Maison des métallos 94, rue Jean Pierre Timbaud 75011 Paris France
Pierre de Vallombreuse ne cesse, depuis plus de vingt ans, de sillonner le monde pour photographier les minorités ethniques, devenant le témoin de peuples en proie à de grands bouleversements et souvent au coeur des zones de conflits.
Pour cette exposition qui présente soixante-dix tirages de formats très variés, du plus grand au plus réduit, la scénographie retrace les itinéraires de vie du photographe, mêlant différents reportages, d'actualités ou de voyages.
Ses photographies sont portées par une poésie, une étrangeté et une intensité qui saisissent les traces d’une humanité fragile et de ses profondes inégalités, comme en résonance avec les récits de l'écrivain Joseph Kessel ou les interrogations de l'anthropologue Claude Lévi-Strauss.
Poursuivant sa quête, Pierre de Vallombreuse offre un regard engagé sur le monde complexe dans lequel nous vivons, guidé par l'idée de « reliance », développée par Edgar Morin.
La photographie est longtemps restée pour moi secondaire, une sorte d’alibi. L’étudiant en bande dessinée que j’étais alors aux Arts déco, « malade de l’Occident », n’y trouvant pas sa place, rêvait d’évasion et d’horizons nouveaux. Je voulais partir aux antipodes, aborder une île lointaine, m’enfoncer dans la forêt jusqu’à me perdre. Je voulais fuir la « civilisation » pour aller vers l’origine des choses. C’est ainsi que je me suis retrouvé au coeur de Bornéo, partageant pendant plusieurs semaines la vie des Punan, une tribu nomade de chasseurs-cueilleurs hélas déjà en voie de sédentarisation.
Mais mon rêve d’exotisme a véritablement pris corps à Palawan, une île des Philippines, parmi les Taw Batu, les « hommes des rochers ».
Découvrir cette communauté aux moeurs troglodytiques a été un moment de pur bonheur, la soudaine concrétisation de tous mes rêves d’enfance, de tous les scénarios échafaudés dans mon imaginaire d’adolescent. C’était Le Livre de la jungle et Corto Maltese à la fois. C’était un royaume fantastique abritant des grottes mystérieuses, un peuple doux, mélodieux et poète, suffisamment anarchiste néanmoins pour être vivant. Là-bas, toute chose se résout par la parole, jamais par la violence physique. Ce caractère pacifique est d’autant plus énigmatique que Palawan est proche de Bornéo et ses coupeurs de têtes, de l’archipel des Mentawai et ses tribus belliqueuses, et des îles Sulu, repaire notoire de pirates et d’esclavagistes, dont les Taw Batu étaient régulièrement les victimes. Pourquoi, sous les mêmes latitudes et dans des conditions de vie similaires, vivent des êtres très violents et d’autres non, c’est là un mystère. Des esprits mystiques comme les hindous appellent cela le karma.
J’aurais pu me dissoudre dans cet endroit-là, tant je m’y sentais bien, et les Palawan eux-mêmes étaient ravis de voir un étranger s’intéresser à leur culture, eux que les gens de la côte raillent comme des singes. Bref, je suis tombé amoureux de cette petite vallée de Singnapan et de ses habitants, au point d’y retourner pendant presque dix années de ma vie. J’avais trouvé mon paradis.
Mes premières photographies là-bas ont eu la chance d’être exposées l’année suivante aux Rencontres d’Arles, avant d’être achetées par Géo. C’est ainsi que je suis entré dans la profession, un peu malgré moi. Mon travail sur les peuples autochtones, destiné avant tout aux magazines, me permettait de poursuivre mon rêve, d’organiser ma fuite. L’essentiel pour moi restait de vivre loin de l’Occident.
