Bruno Dubroqua cite l’oeuvre d'Ansel Adams comme étant l’excellence qui lui a le plus donné l’envie de se diriger vers le paysage. Son travail se compose essentiellement de photographies en noir et blanc à l'atmosphère à la fois intimiste et sombre. Le grain, l’esthétique générale de ses photographies forment une référence constante aux origines du medium et particulièrement à l'époque pictorialiste que l'on peut retrouver notamment dans l'oeuvre d'Edward Steichen.
Parmi les thèmes récurrents qui se dégagent de l’oeuvre de Bruno Dubroqua, on peut citer l'abandon, l’absence, la solitude. Ses photographies mettent souvent en scène des terres vierges de toute présence humaine, des environnements industriels abandonnés ou encore une route ou un chemin fendant le paysage.
Une esthétique de la réalité ?
Depuis ses premiers clichés, Bruno Dubroqua n’a eu de cesse d’illustrer un certain désir de détachement de la réalité.
Il y a, chez Bruno Dubroqua, une vraie volonté de brouiller les pistes, autant par l'inexistence de références temporelles que par le traitement particulier de ses images. C’est devenu sa
signature.
Le processus de développement joue un rôle capital dans son oeuvre. Une grande partie de ses tirages sont marqués par des dégradations qui évoquent le temps, la décomposition, l’avancée inexorable vers la destruction. Ces accidents provoqués lors du développement se montrent la perte de l’impression vécue, le manque, la fragilité du souvenir.
De plus, l’apparition des tâches et d’accidents volontaires sur le négatif forment comme des strates faisant parties elles-mêmes de la photographie et de ses procédés techniques. Dans une grande partie de ses oeuvres, cette mise en abîme en filigrane, reflète sa vision de l’outil et de son art comme un « mensonge », comme une illusion. Cette esthétique des tirages de
Bruno Dubroqua éloigne les scènes représentées de la réalité et de l’anecdotique pour les ancrer dans la fiction – hors du réel et hors du temps.