Dédié depuis sa création à la photographie du voyage, le festival Chroniques Nomades s’efforce, loin de l’imagerie touristique ou publicitaire, d’approfondir la question du « dépaysement » au sens plein du terme : non un simple exotisme du décor ou des moeurs, mais une expérience de l’Ailleurs et d’abord de l’Autre, de sa différence et donc, par le côtoiement des cultures, d’un approfondissement de notre propre identité.
En écho avec la relation que la ville de Reims entretient avec son histoire et celle de la France, le festival a souhaité développer sa programmation de 2012 autour d’une thématique liant le voyage et le sacré. Pèlerinages, voyages plus solitaires vers des sites « inspirés, hauts lieux de la spiritualité à travers le monde, pratiques religieuses appartenant à d’autres cultures, principalement animistes », sont quelques uns des domaines évoqués. Ces différents aspects de la sacralité seront explorés à travers des voyages géographiques aussi bien que temporels, voire fictionnels, à travers des genres photographiques aussi diverses que le reportage, le paysage, la nature morte, le portrait, la photographie scientifique ou la vidéo.
La bourse "Chroniques Nomades – Caisse d’Épargne 2012" dotée de 5.000 € a été attribuée samedi 14 avril à Ljubisa DANILOVIC. Ce photographe de 38 ans, français, d’origine yougoslave, a présenté un projet sur Le désert russe, qui donnera lieu à une exposition présentée à Reims lors de l’édition 2013 du festival "Chroniques Nomades".
« La chute démographique fulgurante que connaît le pays a été pour moi, en 2006, le prétexte d’un voyage solitaire et introspectif à travers cet immense désert russe. En effet, en 2050, la Russie aura perdu le tiers de sa population actuelle. Le pays le plus vaste de la planète sera alors peuplé de 100 millions d’habitants. "Le désert russe" est une fiction photographique, une oeuvre personnelle qui a pour décor la Russie enneigée et pour prétexte un désastre démographique annoncé. Ma démarche est à la fois poétique et documentaire. Dans mon travail se mêlent impressions personnelles et identité visuelle de zones méconnues. Par mes photographies, je souhaite ouvrir les portes d’un monde onirique, suggéré par la solitude, le désert démographique, la rudesse du climat. Une région du bout du monde peuplée d’animaux étranges, de paysages vides où l’homme n’est souvent qu’une apparition fantomatique. » Ljubisa DANILOVIC