n'a été point facile, pour eux comme pour moi ; entrer dans une sphère aussi intime des gens c'est un cadeau précieux, une expérience unique qu'on ne pourra pas répéter. Des moments de grande empathie, bloqués dans quelques centimes de seconde.
L'imperfection absolue de la technique d'impression, aussi bien que les sujets représentés, permettent de créer des images qui rendent l'émotion de l'instant.
Franck Olivas, "Performances Photochorégraphiques "
Franck Olivas a pour objectif de faire évoluer ses modèles et danseurs dans des mouvements aléatoires, des chorégraphies improvisées, qu'il aime appeler les « figures libres imposées », et d'en saisir des images par l'acte photographique, le plus souvent devant un public. Toutes ces mises en scène sont des univers imaginaires, construits sur des trames de fantasmes. Dans des espaces souvent restreints, Olivas joue afin de cacher puis révéler les corps, les privant d'une partie de leurs sens, exacerbant les formes et leurs mouvements. Il leur donne alors la possibilité de se faire oublier, puis d'apparaître grâce à la poésie des gestes, comme un chef d'orchestre qui tout à la fois guide et libère ceux qu'il appelle ses complices, obtenant de chacun ce qu'ils n'auraient pas osé espérer d'eux-mêmes.
© Franck Olivas
Hervé Parain "Surfaces sensibles "
Lorsque l'on recherche une analogie pour «mise à nu» on trouve : «rendre une surface accessible de l'extérieur». C'est bien de cela qu'il s'agit ici, l'image photographique reliant l'extériorité à la surface sensible. Mise à nu : non pas l'image de soi dénudé que l'on affiche, mais ce qu'elle engendre. Chacune de ces images retrace une histoire personnelle et une confiance renouvelée.
Clotilde Noblet, "Corpsica -Dies Ailleurs - Ziggy "
Ma démarche photographique développe un langage introspectif lié à l’utilisation du Polaroid. Mes trois séries de Polaroids portent un regard subjectif sur l’architecture du corps masculin.
Dans toutes les séries, ce corps est réduit à l’état de fragments. Corps transformé, déformé, défiguré, j’aime jouer sur l’ambiguïté des formes, modeler les perceptions du réel. Les différents cadrages engendrent parfois une vision abstraite.
Par des mises en scène oniriques, mes polaroids questionnent les représentations du corps masculin.
© Clotilde Noblet
Louis Blanc, "Corpus " (Lauréat concours Réponses Photo )
Corpus, une série commencée presque par hasard, suite à une photo créée spécialement pour un concours sur un forum photo et qui, à mon plus grand étonnement l'a remporté !
Ensuite en regardant cette image avec un certain recul et en analysant les retours parfois intrigués mais toujours positifs, j'ai pris conscience que le corps ou plutôt l'image du corps vu à travers l'objectif photographique pouvait susciter interrogation voire émotion. Ce qui m'intéresse dans cette série c'est l'image que peut donner le corps en associant une certaine posture à une certaine mise en scène photographique ; le résultat est parfois inattendu, étonnant, voire dérangeant, mais c'est comme si le corps avait un langage qui nous échappe ; ce qui m'intéresse aussi c'est de créer un rapport avec le spectateur et pourquoi pas de partager une émotion ! En un mot c'est un voyage passionnant et je sens qu'il y a encore beaucoup à découvrir.
Jean-Christophe Laurent "La Fille de l'Arrêt de Bus "
Il s'agit d'une théâtralisation de la banalité du quotidien urbain là où le groupe se constitue de façon aléatoire : arrêt de bus, quai de gare ou de métro, parvis d'église, entrée cinéma, musée ou curiosité touristique, spectacle de rue, distributeur bancaire, billetterie de parking, caisse de supermarché, restauration ambulante, laverie automatique, boutique de station d'essence, sortie d'école, ascenseur d'entreprise, etc. La composition picturale de l'image se réfère aux critères de l'iconographie médiévale (proche de son caractère naïf de la représentation du monde), elle résonne à la fois "vrai" et factice, comme la plupart des peintures de cette époque.
Idan WIZEN, "Un Anonyme Nu Dans Le Salon "
Un Anonyme Nu Dans Le Salon est un projet photographique initié en 2009 par Idan Wizen. Au travers de ce concept, le photographe souhaite changer les regards sur les corps, changer le ressenti vis-à-vis de la nudité dans la société ainsi que proposer une réflexion sur l’attirance envers un inconnu.
