Après avoir tapissé de ses oeuvres les murs de Ramallah ou les favelas de Rio, l'artiste français "JR" a investi une usine du Val-de-Marne où il vient d'installer une immense photographie de deux yeux grands ouverts, a constaté l'AFP.
Imprimé sur des bâches, ce regard étonné recouvre désormais deux bacs d'une quinzaine de mètres de hauteur et de 28 mètres de diamètre, posés sur le site de l'usine de traitement des eaux usées de Seine Amont à Valenton (Val-de-Marne).
L'accès étant interdit au public, les curieux devront se contenter d'admirer l'oeuvre sur internet ou de prendre place dans un TGV Paris-Lyon, dont la ligne longe les deux bacs habillés par "JR".
"Etre si proche du TGV, ça fait rêver...", affirme dans un communiqué cet artiste français de 27 ans qui s'est fait notamment connaître en recouvrant des parcelles du mur de séparation israélo-palestinien de photos de rabbins et d'imams hilares.
"Women Are Heroes", le film qu'il a réalisé et qui retrace son travail aux quatre coins du monde, a été sélectionné cette année au festival de Cannes.
D'ordinaire imprimée du simple papier, son oeuvre passe pour la première fois de l'éphémère au durable grâce aux immenses bâches en métallo-textile qui recouvrent les deux bacs et qui sont conçues pour résister aux intempéries.
"Je voulais que le regard (...) résiste au temps qui passe", dit dans le communiqué "JR", dont l'anonymat est jalousement gardé.
Le mystérieux photographe, qui clame son refus de s'associer à une entreprise privée, affirme avoir accepté la proposition parce que l'usine, exploitée par le Syndicat inter-départemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (SIAAP), "remplissait une mission de service public".
Au SIAAP, on espère que ces deux yeux braqués vers l'extérieur "permettront de mettre en valeur une activité méconnue mais qui est d'intérêt général", dit Martine Moëllic, la directrice de la communication.
Le SIAAP traite chaque jour 2,5 millions de m3 d'eaux sales au bénéfice de 8,5 millions de Franciliens.