Plus tard, la Birmanie a représenté la phase culminante de cette photographie ethno-exotique destinée aux magazines, le temps aussi des premières interrogations. J’avais choisi un sujet peu verrouillé car la junte voulait développer le tourisme sur le lac Inle, un endroit sans conflits que les militaires voulaient promouvoir. Les Inthas sont d’anciens agriculteurs sédentaires qui, chassés par des vagues successives de migrations au temps des guerres siamo-birmanes, ont été acculés à vivre sur les eaux d’un lac. Dépossédés, ils se sont alors ingéniés à créer des jardins flottants faits de superpositions de racines et de matières végétales. Une petite civilisation lacustre est née, produisant légumes et fleurs. L’endroit est magique, de même que les Birmans sont des gens extraordinaires, cultivés, férus de poésie, malheureusement – et c’est tout le paradoxe – sous le joug d’un des régimes les plus violents de la planète.
Faire ce travail coloré et exotique dans l’enfer qu’était la Birmanie m’est apparu soudain déplacé, incongru. Ma vision d’un pays pouvait-elle se réduire à des images de pures cartes postales ? Ce malaise, cette sensation de désenchantement ne m’ont dès lors plus quitté, jusqu’à prendre une tournure douloureuse dans les derniers temps passés chez les Palawan. Quand j’ai vu ce peuple animiste se faire contaminer par des missionnaires protestants, une route s’ouvrir à proximité de leur vallée perdue, la forêt s’amenuiser autour d’eux, quand j’ai compris soudain comment allait finir ce monde où j’avais été si heureux, le rêve s’est définitivement brisé, et avec lui une certaine innocence. Tout ce travail « ethnophotographique réalisé jusque-là chez eux, illustrant les moindres aspects de leur vie, avec une assiduité qui m’avait valu du reste le sobriquet de « Tête de photo », quel sens cela avait-il ? En quoi était-ce utile, sinon pour constituer une iconographie complète sur les Palawans à l’usage des générations futures ? Je me faisais peut-être plaisir à moi-même, mais c’est dans l’immédiat et dans l’urgence qu’il fallait agir, pour alerter et témoigner sur la situation de ces minorités ethniques.
Cette remise en question a coïncidé avec l’obtention d’une bourse du ministère des Affaires étrangères m’offrant toute liberté, sans plus dépendre de la presse magazine. Je me suis rendu compte alors à quel point j’avais mis entre parenthèses ma formation artistique, privilégiant l’information ethnographique au détriment de l’image et du travail formel. À ce moment la photographie a commencé à prendre sa place, nourrie par quelque chose peut-être de plus constitutif de ma nature. Cet engagement nouveau m’a convaincu que les images devaient être encore plus fortes. En abandonnant la photo purement illustrative, je me suis trouvé en adéquation avec moi-même.
Ma prise de conscience s’est accompagnée d’orientations esthétiques nouvelles. Jusqu’alors, je faisais de la couleur un peu par paresse – les diapos dispensent des tirages –, et surtout pour me conformer aux exigences de la presse magazine, l’ethnographie moderne imposant de restituer au mieux les ambiances colorées, les détails vestimentaires, les parures et les peintures corporelles. Sans rien renier de mon travail
formateur, j’ai commencé à employer du noir et blanc, porteur d’un message différent. Le noir et blanc permet de dramatiser davantage, de se situer dans un cadre plus symbolique en gommant les informations qui distraient, l’anecdotique – combien de fois ai-je entendu avec agacement cette réflexion : « Ils ont des beaux tissus ! » Une même photo, en noir et blanc, raconte une autre histoire.
Des travaux aussi exceptionnels que ceux d’Eugene Smith à Minamata sur les conséquences de la pollution au Japon, ou de Josef Koudelka sur les Gitans m’ont ouvert certaines perspectives, mais, paradoxalement, j’ai été plus influencé par la littérature et l’histoire. Des auteurs comme Paul Nizan, Lévi-Strauss, Kessel, Malraux, Traven, m’ont beaucoup marqué. Je me sens dans la lignée de ces gens-là, refusant de fermer les yeux et montrant une vraie dimension humaine. Leurs livres, qui représentent à la fois l’aventure et une certaine révolte, je les projetais en images.