AUTOPORTRAITS
Aline Héau, Sophie Boss, Liloo Kate, Magdalena Satanneck, Estelle Scalabrino, Sadie Von Paris, Tingting Sung, Clémentine Salles.
Les unes, photographes travaillant en portrait et en nu, prennent la pose. Les autres, modèles qui ont donné leur image à de nombreux photographes, par insatisfaction ou envie d'absolu, décident de se photographier elles mêmes.
Ce sont ces démarches personnelles et sincères d'auto-portraits que nous vous invitons à découvrir en projection.
© Magdalena Satanneck
Gérard Panséri "Vu à la Chambre "
« Faux artiste, faux peintre, fauxtographe »
Belle formule, attribuée à Degas (Renoir ou un autre) mais toujours adressée à Nadar. Combien de fois ai-je vu, dans le regard des acheteurs(ses) d’art, ce sentiment à la présentation de mon travail ! Reprenons les choses dans l’ordre ; vrai ou faux n’est pas le problème primordial de l’artiste, du peintre ou du « tographe ». Le statut d’artiste et de photographe est acquis quand on est reconnu comme tel.
Eugéne Louis « "16 boys et le code BUONARROTI »
Mon travail est une réappropriation de l’image de la nudité, devenue un produit incontournable dans la société de consommation. Dans la série « 16 boys » l’idée première était de faire des fresques de Michel-Ange (Chapelle Sixtine) une sorte de campagne d’affiches publicitaires (format Decaux) en réactualisant une œuvre déjà fantastiquement érotique. C’est bien par mon choix délibéré de vouloir cadrer les corps en ne représentant que le buste, que j’ai découvert les messages codés.
Pascale Lander "Corps & Canevas "
Dans sa dernière série de travaux, Pascale Lander abolit la distance entre peinture et photographie. Corps & Canevas brouille les limites entre les deux disciplines.
La série des photographies est tout d'abord un enregistrement d'une performance où l'artiste déplace sa gestuelle de la surface de la toile à la peau du modèle. Pascale Lander "peint" littéralement ses modèles. Elle les recouvre de traces et de signes picturaux avant de se livrer à une séance de prise de vues.
Sylvia Devos "Nude"
C’est par le biais de la relaxation, que cette forme d’expression artistique m’est apparue. Aujourd’hui au-delà de la simple activité, pratiquée par distraction, le collage est devenu pour moi une nécessité une seconde nature, une identité.
Le collage est le fruit du mariage de la matière et de l’émotion. La rencontre d’éléments mis en scène par le collagiste, le détournement, et la réutilisation d’images, de textes, de matières naturelles font du collage l’art de la récupération et du renouvellement.
Charlotte Piérot "Y mettre sa peau"
Charlotte Piérot se photographie et agit ensuite sur l'image, la fait sortir de son cadre. On sent comme un exorcisme. Ses œuvres portent la trace de cet acte secret.
Aussi elle les recadre. Fenêtres, meurtrières, à travers lesquelles le corps apparaît. Parfois tronçonné, comme derrière un store. Jeune, blanc et lisse. Il y a une douceur je l'ai dit, jamais de sang ni d'autres humeurs, jamais le sexe. Où flotte-t-il ?" E.Houzé
© Charlotte Piérot
Marc Dubord" Anonymus Hôtel "
Ces images représentent un clin d'œil aux images de nu anonymes, échangées sous le manteau dans les années des maisons closes, et qui de près ou de loin ont imprégnés et constitués la sexualité d'aujourd'hui.
Frédéric Bourcier"Morceaux Choisis "
Morceaux choisis, de Frédéric Bourcier, est une exposition en forme de pièce de théâtre, de tableaux successifs dans lesquels le scalpel joue avec le néon qui lui-même éclaire d’un angle nouveau une sensualité bestiale. Proche du roman photo pour être au plus près des personnages la mise en scène invite le visiteur à se questionner sur ses propres fantasmes.
Le Turk "Salbatar Circus "
« Criez vers Moi. Ne rompez jamais le pont. Ce pont de fil étroit, douloureux, fragile qui vous relie à vos Démons.
Quand le Bien aura fini de tout rendre transparent, livide, insipide alors il n'y aura plus rien, plus rien de bon, plus rien à dévorer, que des zombies, du carton.
Quand le Bien aura tout aplati, c'est que le Mal aura gagné et qu'il faudra fuir. Ne vous soignez pas. Ou pas trop. Restez cinglés, un peu, paumés, pervers,
extrêmes. Ne vous rangez pas, pas tout de suite.
