« Même Ousmane Sow a été petit » , sorti en mai 2009 et déjà épuisé, est réimprimé en septembre. Est-ce pour sa mise en page inattendue, ludique et poétique, pour son jeu dʼallers-retours insolites entre textes et illustrations, est-ce pour sa qualité dʼimpression, la simplicité de son écriture, lʼhumour de certaines séquences, les photos de Sarah Moon, Bouba, Brassaï, Nick Brandt et Henri Cartier Bresson, ou lʼaspect savoureux des anecdotes dont il est émaillé ? Écrit et conçu au départ pour les adolescents, il a parfaitement atteint ce public, tout en étant prisé des parents. Une chose est certaine, ce livre doit dʼabord son succès à lʼadhésion des libraires* qui lʼont aimé et promu spontanément. Puis aux jeunes qui sʼen sont emparés. Et à tous les adultes qui, dès à présent, en achètent plusieurs exemplaires à offir pour Noël. Car le livre se révèle être un parfait trait dʼunion dʼentre parents et enfants, une réflexion sur lʼéducation et la vie en général, une véritable histoire et une histoire dʼart.
Avec un parti pris anecdotique, il constitue finalement une biographie atypique : celle dʼun homme dont la vie, pour le moins surprenante, sʼest inscrite sur une page écrite entre le Sénégal et la France. Tombé pour toujours amoureux de la lune à lʼâge de trois ans, et arrivé en France à lʼage de vingt- deux sans un sou en poche, dormant dans les commissariats de police et se faisant offrir une baguette de pain tous les matins, Ousmane Sow eut une vie remplie dʼimprévus et de fantaisie. Cette fantaisie lui fit courir le marathon de Vincennes en charentaises, ou draguer les petites robes Vichy sur les quais de la Seine en chantant des chansons de Tino Rossi.
Au fil de ces anecdotes, on découvre le caractère téméraire du personnage qui nʼaura jamais eu peur de rien ni de personne. Mais qui sut sʼimprégner de la force de personnages aussi étonnants et structurants que Boris Dolto, le talentueux mari de Françoise Dolto, qui enseigna à Ousmane Sow la kinésithérapie, et bien plus encore.
Il nʼest donc pas étonnant quʼaujourdʼhui, Ousmane Sow consacre sa dernière création aux hommes qui lʼont aidé à ne pas désespérer du genre humain : Victor Hugo, Nelson Mandela, le Général de Gaulle, Mohamed Ali, Gandhi, Martin Luther King et son propre père, véritable héros de ce livre. Ousmane Sow : Révélé en 1987 au Centre Culturel Français de Dakar, où il présente sa première série sur les lutteurs Nouba, lʼartiste expose six ans plus tard, en 1993, à la Documenta de Kassel en Allemagne.
Puis, en 1995, au Palazzo Grassi, à lʼoccasion du centenaire de la Biennale de Venise. Son exposition sur le Pont des Arts au printemps 1999 attira plus de trois millions de visiteurs. Sʼattachant à représenter lʼhomme, il travaille par séries et sʼintéresse aux ethnies dʼAfrique (les Nouba, les Zoulou, les Masaï et les Peulh) puis dʼAmérique, à travers la bataille de Little Big Horn. Puisant son inspiration aussi bien dans la photographie que dans le cinéma, lʼhistoire ou lʼethnologie, son art retrouve un souffle épique que lʼon croyait perdu. Béatrice Soulé : Très proche dʼOusmane Sow pour lequel elle a produit en 1999 lʼexposition du Pont des Arts, Béatrice Soulé a publié chez Actes Sud deux livres de photographies et un DVD incluant deux films sur Ousmane Sow, tous deux primés dans plusieurs festivals dont le FIFA de Montréal.
Éditions Le Pʼtit jardin
Distribution Actes Sud
164 pages / 150 illustrations
Prix : 24 euros
Tous publics