Nous vous annoncions il y a quelques temps l’enlèvement le 5 avril du photographe Sud-Africain Anton Hammerl par les fidèles de Mouammar Kadhafi qui le détenaient en Libye en compagnie de plusieurs autres confrères journalistes. (http://www.actuphoto.com/18914-le-ra%EF%BF%BDgime-de-kadhafi-da%EF%BF%BDtient-toujours-le-photographe-anton-hammerl-.html). Nous avons aujourd'hui le regret d'apprendre qu'Anton Hammerl a été tué dès le jour de son enlèvement.
Les autorités gouvernementales libyennes assuraient pourtant au gouvernement Sud-Africain que le photojournaliste était vivant. Elles avaient même promis sa relâche en même temps que celle de trois autres journalistes. L'information de son décès à été révélée lors de la libération de quatres de ces confrères, dont il était censé faire partie.
Maite Nkoana-Mashabane, ministre des affaires étrangères d'Afrique du Sud, choquée, accuse le gouvernement libyen d'avoir menti. «Khadhafi lui-même, son fils et des conseillers nous ont assuré qu'Anton Hammerl était bel et bien vivant» a-t-elle déclaré. Le porte parole de Mouammar Kadhafi, Moussa Ibrahim, répond simplement qu'il y a eu confusion sur l'identité des journalistes...
Les autres journalistes qui étaient détenus n'ont pas relayé l'information lorsqu'ils étaient en captivité par peur des représailles mais ils ont contacté la famille Hammerl dès qu'ils ont pu passer la frontière, le 18 mai. Anton Hammerl avait 41 ans, était marié et père de deux enfants, dont un de trois mois.
L'un des journalistes relâchés, James Folley, reporter Américain, témoigne de cet atroce événement. Il explique qu'Anton Hammerl, a été tué dès le 5 avril, en périphérie de la ville pétrolière de Brega. Tout s'est passé alors qu'ils se trouvaient tous les deux ainsi que la pigiste américaine Clare Morgana Gillis et le photographe espagnol Manu Brabo avec les rebelles. Selon lui, deux camions militaires blindés des forces pro-Kadhafi leur ont tiré dessus et Anton Hammerl a été touché alors que les autres ont été faits prisonniers.
Sa famille a publié un communiqué sur Facebook, ce vendredi, le 20 mai. «Anton a été tué par les forces de Kadhafi dans un lieu extrêmement reculé dans le désert libyen. Selon des témoins oculaires, ses blessures étaient telles qu'il n'aurait pas pu survivre sans recevoir des soins médicaux [...] Nous n'avons pas de mots suffisamment forts pour exprimer l'incroyable traumatisme que traverse la famille Hammerl» déclarent-ils.
Le conflit libyen vient donc de faire sa cinquième victime parmi les journalistes depuis mi-février. Nous n'oublions pas Chris Hondros (Getty Images) et Tim Hetherington (Vanity Fair) tués le 20 avril, Mohamed Al-Nabous (journaliste et bloggueur, fondateur de Libya Al-Hurra, une télévision en ligne) tué le 19 mars ainsi qu'Ali Hassan Al Jaber (Caméraman pour Al Jazeera) tué le 12 mars.
Paris, le 23 mai 2011.
Marianne Giniel