À leur contact, ma vision du monde s’est faite plus politique, plus militante. Je suis parti au combat. Les souffrances des minorités ethniques, les injustices et les agressions commises, faisaient aussi échos à des questions d’ordre plus intime, plus personnel, qui m’habitaient depuis longtemps. Durant mes années d’études aux Arts déco, la Shoah et les camps d’extermination m’ont occupé l’esprit jusqu’à l’obsession. Une telle chose était et reste pour moi de l’ordre de l’insondable. Mes lectures à l’époque ont été une descente aux enfers mêlant récits des bourreaux et témoignages des victimes aux écrits d’Hannah Arendt et Primo Levi, dans une tentative pour comprendre l’incompréhensible, pour me réapproprier peut-être aussi une histoire familiale. Des membres de ma famille avaient combattu les nazis, une personne était morte làbas. Plus perturbant encore, je garde une image fugitive, enfant, d’un film entraperçu quelques secondes par une porte – la télévision m’était défendue – où l’on voyait un wagon de marchandise s’ouvrir et des gens en être extraits sous les aboiements de soldats. Cette scène est restée gravée dans ma tête, associée à la certitude d’avoir affaire à la haine, au mal absolu. Ces questionnements n’ont, depuis, jamais cessé.
Sans doute est-ce là, pour une part, l’origine de mon engagement, de cette identification à la souffrance des minorités ethniques. Comme un chemin à accomplir, une expérience à vivre. Le paradis perdu des Palawans m’a mené, d’une certaine manière, jusqu’à l’enfer, en photographiant les Mayas au Chiapas, les Papous en Irian Jaya, les Dinkas au Soudan et bien d’autres ethnies en danger. Il me fallait témoigner de leur situation, montrer ce qu’implique aujourd’hui le statut d’autochtone. Que signifie d’être sous l’emprise des missionnaires, sur une terre contrôlée par la très fondamentaliste New Tribe Mission, comme l’illustre par exemple la quasi-démission des Indiens du Chaco au Paraguay, devenus une main-d’oeuvre bon marché pour les mennonites et les propriétaires terriens ? Comment vit-on des situations coloniales ou néocoloniales, ou encore la sortie d’une guerre ? Dans quelles incertitudes revient-on au pays cinquante ans après en avoir été chassé, comme les Tatars de Crimée victimes de la folie stalinienne ? Comment échapper à un génocide lorsqu’on est noir animiste ou chrétien, comme les Dinkas du Soudan, face à un gouvernement fondamentaliste musulman ? Ce sont des thématiques. Après, on découvre de belles et de moins belles histoires, telle la situation des Pygmées du Rwanda. Au coeur d’un des principaux génocides du vingtième siècle, ils ont été victimes et bourreaux. Se battre pour montrer ces situations dramatiques ne signifie pas qu’on absout les gens auprès desquels on se bat. Je ne prétends pas à l’objectivité absolue. La seule cause qui vaille à mon sens, la seule défendable, c’est le respect des identités et du libre arbitre de ces gens à décider de leur avenir, la liberté.
Travailler sur les minorités ethniques, c’est d’abord explorer le monde et ses habitants. C’est s’interroger sur la diversité des réponses à la vie sur terre. Je suis toujours curieux de savoir comment les gens se comportent, ce qu’ils pensent de la vie, de la mort, de l’amour, leur recours ou non à l’extrême violence… Cela s’apparente à une quête philosophique. Leurs cultures reflètent des modes de vie, des expériences, des choix qui nous concernent car nous avons tous besoin de confronter nos solutions, nos interrogations, nos découvertes, pour échanger.
Cette notion d’échange, oui, je la revendique totalement.
Dans mes images, je m’efforce d’ailleurs de trouver la part d’humanité qui demeure même dans les moments les plus durs. Je m’accroche à l’idée qu’une grâce subsiste en toutes circonstances – appelons ça une manière de survivre. Pour moi, l’esthétique renforce le plus souvent un témoignage. On a reproché par exemple à Salgado de faire de (trop) belles photos sur la misère, mais la réponse va de soi : si ses images n’étaient pas belles, les gens ne les regarderaient pas. Et dès lors qu’ils prennent le temps de les regarder, s’amorce une réflexion, sinon une prise de conscience.
