© Olivier Jobard
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Le 17 décembre 2010, à Sidi Bouzid en Tunisie, l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, jeune diplômé et chômeur, concourt au déclenchement de la révolution tunisienne. Il s’ensuit une vague de révoltes qui va parcourir le monde arabe jusqu’à certains États du Golfe. Très rapidement, les
manifestations, essentiellement non violentes, gagnent les pays voisins, l’Égypte et la Libye. Les peuples se soulèvent contre des régimes dictatoriaux et la corruption de leurs dirigeants. Ces révoltes prennent de court non seulement les régimes de ces pays, mais aussi les chancelleries occidentales généralement assurées de la solidité des gouvernements en place. Ces révoltes soudaines étaient pourtant nourries d’un long mécontentement, de frustrations, d’une aspiration trop longtemps comprimée à la liberté. La chute rapide des présidents tunisien et égyptien, considérés comme des remparts contre l’islamisme radical, a pris au dépourvu nombre de capitales qui ont tardé à réagir.
Les peuples osent manifester. Ils n’ont plus peur. Toute une jeunesse clame sa soif de reconnaissance, de dignité, d’emplois. Derrière le cri « Dégage », c’est un système que dénoncent et répudient les manifestants, à des degrés divers selon les pays. Le mouvement ne prend pas partout la même ampleur.
L’aspiration à la démocratie va prendre différentes voies et connaître des situations très contrastées. Alors que des gouvernements prennent des mesures, engagent des réformes permettant de satisfaire, plus ou moins, les revendications, la réponse a été la répression et la
violence en Libye, provoquant une intervention extérieure sous l’égide des Nations unies, et, surtout, en Syrie, avec des risques de divisions et de guerre civile. La transition est difficile quand les économies sont désorganisées, que les partis doivent se reconstituer. La Tunisie et l’Égypte ont organisé leurs premières élections démocratiques. Quels qu’en soient les résultats, l’enjeu et les défis seront bien la mise en place d’un fonctionnement démocratique, respectueux des libertés. Une nouvelle page s’ouvre pour le monde arabe après celle qui a commencé à s’écrire au lendemain de la deuxième guerre mondiale. La décolonisation avait été déjà cette grande aspiration à la liberté des peuples assumant leur propre destin. Elle s’inscrit dans une longue histoire avec ses périodes d’expansion, d’autres de repli, qui participe d’une histoire commune faite des relations et des échanges avec les pays et les mondes voisins.
La scénographie, en offrant un large panorama de cette année cruciale et des évolutions en cours, se propose de faire revivre ces moments historiques par les images, les textes, les vidéos, complétés par des éléments d’analyse de manière à ce que chacun se fasse sa propre opinion. Ce mouvement étant toujours en marche un espace est dédié à l’actualité des pays arabes. L’exposition veut favoriser une prise de conscience collective des enjeux démocratiques pour la Méditerranée mais aussi au-delà, car la démocratie est une valeur toujours menacée, toujours à construire. En définitive il s’agit bien de rendre un hommage à ceux qui résistent aux oppressions et défendent partout la liberté, la justice, la dignité de l’être humain, de rendre hommage à ceux qui, quels que soient leur pays et leur culture, donnent un sens au beau statut de citoyens du monde.
Parmi les photographes, seront présentés : Hamiddedine Bouali, Alain Buu, Olivier Jobard, Augustin Le Gall, Johann Rousselot, Yuri Kozyrev.
Vignette : © Olivier Jobard