La première génération des frères Séeberger photographie au début du siècle. Ils sont trois fils d'un père d'origine bavaroise et d'une mère française, installés à Lyon puis à Paris : Jules, Louis et Henri. A la différence d'autres photographes du XIXème siècle qui opéraient essentiellement en studio, les Séeberger ont pris le parti de travailler en extérieur et de se consacrer à la société de leur époque, fournissant notamment aux éditeurs de cartes postales une importante documentation composée de ce que l'on pourrait appeler des scènes de genre. L'entente étroite entre les trois frères restera sans faille tout au long de leur carrière et se répercutera sur leurs descendants, Jean et Albert.
En 1940, Jean (1910-1979) et Albert (1914-1999), fils de Louis entrent donc à leur tour dans le métier et reprennent le studio familial, perpétuant ainsi une dynastie de photographes qui aura quasiment couvert le siècle. Ils relancent un nouveau Séeberger Fréres, rue de Chabrol à Paris. Les débuts sont difficiles. C'est en photographiant l'organiste Maurice Duruflé aux claviers de l'orgue de Chaillot, qu'une chance leur est donnée avec la première parution de l'une de leurs photographies dans « l' Illustration ». Elle marquera le début d'une longue série. L'activité se développe et leur permet de s'installer dans des studios plus vastes, boulevard Malesherbes.
Dans la tradition de leurs aînés, Paris reste le sujet de prédilection des deux frères qui
photographient le Paris occupé puis celui de la Libération, celui de la mode et des
personnalités. Pour la presse, ils saisissent dans leurs intérieurs des peintres, des
sculpteurs, des écrivains, des décorateurs : Utrillo, Van Dongen, Cocteau, Colette…De
1942 à 1950, ils reçoivent du Théâtre National de Paris, puis de l'Opéra, des commandes de reportages sur toutes les créations et reprises de spectacles.
Mais avant tout, ils participent à l'évolution de la photo de mode, qui avant 1945 consistait plutôt en des reportages sur le vif autour d'évènements mondains où se mêlaient indifféremment élégantes de la haute société et mannequins des grands couturiers et prend une autre forme après la guerre, avec des séances de prises de vue en studio ou en extérieur, avec des mannequins choisis et des vêtements prêtés en fonction des commandes. Dans les années 1950, ces photographes de l'élégance que sont Jean et Albert Séeberger comptent parmi les virtuoses de l'instant de mode.
En 1975, la Bibliothèque Nationale entra en contact avec Jean et Albert Séeberger. Les deux frères étaient alors en train de mettre fin à une entreprise qui avait débuté en 1909. De cette spécialité familiale, la photographie de mode, subsistaient alors 60 000 négatifs et leurs tirages. Soucieux que cet ensemble ne soit ni perdu, ni dispersé, ils s'entendirent avec l'institution qui fit ainsi l'acquisition d'un ensemble considérable et en tous points précieux. La Bibliothèque acquit les 35 000 négatifs et tirages de la période 1909-1939 en 1975 et reçut en don, en 1977, les 25 000 négatifs et contacts de la période 1941-1975.