© Bernard Plossu
Durant deux jours, le photographe Bernard Plossu montrera ses films. Ceux tournés par lui et ceux réalisés sur lui.
Du Vietnam où il est né en 1945, à La Ciotat où il vit depuis 1991, en passant par le Mexique à 20 ans, l’ouest américain ou encore l’Inde ; en suivant tant de routes, comme celles, petites, de l’Ardèche qu’il affectionne particulièrement aujourd’hui, Plossu a parcouru le monde et ne cesse encore de voyager. Inlassablement. Son inséparable Nikkormat toujours au fond du sac.
Le temps d’un weekend, découvrez une série de projections de films réalisés par lui ou sur lui. Cet événement fait suite aux expositions "Plossu cinéma" qui s’étaient déroulées au FRAC-PACA à Marseille et à la galerie La Non-Maison d’Aix en 2011.
« Tout très vite au ralenti. Presque une image fixe » écrit Jean-Marie Gleize dans Film à venir (Le Seuil) à propos du cinéma en général. Une réflexion poétique qui s’applique merveilleusement à l’univers cinéma-photographique de Bernard Plossu. On pourra l’apprécier en assistant, les 14 et 15 avril prochains, à partir de 15 h à l’événement "Aller-retour photo-cinéma" en présence de l’artiste et de ses amis réalisateurs.
Au programme : "Michèle", "Le voyage mexicain" et "Le Ring" de Bernard Plossu, ainsi que "Marseille en autobus" de Hedi Tahar, "Sur la voie" de Hedi Tahar et Bertrand Priour et "Un autre voyage mexicain" réalisé en 2009 par DidierMorin sur les traces de Bernard Plossu au Mexique.
Bernard Plossu chez lui à La Ciotat. © Raphaël Dupouy
Plossu fait son cinéma
"(…) “Plo“ viendra, le temps d’un week-end, nous parler de son cinéma, un aspect méconnu - et pourtant fondamental - de son incessant travail de cueilleur d’images.
Alternant commandes, invitations, résidences et envies personnelles, cet insatiable expose dans le monde entier et s’étonne d’être le photographe français qui a publié le plus grand nombre de livres. Chacun d’entre-eux « fonctionne comme un film, avec un ton, une humeur différente et célèbre à chaque fois un nouveau lieu et une nouvelle histoire ». Car Plossu aime le cinéma. C’est d’ailleurs à cette école qu’il dit avoir forgé son propre langage.
« Le cinéma a été pour moi une culture rebelle, explique-t-il. Je travaillais pas bien au lycée - j’avais 0 en math, etc - et j’allais souvent à la cinémathèque du Quartier latin. Petit à petit, je suis devenu complètement accro à l’image, accro au cinéma, à la Nouvelle Vague, à la caméra à l’épaule de Raoul Coutard dans les films de Godard ou de Truffaut... Les films-clés pour moi ont été La Vie à l’envers d’Alain Jessua et L’Année dernière à Marienbad d’Alain Resnais. Les films de Bergman aussi, comme Le Silence, m’ont beaucoup marqué. Je ne savais pas alors que l’image serait mon métier. Autant je ne connaissais pas encore Cartier-Bresson, Robert Frank, Brassaï, etc ; autant le cinéma je m’y connaissais. Ma culture, elle est là. La photo, telle que je la pratique, c’est du cinéma arrêté. Mes images ont l’air de sortir d’un film. C’est un point que j’ai fait à l’occasion de l’exposition au FRAC à Marseille en 2010. J’ai appris à me découvrir ».
Il y a quelques années, Bernard Plossu a retrouvé quelques vieilles bobines tournées avec une caméra Super-8 lors de son épopée beatnik en 1965-66 au Mexique. De cette aventure, il avait déjà tiré un livre culte chez Contrejour, Le Voyage mexicain, préfacé par Denis Roche. Plus de 40 ans plus tard, son film, comme son livre d'une force et d'une poésie exceptionnelles, témoigne d’une génération aspirant à une vie libre et sans convention.
© Bernard Plossu
C’est donc à la fois un photographe et un cinéaste inclassable, lui-même sujet de films tournés dans son sillage ou sur ses traces, qu’il sera possible de rencontrer les 14 et 15 avril prochains au Lavandou parallèlement aux projections de ses images. Bernard Plossu a en effet invité trois de ses amis réalisateurs à venir présenter leurs créations : Hedi Tahar qui le suivit dans Marseille en autobus en 1991 ou dans le train avec Bertrand Priour en 1997, et Didier Morin qui, en 2009, a repris l’essentiel de son périple au Mexique, retrouvant les lieux des photographies et interviewant les personnes croisées à l’époque...
Mais s’il se revendique désormais « cinéaste d’images fixes », Bernard Plossu n’en continue pas moins de suivre de nombreuses pistes. Mentales et physiques. « Avec la photographie, j’ai aussi découvert la marche. Aujourd’hui, je pourrais presque aller faire une randonnée sans appareil », conclut-il... Puis, se ravisant : « Bon, je dis ça... mais, si je vois un truc, je me dirais : j’ai raté la meilleure image de ma vie !» "
" Raphaël Dupouy ", Président du Réseau Lalan
Vignette : © Bernard Plossu