Évidemment, un reportage, un livre, une exposition resteront toujours une goutte d’eau dans l’océan. Je suis sans illusion sur l’avenir, mais le silence est la pire des choses. Ma motivation reste donc entière, d’autant qu’il y a malgré tout de petites victoires de temps à autre. Je sais par exemple que les Innus se sont servis d’un reportage publié dans Géo pour plaider leur cause auprès du gouvernement canadien et entamer
des négociations. Je sais aussi qu’une convocation à l’ambassade indonésienne ou mexicaine donne du prix à des images montrant des choses censées ne pas être vues parues dans Géo. Au Chiapas, j’ai montré l’horreur, les corps éventrés, d’où ces protestations diplomatiques.
En Irian Jaya, il m’a fallu six mois durant mystifier les autorités indonésiennes pour obtenir des visas successifs, déguisé en touriste, me faisant imprimer des tee-shirts avec l’inscription irian jaya, number one for trekking, afin de photographier la guérilla papoue et l’armée, sujets strictement interdits. Certes, ce sont de maigres victoires, des petits riens qui n’influencent généralement pas le cours des choses, mais est-ce une raison pour s’arrêter ? Il faut savoir à l’occasion accepter la manipulation, en faire son alliée. C’est particulièrement vrai dans les situations de conflits armés. Quand, en Colombie, on m’a laissé faire les premières photos de paramilitaires à visages découverts, j’étais à l’évidence manipulé et l’ai accepté en pleine connaissance. Les AUC voulaient communiquer, faire connaître leur cause ? Soit. Chacun y trouvait son compte. Les peuples en situation de détresse comme au Chiapas, au Soudan, en Papouasie, eux, sont toujours en demande de tels témoignages. C’est extrêmement triste d’ailleurs, car ils attendent d’un reportage des retombées qu’il n’aura probablement jamais.
La manipulation peut se révéler parfois plus embarrassante et tourner à l’escroquerie, comme au Sud-Soudan, dans la région du Bahr el- Ghazal. Il y a quelques années, une ONG a pris fait et cause pour le rachat de milliers d’esclaves dinkas victimes des milices arabes du Nord, les Murahileen, orchestrant un formidable battage médiatique, levant des fonds par millions de dollars, organisant des charters avec journalistes et photographes – dont j’étais –, pour assister au retour en rangs parfaits de ces esclaves. La cause était belle, généreuse, le sujet photogénique à souhait. Cette exhibition de pauvres hères avait pourtant, dans son traitement presque hollywoodien, quelque chose de dérangeant, et pour cause. Ces soi-disant esclaves, comme l’ont révélé certains témoignages, étaient pour la plupart constitués d’une figuration locale recrutée pour la circonstance. Le système est-il à ce point perverti pour permettre de telles manipulations et laisser des ONG défendre des objectifs autres qu’humanitaire, au risque de précipiter les Dinkas dans une détresse supplémentaire ? Aujourd’hui, je n’ai pas encore trouvé la réponse qui m’apaisera. Ces situations à travers le monde continuent de me torturer, et c’est en poursuivant ce travail de témoignage que je parviens à survivre, dans ce lien du personnel à l’universel. Renoncer, encore une fois, serait pire que tout. Car comment ne pas voir qu’eux, c’est nous ? Cette diversité malmenée, cette fragilisation des minorités ethniques font tristement écho à nos propres dérèglements sociaux. Tout comme nos sociétés marginalisent les plus faibles, le système mondial tend à exclure, par indifférence, intérêt ou cynisme, les minorités ethniques.
Pour quelques conflits (sur)médiatisés, combien de guérillas obscures, de peuplades oubliées, d’exterminations silencieuses. En Irian Jaya, la partie occidentale de la Nouvelle-Guinée, quelques ethnies papoues, pour certaines encore non contactées, tentent de résister, armées d’arcs et de flèches ou d’invraisemblables pétoires, à la colonisation indonésienne et sa transmigration planifiée : par centaines de milliers, Javanais, Balinais et Sumatrais quittent leurs îles surpeuplées pour cette riche « province ». Mais de l’Irian Jaya, on ne parle jamais.
