Le Café Français 43 Rue Ernest Allard 1000 Bruxelles Belgique
Né à Helsinki en 1945, ce cadet d'une famille de trois garçons a quitté la Finlande pour New York à 6 ans avec sa famille. « À Brooklyn, le quartier était divisé en quatre communautés. Je vivais dans la partie finlandaise, livrais les journaux dans la partie norvégienne, étudiais dans la partie juive et je suis tombé pour la première fois amoureux dans la partie portoricaine ».
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L'amour avait un sens particulier pour ce jeune garçon défiguré par un bec de lièvre. « J'étais affreux et un affront à la beauté radieuse de ma mère Riitta. J'ai vécu dans son embarras et les regards insistants de tous. J'aurais pu détester les femmes. J'ai fait le contraire. Je suis un romantique » explique cet « écrivain avorté reconverti dans l'écriture publicitaire » (il a inventé le slogan « Peugeot, The balance Machine »), amateur de photos tombé en arrêt devant le petit garçon aux mains tordues immortalisé par Diane Arbus. «Ce petit garçon, c'était moi avec mon bec de lièvre et mes dents en plein chaos. Toujours, le travail de Diane Arbus est resté présent en moi. Il a inspiré directement ma première photo, un autoportrait nu devant un miroir », raconte cet homme au regard intense qui devait avoir Arbus pour professeur à l'Apeiron Workshops Millerton (New York), juste après l'été 1971 où l'artiste se suicida. Il n'était qu'étudiant à la Rhode Island School of Design lorsqu'il réalisa en 1973 cet autoportrait où le plancher de la plage s'ouvre sur sa bouche béante et son torse bombé, pour redevenir sable, puis mer, puis ciel. La composition rappelle par sa dramaturgie mystérieuse les chevaux noirs se désaltérant dans les vagues dans Le Septième Sceau (Bergman, 1956). C'est le cri de l'artiste qui cherche la beauté dans la vie même.
Dans ses photographies, Arno Rafael Minkkinen éprouve les limites de son corps. Il apparaît, le plus souvent, seul sur ses photos. Il tord son corps nu et filiforme, dans des positions parfois acrobatiques, pour se glisser dans le paysage. Minkkinen cherche à surprendre par ses poses inattendues ou ses contorsions. Beaucoup d’images paraissent truquées bien qu’elles ne soient manipulées ni à la prise de vue ni au tirage. Le photographe lui-même ignore ce que seront les résultats de ses efforts lorsque l’appareil se déclenche et n’en prend connaissance qu’une fois la photo développée.
Les photographies exposées au Café Français ont été réalisées lors de nombreux voyages autour du monde depuis les années 1970, entre autres en Finlande, où Minkkinen est né et qu’il a quittée à l’âge de six ans pour les États-Unis, où il réside toujours.