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C’est de la Terre dont il est question, de celle qui nous porte, de la maison commune de l’humanité, de notre planète. Les photographes documentent le sujet par le paysage, le déclinant selon leur sensibilité, mobilisant leurs images dans une sorte d’inventaire de l’état du monde plus ou moins optimiste. Mais à travers le thème de la terre, ils nous entretiennent de l’homme et de son action. Et chacun y voit sa réalité, y trouve sa vérité dans une quête personnelle qu’il importe de qualifier.
Les signes annonciateurs du drame en cours apparaissent chez Alain Gualina, photographe voyageur. Dans le portrait exotique du monde qu’il nous livre, la grandeur et la beauté des paysages naturels semblent sonner l’alarme. L’homme, dans ses activités nourricières indispensables brise une sorte d’équilibre ancestral : la mer se rebelle et la nature hésite entre désert et surpopulation. Vision d’une terre telle qu’elle était, telle qu’on aimerait la retenir un instant encore ?
Le propos de Jean-François Mutzig s’inscrit dans plus de gravité. En un raccourci évocateur, ses images passent du paysage vierge des origines à l’état actuel du monde. S’il s’attarde avec un plaisir certain à entrer dans les paysages des Ocres par un cadrage serré, s’il y signale l’arbre comme un don généreux de la nature, il détecte inévitablement la nocivité de l’activité humaine à son égard : la déforestation, et l’arbre symbole s’abîme en papier ou charbon. Dans ce pessimisme qui point, doit-on voir la terre comme elle devient ?
Tout est joué dans les représentations frontales d’Hans Silvester, et ses images ont valeur de constat. Cimetière de voiture, décharge à ciel ouvert, déforestation en Amazonie, tous les marqueurs d’une pollution galopante et sur le point de gagner sont installés. Et même si le photographe expose en contrepoint, comme un regret, les visions paradisiaques des amandiers ou des champs d’oliviers d’Andalousie, la vision appuyée qu’il impose de l’usure du monde sonne comme une faillite de l’idée de progrès. La terre telle qu’elle sera bientôt ?
Une note d’espoir arrive enfin des photographies de Laurent Gayte. La terre y est montrée à la fois comme matière et paysage, matière du paysage car malgré la différence d’échelle, il y a, de l’une à l’autre, une indéniable continuité. Et l’homme entre en contact avec elle, façonnant de manière inoffensive les pigments par son passage. Si un léger message peut être suggéré dans ces images, il affleure ici : par un usage responsable et respectueux de la nature, l’homme contrôle sa trace et préserve son environnement, seule planche de son salut actuel.
Une métaphore optimiste tempère le sévère constat. Ainsi est entrevue une sorte de coexistence pacifique entre le monde et l’homme, un modus vivendi réhabilitant leurs relations. Et les murs de la ville, telles des fenêtres ouvertes sur le monde, en portent l’écho.