Photo : David Moore
Robert Doisneau Travailleurs
Maurice Broomfield Industry
Lee Friedlander At Work
Brian Ulrich Copia
Nigel Shafran Supermarket checkouts / Supermarket portraits
David Moore Office
Darin Mickey Stuff I Gotta Remember Not to Forget
Emmanuelle Léonard Les Travailleurs
Barbara Pellerin Barentin, 76, rue Auguste Badin
Anne Favret & Patrick Manez Chambre avec vues
Thomas Kneubühler Absence
Gérard Dalla Santa Gestes
David Mozziconacci Nyc (Not Yet Completed) - Récupération
Henk Wildschut Shelters
Raphaël Dallaporta & Ondine Millot Esclavage domestique
musique de / music by Eric Cordier, Jim Meneses,
Alva Noto, Francesco Cavaliere, David Smith
Dans toute société le travail est un sujet de préoccupation majeur. Il occupe une place prépondérante dans la vie d’un homme, il en détermine en partie l’identité, il en structure l'existence.
Bien que le travail soit un lien social reconnu universellement, souvent nos différentes professions nous séparent. Lorsque quelqu’un nous parle de son travail, de ses difficultés ou de son plaisir à travailler, nous avons du mal à le comprendre et à partager son vécu si nous n’exerçons pas le même travail que lui. Absorbés par nos occupations professionnelles, nous connaissons mal le travail des "autres" et nous nous interrogeons peu.
Pour sortir de cette indifférence, les témoignages des photographes, des cinéastes, des artistes, des poètes ou des écrivains sont nécessaires.
Les séries photographiques présentées dans le neuvième numéro de purpose nous plongent dans l’univers du travail d’hier et d’aujourd’hui. Elles nous ouvrent les portes des bureaux, des usines, des entreprises, des hôpitaux, nous montrent les coulisses des magasins, des supermarchés… qui d’habitude sont des lieux privés et inaccessibles. Les photographies nous permettent de voir qu’au gré des évolutions technologiques et économiques, les formes du travail changent, que de nouvelles conditions modifient notre rapport au travail : gestes et postures s’adaptent aux nouveaux équipements et aux nouvelles machines.
Attentifs au monde du travail, les photographes essaient d’en comprendre le fonctionnement : ils sont fascinés par la répétition des gestes ou par la figure du travailleur, certains s’intéressent plus à l’environnement, d’autres donnent du travail une image plus critique.
La profusion d’images publicitaires, de recettes pour vivre mieux, d’images au service de la communication, participe à une frustration quotidienne. Travailler plus pour gagner plus pour consommer plus ? Faire tourner l'économie au profit de qui ? S'interroger sur le sens de notre travail revient à s'interroger sur le sens de notre existence…
Photographier le monde du travail est essentiel : cela nous aide à comprendre que travailler ne signifie pas seulement gagner de l’argent. Derrière chaque travail il y a des hommes, il y a un monde fait de relations et de sentiments : l’amitié, la haine, le respect, la soumission, la solidarité, l’ennui, le stress, le bonheur, le courage, la peine…
Photographier le monde du travail, c'est lui rendre hommage, s’opposer à sa déshumanisation, sa dévalorisation, et lutter contre l’instrumentalisation des individus.