Galerie Meyer Le Bihan 108 rue Vieille du Temple F-75003 Paris France
Des chemins qui ne mènent nulle part rassemblent cinq séries de photographies de Daphné Boussion.
Ces montages entremêlent les références et brouillent les pistes. On pourrait parler ironiquement de photographie méta historique.
C’est à dire une œuvre où se superposeraient les signes d'un monde à la fois contemporain et révolu, des tranches de vie et des références à l'histoire du médium. Ces séries nous proposent par l'enchaînement de séquences une histoire à écrire avec nos propres références et souvenirs.
De vanité en vacuité, ces images souvent désolées, parfois floues, font écho à la nature mélancolique de la photographie.
Étant la manifestation d'un instant à jamais révolu, toute photographie ne nous voue-t-elle pas à la nostalgie ?
Ces compositions d’images prises sur le vif jouent et interrogent certaines spéci*cités de la photographie, tels la lumière, la couleur, la vanité ou l’indicialité.
La série "Vanités" de 2002, revisite les codes classiques des memento mori, figurant l’attente et le temps qui passe.
"Toula Palace hotel", fut réalisée en 2002 dans un hôtel thermal abandonné, sur l'île d'Icaria en Grèce.
Trois dytiques y confrontent des pans de murs en "all over" à des objets évoquant le corps, le geste.
Le rapport à la peinture est très présent dans le travail de Daphné Boussion aussi bien par des références et des citations que par les cadrages parfois très serrés qui peuvent évoquer la peinture abstraite.
La série sans titre de 2004 fut réalisée à Marseille.
Composée de divers formats, elle propose un enchaînement de séquences en anadiplose. Dans cette série, les percées récurrentes favorisent le possible passage d'une image à une autre, on peut y voir une discrète référence aux "zips" du peintre Barnett Newman.
Sans titre 2006, sans montage ni alternance de formats, est composé de prises de vues d’un ensemble pavillonnaire construit dans les années soixante et abandonné avant d’avoir été terminé et donc habité.
Ces clichés pris en pose longue dans les sous-sols sombres de la résidence marseillaise, nous montrent les couleurs du béton qui au cours des décennies a subi l'eau, le feu, et l'usure. Ce matériau évoquant l'immuable, l’asepsie a aussi son histoire écrite en sa surface (on peut penser à "Olive stones" de Joseph Beuys)
Enfin les dernières photographies de 2008, de grands tirages de détails de trottoirs évoquent par renversement et jeu d’échelle, un paysage, un autre type de palimpseste.
Née en 1976, diplômée de l'école des beaux-arts de Marseille et des universités Paris 8 et Aix-Marseille 1, Daphné Boussion a reçu le prix de la photographie du 49e salon d'art contemporain de la ville de Montrouge et a exposé notamment à la galerie Le Lieu à Lorient. Elle vit et travaille actuellement à Nantes (44).