Krisal Galerie 25 rue du Pont-Neuf 1227 Carouge-Genève Suisse
Elles sont là, faites de bric et de broc, entre des fourrés d’épineux très denses et des tas de détritus laissés par les migrants. Vieilles couvertures et bâches de plastique sont jetées sur des barrières de sécurité ou des palettes de bois pour servir d’abris d’infortune à ceux venus d’Afghanistan, du Kurdistan, du Pakistan ou d’Iran qui rêvent de “passer” en Angleterre, nouvel Eldorado. Nouvelle vie. Entre l’espoir et la réalité, ils tentent chaque soir leur chance dans le port de Calais pour traverser la Manche, accrochés clandestine-
ment aux camions scannés aux rayons X et au détecteur de CO2.
Et c’est bien cette recherche d'idéal de liberté que le photographe Jean Revillard a révélée en dépassant le cliché. Son travail nous met alors en porte-à-faux entre nos propres rêves de robinsonnades et les misérables conditions de vie de ces migrants.
Car “Les cabanes de Calais” sont belles alors qu’on ne devrait y voir que du moche. Moche, en France, le migrant qui survit dans la forêt, la “jungle” comme il dit. Moche, la police qui détruit tout au petit matin.
Moche les rafles au repas du soir. Moche ce gamin qui cherche une vie meilleure et qu’on empêche, non pas de rentrer en France, mais d’en sortir.
Et pourtant, ces centaines d’adolescents, car ils ont souvent 15 ans, croient en leur aventure et en leur futur.
Ils sont partis de chez eux il y a 9 mois et le Chanel est la dernière étape. Beau, leur sourire quand ils parlent de l’Angleterre. Beau, leur accueil quand ils disent encore, entre le froid et la peur, “Welcome to my home”. Beau, “Les cabanes de Calais” qui, telles celles au fond du jardin de notre enfance, sont des touches d’évasion dans un monde fermé.