Château de la Tour d'Aigues 84240 LA TOUR D'AIGUES France
Cette extraordinaire collection d’appuis-tête rapportés par Hans Silvester de ses nombreux voyages en Afrique comme autant de coups de coeur. est certainement la plus importante collection privée connue à ce jour. Une sélection de plus de 200 pièces fait, pour la première fois, l’objet d’une exposition que nous présentons dans les salles voûtées et au premier étage du pavillon du château de La Tour d’Aigues.
Ces objets du quotidien sont de véritables oeuvres d’art populaire. Les artistes en contact avec les formes et la création, préfèrent les objets de taille réduite auxquels ils apportent tout leur savoir-faire et leur inventivité.
S’ils étaient peu connus jusqu’à maintenant, c’est qu’ils faisaient partie des objets utilitaires et n’intéressaient que peu les collectionneurs qui recherchaient davantage des sculptures ou encore des masques. Seules les pièces majeures retenaient leur attention mais, depuis quelques années, un engouement croissant pour les arts premiers s'étend même au grand public et il nous paraît important de faire partager cette découverte Les plus anciens appuis-tête connus ont été retrouvés en Egypte où on les nommait « chevets » et leur datation remonte à plus de 5000 ans D’extraordinaires appuis-tête ont été découverts sur le continent asiatique, Japon, Chine.. où ils portent le nom d’oreillers. Mais aussi en Inde, en Europe et en Océanie. On en trouve de remarquables en Indonésie et en particulier dans l’île de Bornéo.
La large utilisation des appuis-tête dans certains pays d’Afrique et dans d’autres parties du monde depuis des temps immémoriaux peut résulter d’inventions similaires nées d’un même besoin. Il s’agit d’un véritable phénomène mondial.
Soumis à des contraintes strictes de fabrication (hauteur, arrondi..) l’artiste devait adapter le support à l’anatomie humaine ce qui n’entravait pas la force de son inspiration. Comme leur nom l’indique, les appuis-tête ou appuis-nuque servent à soutenir la tête en position allongée. Ils sont sculptés dans du bois, parfois avec une lanière de cuir ou une corde pour les transporter. Certains nomades d’Afrique noire transportent encore, de nos jours, des appuis-têtes attachés à la ceinture. Des clous peuvent servir à leur décoration.
La finalité apparente semble être le repos de l’homme mais pas seulement, ils ont une fonction de protection qui isole le dormeur du contact avec le sol.
Un usage spécifique en est fait dans certaines tribus pour protéger une coiffure élaborée. Ils favorisent aussi la venue des rêves et peuvent également avoir une fonction divinatoire, notamment chez les Luba (Congo) ou ils servent de supports à l’instrument de divination. Les formes sont parmi les plus riches. Esthétique et fonctionnalité trouvent dans ces oeuvres leur point d’équilibre.
D’autres leur attribuent le pouvoir magique d’intermédiaire entre le rêveur et l’au delà.
« … Les formes et les systèmes de représentation mis en oeuvre dans les appuis-tête structurent des figurines qui prennent souvent sens à travers un langage très codifié : celui-ci se fonde sur une dialectique de l’efficace et du symbolique.
L’homme vit dans deux univers celui de la quotidienneté et celui de la spiritualité, lesquels entretiennent des rapports complexes et complémentaires. Ainsi à travers les croyances et les rites se dessine la préoccupation essentielle des modalités de passage entre l’univers des vivants et celui de l’au-delà… »
Christiane Falgayrettes
Au premier étage du pavillon :
LES SURMA - VALLEE DE L’OMO - ETHIOPiE
De cette région d’Ethiopie, la vallée de l’Omo, berceau de l’humanité, où il a séjourné à maintes reprises ces dernières années, Hans Silvester nous fait découvrir à travers son livre « les peuples de l’Omo » les modes de vie et les coutumes ancestrales de ces peuples des origines et les parures de corps peintes à partir de terre , de graisse animale, de plantes Les corps nus se parent de couleurs, de motifs géométriques et abstraits Hans Silvester a aussi rapporté de cette région des appuistête qui ressemblent à autant d’insectes géants.
Ces « insectes », directement coupés sur l’arbre sont toujours munis de trois pieds, ils sont taillés d’une seule pièce et les artistes repèrent immédiatement la branche qu’ils transformeront en quelques heures en support de rêves pour leur prochaine nuit. Ces appuis-têtes ornés de motifs décoratifs réalisés par brûlage n’ont pas de signification particulière et le seul but étant d’embellir ces objets.
Hans Silvester s’est interrogé sur la permanence de la présence de trois pieds et la réponse obtenue est que seul le créateur peut créer des oeuvres à quatre pattes.
Présentés à l’étage du pavillon, le cheminement de fabrication de ces appuis-têtes sera illustré par une série de photographies de Hans Silvester.