Galerie L'oeil du Huit 8 rue Milton 75009 Paris France
Les heureuses coïncidences
Bernard Drouillet est musicien. Un improvisateur. Cette introduction peut sembler incongrue pour écrire quelques mots sur le travail de ce photographe. Moins qu’il n’y paraît : les trois composantes principales de la musique sont présentes avec bonheur dans ses photographies. Le rythme des lumières, l’harmonie des lignes et des formes et la mélodie parfois discrète mais presque toujours essentielle des êtres qui y figurent. Comme en musique, surtout improvisée, ces images sont le fruit de son talent et de sa technique maîtrisée associés à une écoute patiente et bienveillante de l’autre, de la situation. Si les coïncidences heureuses, jubilatoires, qui nous touchent dans ces compositions, sont dues au hasard, en faire une représentation photographique est, à l’inverse, le résultat d’une longue patience, d’une solide détermination, d’une parfaite disponibilité et d’une précieuse liberté. Cette liberté liée au choix de Bernard de faire naître ses visions et de nous les offrir en partage uniquement pour elles-mêmes, en dehors de toute contrainte professionnelle.
Ces photographies naissent d’une présence au monde, à soi-même. Cette présence qui exclue tout ressassement du passé, inquiétude concernant l’avenir et qui nous invite à éprouver l’émerveillement de l’instant sans cesse revivifié, neuf, créatif et tranquillement joyeux.
Le travail de Bernard Drouillet est profondément utile en ce sens qu’il nous incite à résister aux tendances générales actuelles qui nous aspirent et sont axées sur la nostalgie de souvenirs révolus et la peur d’un futur qui nous inquiète
La liberté et l’originalité dont ce photographe fait preuve n’excluent pas de sa part la revendication de s’inscrire dans un certain courant esthétique. On reconnaîtra sans difficulté l’influence d’un certain H. C.–B. . Mais loin d’en être la pâle copie, il en est le digne héritier.
Luc Baby, graphiste et musicien.