Restez des nanas, perfides, chiantes, calculatrices, tendres, amoureuses, et vous, restez des hommes, forts, fragiles, parlez fort, riez, mangez, aimez, baisez. N'abdiquez pas. Tenez bon. Vous êtes, pathétiques et sublimes.
Mon chef d’œuvre. Ne changez rien. Je vous regarde. Je vous aime. » Dieu, pour Le Turk.«JecrieversToi,parLeTurk&Cie»
Sergio Veranes, "Essences "
Ceci est un choix de photos dans le temps, une petite rétrospective qui parcourt les années 2000 au présent. Ma recherche reste toujours la même: partager avec les femmes un temps d’intimité et de complicité, afin d'immortaliser un moment sublimé. Chaque femme s'incarne et se dévoile au travers de son prisme...
Je propose un espace pour qu'elle y exprime son essence, afin de capter une étincelle de son âme. Nous tissons ainsi un cercle de confiance et de communication qui peut ou non passer par la parole, mais où l’échange est présent, actif, évolutif.Je ne cherche a établir aucun concept. Un nu est chargé d’énergies plus ou moins subtiles qui lui sont propres...
Benoist Demoriane, "Apparitions "
A l’instant où je décide de photographier mon modèle, où le miroir bascule et ferme le viseur, elle disparaît, devient invisible, fantôme errant sans corps, dans un silence aveugle et noir...
S’opère alors une transfiguration, du modèle en figure. Comme Eurydice montant du fond de l’ombre aveugle, vers la lumière, vers la vue retrouvée, comme montant des profondeurs du bain révélateur, apparaît lentement l’image désirée, de la figure alors fondue dans ce fond d’invisible, qui la fonde et la féconde...
Elle apparaît photographiée, image revenante, en mue, nimbée de spectres de lumière, de doubles fantômes, en retours d’échos, écho-graphiée, en une incorporelle et transparente apparition...
© Benoist Demoriane
Martial Lenoir, "La loge des Rats"
Paris, début des années folles, alors que ce cabaret burlesque connait un succès grandissant outre atlantique, Joan Warner, star américaine de l'effeuillage est arrêtée sur la scène des folies bergère, suite à une plainte d'un spectateur ayant aperçu « un bout de sa fesse dénudée ». C'est le moment que choisit Martial Lenoir, ex coureur motocycliste, pour ouvrir le grand jeu. Cabaret clandestin, où, sous couvert de prouesses artistiques, des filles de plus en plus dénudées se déhanchent dans un décor enchanteur.
La petite bourgeoisie se presse, le champagne coule à flot, sur scène, strass bijoux et paillettes... mais l'envers du décor est bien différent.
Uma Kinoshita, "Cinema - Japon"
L'amour est un thème qui m'attire toujours. Dans cette série, parmi les différentes manifestations de l'amour, je me suis attachée à montrer l'amour entre un homme et une femme en essayant de raconter une histoire d'amour japonaise. Je l'ai située à une époque un peu plus lointaine où la liberté d'aimer était alors moins grande, pour les femmes en particulier.
Dans ce contexte, j'ai tenté de décrire une femme qui se débat entre la sévère morale répressive de la société et son abandon consenti, en quête d'un amour authentique. Les amants se suicideront ensemble en une fin tragique.
Yannick Verdier Monségur,"Yin Yang urbains"
A travers sa série de photographies en noir et blanc et ses diptyques, Yannick Verdier Monségur nous transporte au cœur de la Chine, de la France et du Japon. Cette plongée dans l'atmosphère de Shanghai, de Paris et de Tokyo nous invite à tisser de multiples passerelles entre l'Asie et l'Occident. Chaque photographie présente une dualité entre ombre et lumière, noir et blanc, et révèle le double regard du photographe et de son modèle, de la création à l'émotion, de l'esthétique au symbole.
© Yannick Verdier Monségur
Giuseppe de Leo, "Sensualité hors du temps "
Les images sont divisées en deux sections temporelles. La première passe par l’usage d’un appareil traditionnel, la seconde reflète la tendance nouvelle, “le numérique”
Je voudrais évoquer les émotions ressenties lorsque j’ai réalisé ces images, mais chacun de vous aura sa propre réaction, dictée par sa sensibilité et son excitation.
Le regard, les cheveux, les mouvements du corps, la nudité, comment résister, comment ne pas regarder et imaginer.
Vignette : © Lucien Lorelle