Philippe Guionie
Un regard photographique précis, léger et intime pour un sujet grave, laissant les justes parts à l’histoire et au «devoir de mémoire», à la pertinence du regard, à la créativité et à la poésie de la photographie.
Voilà comment j’ai tout de suite perçu le travail de Philippe Guionie, historien-photographe, photographe-historien, poète et pédagogue, pragmatique et intuitif…, qui cultive ces multiples facettes en nous offrant une oeuvre très riche, dense, composée de superbes photographies carrées, en noir et blanc. Chacune d’elles nous retrace une vie, avec respect et délicatesse et nous invite à nous questionner sur l’Histoire et sur le passé de ces combattants dévoués à la France.
Une exposition inédite, produite par l’association « Pour l’Instant », composée de 42 grands tirages argentiques noir et blanc, réalisés par Michel Paradinas à l’atelier de l’association, le « Coin photo ».
Les images s’accompagnent d’une installation sonore ou se mêlent les voix, les chants et les musiques des derniers tirailleurs africains rencontrés par Philippe Guionie.
Patrick Delat, directeur artistique
Le livre « Anciens combattants africain » photographies de Philippe Guionie et texte de Gaston Kelman, aux éditions Les Imaginayres, sera disponible sur place.
« Sénégal, Niger et Congo étaient les trois grands fleuves de l’ex-Empire colonial français.Trois chemins de pénétration et d’influence française que le tirailleur africain a emprunté dans son parcours d’homme et de soldat.
Aujourd’hui, la série « le tirailleur et les trois fleuves » propose de reprendre ces trois itinérances africaines pour poser un regard artistique et mémoriel sur ce patrimoine humain méconnu. Seconde Guerre mondiale, Madagascar, Indochine, Algérie, autant de conflits auxquels les anciens combattants africains ont pris une part importante.Vedette de la réclame et figure incontournable de l’imaginaire francophone,le tirailleur est un personnage historique complexe aux multiples lectures : symbole de l’aliénation coloniale pour les uns, exemple de fidélité pour les autres, sa bonhomie naturelle, si souvent louée, lui a attiré bien des sympathies et beaucoup de condescendance. Dépositaire d’une mémoire unique et originale de la francophonie, il est devenu un témoin privilégié des relations entre la France et l’Afrique. Cette démarche photographique associe photographies, textes et enregistrements sonores sur plus de 15 pays francophones : portraits de tirailleurs, leurs veuves et leur descendance (valorisation d’un patrimoine humain), reproduction de documents historiques rares et personnels (valorisation des sources manuscrites), photographies de paysages (valorisation de l’espace francophone) et enregistrements sonores (valorisation d’un patrimoine oral).
Ces tirailleurs africains sont, pour quelques années encore, nos contemporains. Ils vivent quelque part dans la brousse ou le bled, le quartier ou le foyer. Ce ne sont que des hommes devenus vieux dans leurs corps, déjà presque morts dans nos mémoires « oublieuses ». Ce ne sont que des femmes qui perpétuent sur le front de la mémoire, le visage et la parole de leurs vieux. Ce ne sont que des jeunes, descendants et ayants droit, qui savent ou ne savent pas. Ce ne sont que des jours de peur sans mémoire. Le tirailleur marche seul, sa mémoire aussi. »
Philippe Guionie