Puces à la ferraille, Mannequins et manèges, Paris 1955 © Adolfo Kaminsky.
Halle Roublot 95 rue Roublot 94120 Fontenay sous Bois France
Adolfo Kaminsky, grand résistant et faussaire de génie, a consacré trente ans de son existence à créer des faux papiers pour sauver des vies. C'est pendant la seconde guerre mondiale, en reproduisant des tampons pour fabriquer des cartes d'identité, qu'Adolfo Kaminsky a découvert la photographie.
Après la guerre, il a réalisé des milliers de clichés artistiques, avec, comme sujet de prédilection, un regard sur le monde en clair-obscur, où les protagonistes sont des travailleurs, des amoureux clandestins, des brocanteurs, des mannequins réels ou factices, poupées disloquées, barbus errants ... Des puces de Saint-Ouen aux néons de Pigalle, il a capturé les regards, les silhouettes solitaires, les lumières, l'élégance et la marge, tout ce qui constitue son univers.
Ses activités clandestines l'ont contraint toute sa vie à sacrifier ses ambitions artistiques. Jamais aucun de ses clichés n'a été exposé jusqu'à 2011.
En 2009, cet homme de l'ombre accepte enfin de briser le silence à la demande de sa fille, qui écrit sa biographie Adolfo Kaminsky, une vie de faussaire (Editions Calmann-Lévy).
A l'âge de 87 ans, Adolfo Kaminsky dévoilera ses oeuvres photographiques, qui seront exposées cette année du 17 novembre 2012 au 17 février 2013.
Dans une mise en scène imaginée par le scénographe Yves Cassagne, plus de 100 photographies inédites en noir et blanc, prises entre 1944 et nos jours, occuperont les 600 m2 d'exposition de la nef de la Halle Roublot.
Fontenay-en-Scènes et Musiques au Comptoir s'associent pour rendre à cet humaniste un hommage et faire connaître son oeuvre, digne des plus grands photographes contemporains.
Paris la nuit, femme seule qui attend © Adolfo Kaminsky.
La scénographie
L'ombre et la lumière
Une rencontre avec Adolfo Kaminsky, homme secret où la nuit côtoie le jour, l'ombre cache la lumière.
Le projet scénographique de cette exposition pour présenter sa vie, son oeuvre, s'écrit dans deux espaces indissociables.
L'espace de l'ombre, de la clandestinité, de la nuit où la liberté se fabrique dans des lieux secrets. La chambre noire abrite l'album d'images, mémoire d'une vie de résistance, dans un court métrage Adolfo Kaminsky nous raconte quelques-unes de ses photographies.
L'espace de la lumière, du jour, où les femmes, les hommes, les lieux et les objets sont les sujets choisis par le photographe pour nous offrir la poésie de la vie.
Les photos d'Adolfo Kaminsky sont présentées sur les murs blancs de la halle. Le public circule dans ces deux espaces par les passages unissant l'ombre et la lumière.
Yves Cassagne
L'apprenti faussaire (en la lutte contre Franco en Espagne, cliché réalisé au laboratoire de faux papiers d'Adolfo Kaminsky), 1965
© Adolfo Kaminsky.
Biographie
" Rester éveillé. Le plus longtemps possible. lutter contre le sommeil. Le calcul est simple. En une heure, je fabrique trente faux papiers. Si je dors une heure, trente personnes mourront ..."
Quand, à 17 ans, Adolfo Kaminsky devient l'expert en faux papiers de la résistance à Paris, il ne sait pas encore qu'il est pris dans un engrenage infernal, dans une course contre la montre, contre la mort, où chaque minute a la valeur d'une vie. Durant trente ans, ilexécutera ce méticuleux travail de faussaire pour de nombreuses causes, mais jamais pour son propre intérêt.
Son destin romanesque, nous plonge au coeur d'une histoire de clandestinité, d'engagement, de traque et de peur. En arrière-plan du récit de sa vie se dessine le spectre d'un siècle où s'affrontent sans merci pouvoirs politiques, haines raciales, idéologies et luttes des peuples pour leur liberté et la dignité humaine. La Résistance, l'émigration clandestine des rescapés des camps avant la création d'Israël, le soutien au FLN, les luttes révolutionnaires d'Amérique du Sud, les guerres de décolonisation d'Afrique, l'opposition aux dictateurs d'Espagne, du Portugal et de Grèce, sont autant de combats pour lesquels il s'est engagé, au risque de sa vie et au prix de nombreux sacrifices.
Adolfo Kaminsky est toujours resté fidèle à ses conviction humanistes, à sa volonté de bâtir un monde de justice et de liberté.
Pendant la seconde guerre mondiale, en reproduisant des tampons pour fabriquer des cartes d'identité, Adolfo Kaminsky découvre la photographie. Après la guerre, il réalise ses premiers clichés artistiques. Una passion est née. Refusant d'être payé par les réseaux de résistance qu'il a servis tout au long de sa vie, il a exercé, pour vivre, la métier de photographe, dans des domaines divers : cartes postales, photos publicitaires, mais aussi reportages photo dans le milieu industriel (les mines de charbon du Nord, les Sucreries de France, ...). Il réalise également de nombreuses reproductions photographiques d'oeuvres d'art pour des catalogues et affiches d'expositions. Il était le photographe attitré des peintres précurseurs de l'art cinétique tels que Antonio Asis, Jésus Soto, Carmelo Ardequin, Yacov Agam...
Spécialiste de la photo grand format, il travaille pour Anatole Kopp, l'architecte de la fête de l'Huma, pour la décoration photographique des stands dans les années 50. Puis il réalise les photos des décors de cinéma pour Traunner, décorateur des films de Marcel Carné, René Clair ... En Algérie, il est témoin comme photographe de la naissance de cette nouvelle nation, et retrouve une thématique qui lui est chère, celle du monde du travail.
Parallèlement à ces travaux, il réalise, pour lui-même, des milliers de clichés artistiques, avec, comme sujet de prédilection, un regard sur le monde en clair-obscur, où les protagonistes sont des travailleurs, des amoureux clandestins, des brocanteurs, des mannequins réels ou factices, poupées disloquées, barbus errants, ... Des puces de Saint-Ouen aux néons de Pigalle, il a capturé les regards, les silouettes solitaires, les lumières, l'élégance et la marge, tout ce qui constitue son univers.
Sarah Kaminsky
La Halle Roublot
La Halle Roublot, après réhabilitation, a réouvert ses portes en 2011.
Gérée par le service culturel de la ville de Fontenay-sous-Bois, elle a pour missions :
- d'accueillir des structures culturelles de création, des organisme de diffusion
- d'être un lieu de rencontre et d'expression
Elle se définit en un pôle artistique composé d'un théâtre de marionnettes, d'un lieu de musique et d'un espace dédié aux arts plastiques. Cet espace de 600 m2, la NEF, accueille des expositions.
Photos et Vignette © Adolfo Kaminsky.