Les Indiens du Guatemala, pour échapper à la traque de l’armée guatémaltèque, lors du plus violent et du plus sanglant conflit qu’ait connu l’Amérique latine, ont dû apprendre à vivre cachés dans la forêt, contraints à d’incessants déplacements, sans un bruit, sans une parole, allant jusqu’à couper les cordes vocales de leurs poulets et obstruer la bouche des enfants à l’aide de chiffons pour s’assurer qu’aucun son, aucun cri, aucun pleur n’attire l’attention des militaires. Ces naufragés de la jungle guatémaltèque étaient devenus silencieux comme des tombes. Personne n’en a rien su pendant des années.
Dans le Triangle d’or, au nord de la Thaïlande, certaines ethnies condamnées de longue date aux migrations frontalières se retrouvent sans titre de citoyenneté et privées d’assise économique, conséquence d’une déforestation massive. Méprisés par l’État thaïlandais, ces peuples en déliquescence sont ravagés par la toxicomanie, la prostitution, le sida… Certains villages akhas ou lizus sont totalement sinistrés : plus de la moitié des hommes sont héroïnomanes, et l’on compte chaque jour des morts du sida. En deux voyages là-bas, on revient assommé. Ce sont des mouroirs, des villages de morts-vivants. Pourtant, des touristes en quête d’attractions exotiques, comme les y invitent d’ailleurs les dépliants officiels, viennent prendre des photos de villageois en costume – quand ils sont encore en costume – ou de la traditionnelle fête de la Balançoire, rituel de passage des femmes à l’âge adulte, sans se rendre compte de la tragique réalité.
Les minorités ethniques ont-elles encore un avenir ? Leur intégration n’est-elle pas totalement « désintégrante », selon l’expression d’Edgar Morin ? Quand on se trouve dans l’obligation de jouer le jeu du monde, de le comprendre et de s’adapter, défendre ses particularismes est une gageure. Certains y laissent tout, leur culture, leur langue, leur âme et jusqu’à leur vie. Je ne défends pas l’idée horrible de non-évolution, au contraire, car l’évolution est synonyme de vie, mais au rythme et selon la volonté de ces peuples. D’autres peut-être vont ressurgir, à l’exemple des Amérindiens Séminoles de Floride qui, forts de leur souveraineté retrouvée sur leurs terres tribales et du rachat de tous les Hard Rock Cafe de la planète, se déclarent maintenant prêts à conquérir les États-Unis… À l’exemple aussi d’Evo Morales, premier Amérindien – de père quechua et de mère aymara – porté au pouvoir dans un État d’Amérique latine. L’Histoire n’est pas figée.
Quelques irréductibles enfin, telles certaines tribus d’Amazonie, refusent obstinément tout contact. Ils connaissent notre existence, nous observent à distance, mais nous évitent depuis toujours, comme s’ils en pressentaient les dangers. Personnellement, j’ai toujours eu pour règle de ne jamais photographier des peuples non contactés, pour respecter leur choix. Un de mes plus beaux souvenirs reste mon contact avec des coupeurs de têtes – qui ont refusé que je vienne chez eux. Pour y faire quoi au fond ? Un scoop mondial et perdre son âme? Il m’est cependant arrivé de rencontrer des tribus papoues, au coeur de la forêt primaire, où manifestement peu d’étrangers s’étaient rendus et où le Blanc restait un objet de mystère. Quand on se réveille le matin entouré d’une trentaine de personnes qui n’ont cessé d’observer votre sommeil, comme pour s’assurer qu’on n’était ni un fantôme ni un dieu tombé du ciel, on se surprend à penser que l’histoire de l’homme n’est peut-être pas encore définitivement écrite.
Pierre de Vallombreuse.