© Marina Cavazza
De quelles manières et pourquoi le photographe se met en scène pour exprimer quelques choses aux autres et en même temps à soi-même.
D’où vient cette approche, souvent féminine, du regard de soi et de sa propre identité? A l’instar des photographies de Claude Cahun qui défiaient les conventions de la représentation féminine du début du XXème siècle, son corps et sa propre subjectivité.
Mais l’Introspection ne passe pas obligatoirement par l’autoportrait à l’égard du sujet Rémanence de Sarah Girard.
Voila, entre autres, quelques points qui seront abordés lors de cette soirée autour des travaux des photographes invités.
- Avec la participation de Catherine Barsics, psychologue (Centre Interfacultaire en Sciences Affectives, Université de Genève)
Marina Cavazza
Qu’est ce qu’un autoportrait ? Un portrait de soi, fait par soi.
En l’occurrence, la série des autoportraits de Marina est un portrait d’elle à savoir la femme, la mère, l’épouse, la descendante, la philosophe et la photographe, l’expatriée, la sportive... comme autant de facette de soi, qui révèle la profondeur de l’être.
Un portrait philosophique sur la femme qu’elle est et que l’on est tous, aussi, un peu : sa condition, ses interrogations visuelles sur son quotidien et sa perspective de vie entre les deux lignes que sont un destin personnel et un entourage affectif et géographique qui dessinent les contours de la vie de chacun.
Sarah Girard
« Pour moi, une image est la trace de quelque chose que l'on a vécu. Je photographie toujours des fragments, et j'aime bien l'idée que le sujet photographique n'occupe pas toute la place dans le cadre mais qu'une image peut être complétée par une autre, ou alors par le regard du spectateur. Mes photographies sont minimales et les prises de vues frontales.
Pour la série de photographies Rémanence, j'ai photographié les traces laissées par les patients dans des cabinets de psychanalyse, un lieu où il n'y a au premier abord rien à voir. J'ai tenté de créer des images qui suggèrent ce qui se dit dans l'intimité d'un lieu comme celui-là, un lieu de parole. Je suis partie à la recherche des traces, des plis dans l'assise, des angles d'un mur ou s'accroche ou se perd le regard. Mes photos ont souvent été réalisées entre deux rendez-vous, les fauteuils étaient parfois encore chauds, les paroles flottaient presque encore dans l'espace. »
© Sarah Girard
Anne Voeffray
« J’effectue des autoportraits par nécessité et de façon improvisée. La prise de vue qui s’impose à moi est toujours précédée par une surprise. La capture de ce même visage ou corps à travers différents filtres (miroirs, vitres et lumières) - comme pour tenter de saisir la présence à Soi, les émotions, la pluralité des facettes de notre être singulier ou la relation à l’Autre - ouvre la porte à une symbolique universelle. Mes films photographiques Désirs, Présences, Réminiscences, Sibylle et Kissing time s’inscrivent dans cette expérimentation personnelle du monde. Le dispositif de diaporama avec musique propose ces images dans une unité de lieu, d’action et de temps, conférant aux séries un caractère quasi cinématographique. Ces films photographiques nous invitent à nous arrêter un instant et nous immerger dans mes mondes sensoriels, émotionnels, poétiques et oniriques. »
© Anne Voeffray