Paris Globe 5, rue de la Grange Batelière 75009 Paris France
En 1929, Jean Dréville a 23 ans et est à la caméra pour Wanneer de halmen buigen (Quand les épis se
courbent) un film d’un ami journaliste hollandais, Johan Raab Van Canstein. Un film moderniste et muet sur l’agriculture et le paysage hollandais.
Il tire des images de son film et en fait des photo-montages, témoins de sa fascination pour l’image fixe en mouvement.
Aller-retour entre les media. En 1928, il était passé de la photographie au cinéma; ici, un an plus tard, du cinéma, il revient à la photographie.
Il s'agit peut-être d’arrêter le temps du cinéma, de le ralentir, de donner au spectateur le temps de voir l’image, de se souvenir, de comprendre.
Le mouvement est présent dans tous les montages mais il s’invite vraiment dans celui où il y a un chien et une cloche. La cloche bouge vraiment. Par elle ce sont le mouvement et le son qui rentrent dans l’oeuvre.
Paradoxalement, des plans fixes d’un film muet donnent une oeuvre sonore et animée. Le mouvement de la cloche nous la fait entendre et nous fait entendre l'aboiement du chien.
Ces montages sont le lieu de confrontation d'images fixes, animées, du temps, du son.
L’histoire est verticale. C’est l’histoire du film, de l'image animée. Et elle est aussi horizontale. C’est l’histoire de l’image fixe, réinventée. Des œuvres multimédia.
Il s'agit peut être de raconter une histoire. Pour donner quelle image de la campagne et de l'agriculture?
Le film est un regard moderne porté sur une réalité traditionnelle, plus souvent source de nostalgie.
Le moderne, c’est la ville, les ponts, les constructions métalliques. Ici, c’est le regard, modernité de l'image. Un homme qui marche, un cheval, … Rien de bien moderne. Et pourtant! Chaque montage rapproche des images éparses dans le film. Clair-obscur, lumineux-sombre, formes.
Œuvres modernes, regard sur un film.