« Depuis que je la connais, il me vient des envies d'écriture qui tournent autour de son univers de photographe.
Karine Zibaut écrit, met sa voix au service de sa passion pour les mots mais, quand ils ne viennent pas, ou pas à l'instant où elle les voudrait là, elle se saisit de son appareil photo et s'empare du monde extérieur. Et d'elle-même.
Et ce que Karine fait de cette rencontre entre la matière organique du monde et elle-même, c'est-à-dire sa chair et ses émotions, me touche chaque fois plus. Alors, je ne m'étonne pas que se soit imposée, claire et nette, cette envie d'écriture. Comme une finalité, ou un commencement, fluide et dense, toujours en mouvement car je ne saurais jamais bien précisé ce qui débute et se qui se termine, et peu importe.
Ses récents clichés viennent mettre en relief un work in progress dans lequel je suis investie depuis plus de vingt ans. J'ignore encore ce qu'elle pense et ressent lorsque l'on prononce le mot de métamorphose mais, c'est bien par-delà la forme que mes mots viendront contourner, s'enrouler et de dérouler.
Le seul fait de pouvoir écrire sur son travail était déjà en soi un projet vivifiant, mais comme je ne sais pas résister à un désir, il m'est venu également l'envie d'incarner mon imaginaire dans le réel, de lui donner un décor, un corps, une chair, une plasticité, alors j'ai proposé à Karine Zibaut de faire une exposition. De scénographier image et texte dans le temps et l'espace. Pour que d'autres puissent s'y inscrire, à leur manière.
Mais pour l'instant, dans ce temps présent qui file et que je ne maîtrise définitivement plus, revenons au monde de Karine Zibaut, lui aussi en mouvement perpétuel. »
Lalie WALKER
Novembre 2007