Sigmar Polke, considéré comme l'un des plus grands peintres allemands contemporains, est mort vendredi à l'âge de 69 ans des suites d'un cancer, a-t-on appris auprès d'Erhard Klein, son galeriste.
Sigmar Polke, qui était né en Silésie, dans l'actuelle Pologne, en 1941 et avait fui la RDA en 1953, est mort à Cologne (ouest) dans la nuit de jeudi à vendredi, a précisé M. Klein.
"L'Allemagne a perdu l'un des représentants les plus importants et les distingués de l'art contemporain allemand", a réagi le ministre fédéral de la Culture, Bernd Neumann, dans un communiqué.
Tour à tour peintre, graphiste ou photographe, il était "un observateur critique, ironique, également à l'égard de lui-même, de l'après-guerre", qui avait développé "avec sa soif d'expérimentation, un langage pictural propre", a-t-il ajouté.
En 1963, alors qu?il est étudiant à l'Académie des Arts de Düsseldorf, Polke fut notamment l'un des fondateurs du mouvement pictural "réalisme capitaliste", réponse critique au "réalisme socialiste" en vigueur dans les pays du bloc communiste, mais aussi au Popart américain emmené par Andy Warhol et Robert Rauschenberg, issu de la société consumériste.
Difficilement classable, il mélangeait, lors de ses premières années, sujets, motifs, techniques, cherchant dans les images médiatiques grossies et tramées des points de départ à ses toiles.
Il produisait également des motifs simples mais de très grande taille, dessinés avec un banal stylo à bille sur du papier de qualité médiocre, moquant les promesses illusoires de la société de consommation et des loisirs.
Cette dimension incisive était soulignée par ses titres extrêmement plats, comme dans les tableaux "Warum nicht baden?" (Pourquoi ne pas se baigner?) de 1963, ou "Liebespaar" (Couple) en 1967.
Dans les années 1970, Sigmar Polke inclut dans son travail des éléments issus de la photographie, notamment après un voyage en 1974 au Pakistan et en Afghanistan.
Outre ses clichés, il étend son expérimentations à la technique de développement, en utilisant par exemple des produits photochimiques sur ses toiles, créant des tableaux qui changent selon la lumière et la température.
Sigmar Polke n?a eu de cesse d?expérimenter matériaux et techniques, n'hésitant pas à avoir recours aux trames, aux superpositions, procédés photomécaniques, matières diverses, pour dénoncer les idéologies, qu'elles soient politiques ou artistiques.
Exposé dans certains des plus grands musées d'art moderne et contemporains, Sigmar Polke a reçu de nombreuses distinctions, dont le Lion d'Or de la 42e Biennale de Venise en 1986.
Il avait eu les honneurs sur Museum of Modern Art de New York (MoMA), qui avait organisé une rétrospective de son oeuvre sur papier en 1999. L?une des dernières rétrospectives de Polke a lieu au musée Frieder Burda de Baden-Baden en 2007.