Si l’idée de ce livre est venue au cours d'un petit déjeuner… il est surtout le prolongement visuel de travaux antérieurs (rapports ambigus entre le visuel- réel, le souhaité et le refusé..).
La démarche est basée sur un visuel en trois temps: - l'oeil aux aguets jette un regard sur chaque jour, sur le banal qu’il faut bien parfois magnifier tout en évitant les mièvreries
- l'oeil en coin apporte une critique indirecte, tendre ou amère sur notre société
le "troisième oeil" (l'objectif du photographe), fait accéder à l'imaginaire, dont nous allons avoir tant besoin. Imaginaire pour dépasser les particularismes, dépasser toute « finitude », retrouver comme disait Montherlant que « ce qui est d’actualité, c’est ce qui est éternel ». Là encore la sobriété des légendes évite le « prèchi-prècha ».
On pourrait dire que l’auteur évite d'aborder de front l'humain ; mais il fait plus que l'évoquer ; parfois même il le dissèque. Ainsi "l'abandon" de lieux, êtres... laisse des traces qui sont autant d’interrogations.
Si cette situation est manifeste à la suite de l'exode rural, il en existe d'autres avatars ou épigones : matière, lieux, lumière... tout peut révéler (trahir ?) visuellement l'agressivité, l'ouverture, la compréhension ou le rejet...
On objectera que les codes de lecture des images changent en fonction des structures culturelles. Mais le recours au développement durable devient la panacée face à la crise ; et pour concilier l’économique, le social et l’environnemental, une petite promenade critique, poétique et humoristique par la photographie mérite un bout de chemin.
Les pages en face à face, son format 17x17cm et la reliure (deux anneaux d'acier) en font un « livre-objet »
(144 pages papier couché 200g, sorti en librairie en septembre 2008; prix 19,90€)