«Quelle force entraîne les foules de pèlerins à travers les plus hautes montagnes et l’étendue infinie des déserts? Qu’ont donc en commun ceux qui lèvent les mains au ciel et ceux qui frappent le front sur le sol?» Ainsi commence le texte liminaire par lequel Gabriel Bauret présente Le Don de Giorgia Fiorio.
La réponse est simple. Dans la plupart des pays, l’homme reste avant tout un croyant. Il possède des certitudes. Celles-ci demeurent liées à des gestes, inculqués depuis l’enfance. Ils sont parfois semblables d’un bout à l’autre de la Planète. Ils peuvent au contraire apparaître contradictoires. «Pourquoi certains sont-ils nus et d’autres couverts jusqu’aux yeux, d’autres rasés, polis comme des amandes, ou bien avec des cheveux longs, mêlés à la barbe dans d’immenses turbans?»
Du Japon à la Turquie
Ces manifestations de la foi, formées de rituels presque magiques, Giorgia Fiorio les a traquées pendant huit ans. Elle aura fait pour cela, par campagnes successives, plusieurs fois le tour du monde. Il faut dire que la Turinoise a ratissé large. Il fallait oser associer les lutteurs de sumo japonais aux pénitents philippins et les adeptes chinois du taî-chi aux derviches, qui tournent interminablement du côté de Konya. Ces regroupements, parfois audacieux, montrent surtout ce que ces purifications ont en commun. Le corps doit souffrir, car Le Don se mérite, mais l’eau viendra tout laver après l’effort.
On connaît l’art de l’Italienne, qui avait surpris dans les années 1990 avec ses monographies sur des milieux masculins, devenues au fil du temps simplement Les Hommes. La femme demeure fidèle à un noir et blanc très contrasté. Son format de prédilection reste le carré. L’artiste se permet cependant pour la première fois ici des panoramiques. Il y a, comme ça, des thèmes réclamant la largeur.