La famille de Kaminsky s´installe en France en 1932 à Paris puis, en 1938 à Vire dans le Calvados. Après une ultime année de scolarisation (durant laquelle il se familiarise avec l'imprimerie), il travaille à la SGE (la Société Générale d’Équipements - vite réquisitionnée par les Allemands après la défaite), puis dans une teinturerie. Passionné de chimie des colorants, il crée son propre laboratoire grâce à l'aide d'un pharmacien virois. Il parvient à travailler comme stagiaire dans une laiterie comme assistant d’un ingénieur chimiste.
En novembre 1940, sa mère meurt sur la ligne Paris-Granville dans des circonstances inconnues. Comme toutes les familles juives de Vire, les Kaminsky sont recensés par les autorités locales depuis le mois d'octobre 1940. La famille est arrêtée le 22 octobre 1943 par les Allemands2, internée à la prison de la Maladrerie à Caen, puis transférée à Drancy3 une semaine plus tard. En janvier 1944, ils sont libérés grâce à l'intervention du consulat argentin. Âgé alors de 17 ans, il rentre dans la résistance dans un laboratoire clandestin à Paris où il passe le reste de la guerre à fabriquer des faux papiers d’identité permettant ainsi à des milliers de juifs d’échapper aux persécutions. Il avait fait un calcul simple, « Rester éveillé. Le plus longtemps possible. Lutter contre le sommeil. Le calcul est simple. En une heure, je fabrique trente faux papiers. Si je dors une heure, trente personnes mourront... »4. À la libération de Paris, il est engagé par les services secrets militaires français, mais il démissionne au moment des prémisses de la guerre d'Indochine, par refus de collaborer à la guerre coloniale.
La particularité de « faussaire politique » est d’avoir continué après la Libération cette activité clandestine. Adolfo Kaminsky enchaîne plusieurs combats pour la liberté de peuples différents, voire opposés. Après la résistance, il aide l’émigration juive vers la Palestine de 1946 à 1948.
À la fin des années 1950, il s’engage en faveur de la décolonisation de l´Algérie et rejoint le réseau Jeanson et Curiel, qui soutiennent le FLN en France. Enfin, à partir de 1963, il vient en aide aux mouvements de libération des pays d’Amérique du Sud, du Brésil, de l'Argentine, du Venezuela, du Salvador, du Nicaragua, de Colombie, du Pérou, l'Uruguay, le Chili, le Mexique Saint-Domingue et d'Haïti, d’Afrique ; la Guinée-Bissau, l'Angola, l'Afrique du Sud pendant l'Apartheid et du Portugal sous le régime de Salazar, des dissidents de Franco en Espagne5. Il soutient également les anti-franquistes espagnols et les Grecs en lutte contre la dictature militaire « des colonels ». Il fait aussi des faux papiers pour les déserteurs américains qui ne voulaient pas faire la guerre du Viêt Nam. Il accepte aussi de faire des faux papiers en France, en 1968 pour Daniel Cohn Bendit afin de lui permettre de prendre la parole à un meeting. Adolfo Kaminsky dit aussi que ce furent les faux papiers les plus médiatiques et les moins utiles qu'il eut à faire de toute sa vie. Mais que c'était une bonne occasion de faire un pied de nez aux autorités et qu'il n'y avait rien de plus poreux qu'une frontière et que les idées, elles n'en avaient pas6.
En 1971, il fabrique son dernier faux papier, et met un terme définitif à son activité de faussaire.
Un documentaire intitulé Foreign Identity a été réalisé par Jacques Falck sur sa vie.
Son fils José Kaminsky est un rappeur français connu sous le nom de Rocé.
En 2009, sa fille Sarah Kaminsky, écrivain et comédienne, retrace la vie de son père dans un livre intitulé Adolfo Kaminsky, une vie de faussaire, publié aux éditions Calmann-Lévy.