Centre Régional de la Photographie Nord Pas-de-Calais Place des Nations 59282 Douchy-les-Mines France
L’exposition présente plusieurs séries photographiques ainsi que deux vidéos de Philippe Bazin. Les vidéos, récentes (2007), montrent un bébé endormi Noé et sa mère qui regarde Les yeux de Lise. Les photographies présentent une partie de la série Nés (1998-1999) réalisée à l’hôpital public de Maubeuge, Les Bourgeois de Calais d’après Rodin faites à Calais en 1995, Moulages ethniques (2003) photographiés pour le Musée des Beaux-arts de Dunkerque, ainsi que deux paysages de la série Battle Landscapes pris en Écosse lors d’une résidence en 2002.
Mais, si l’ensemble de l’exposition semble mettre en avant des oeuvres réalisées dans la région, là n’est pas son propos principal.
Il vaudrait mieux se poser la question de nos différents rapports à la violence de ce monde, celle que nous subissons tous à la naissance et qui fonde une expérience commune, ou celle de la guerre telle qu’elle s’est développée en Ecosse au Moyen- Âge ou telle qu’on l’a connue dans le Nord de la France plus récemment. Il s’agit alors de saisir les traces de l’oubli face à la permanence des savoirs historiques. La série des Bourgeois de Calais est emblématique de ce rapport ambigu à l’Histoire.
Pourtant c’est avec Moulages ethniques, série déterminante du photographe et qui clôt son cycle de 20 ans consacrée au visage, que s’affirme la complexité des relations de l’Histoire à la violence. Ces moulages ont en effet été réalisés dans les colonies françaises au xixième siècle sur des personnes vivantes, aux fins de classification raciale sur des bases pseudo scientifiques. Ce qui nous en reste, ce sont les traces d’un être vivant recouvert de plâtre blanc rapidement arraché à son épiderme, la trace d’une vie disparue, anonyme, sur laquelle nul ne se soucie de mettre un nom. Autre violence que cette perte qui nous atteint tous et qui refuse la dimension mémorielle accordée aux victimes dont l’Histoire veut bien se souvenir.
Enfin, dans une sorte de retour à la sphère privée, les deux vidéos de 2007 suggèrent peut-être comment s’établissent les relations entre une mère et son fils, et aussi comment l’oeil de la caméra crée de lui-même une situation de surveillance.