Série Dressage, 2007 © William Klein
Maison Européenne de la Photographie 5, 7 Rue de Fourcy 75004 Paris France
Un projet d’Agarttha Arte «Piémont. Une définition»
Figures imposées
En 2007, Adele Re rebaudengo, Présidente d’Agarttha Arte, a proposé à William Klein de réaliser un reportage pour le moins inattendu : couvrir le concours de dressage organisé par le Centre International du Cheval de la Venaria Reale à Turin. Il fallait le « culot » de William Klein pour relever un tel défi. Réalisées en trois jours, ces images reflètent une situation antiphotographique. Un concours de dressage, en effet, est comme un subtil jeu de lenteur, savamment codifié, et dont l’intérêt échappe au spectaculaire. Comment, dès lors, en rendre compte, sinon en substituant à de purs concepts d’initiés un jeu de couleurs et de formes ? William Klein transforme cet « essai » et nous offre, comme à son habitude, une exposition hors normes et légèrement décalée.
JLM
Commissaires : Adele Re Rebaudengo et Jean-Luc Monterosso
Dressage, s’inscrit dans le projet «Piémont. Une définition». Dans ce projet, il ne s’agit pas seulement de constituer des archives mais de créer un patrimoine. Celui-ci prendra corps de commande en commande, de photographe en photographe, d’exposition en exposition. Patrimoine d’échanges entre les artistes et les institutions étrangères, mais aussi et surtout, patrimoine artistique qui, au fil du temps, témoigne de l’activité culturelle et créative de la Région et du pays.
Le projet «Piémont. Une définition», dont Adele Re Rebaudengo est commissaire, sollicite chaque année un artiste afin de produire, sous forme de carte blanche, un travail artistique. Après Alain Fleisher en 2006, c’est William Klein qui a été choisi en 2007 pour illustrer cette initiative.
Pour laisser une trace permanente de l’heureuse relation qui s’est instaurée avec la Maison Européenne de la Photographie, la Région Piémont, UniCredit Group et Agarttha Arte, ont décidé d’offrir aux collections de la MEP cinq oeuvres de William Klein.
Ajoutons que ce projet n’aurait pas été possible sans l’aide précieuse de Région Piémont, Fondation CRT, Compagnia di San Paolo, UniCredit Group, Bentley S.o.A S.p.A et Dupon.
La Fondation du Centre International du Cheval est une initiative de la région Piémont dans le cadre du projet de restauration de la « Veneria Reale ».
Le Centre se trouve dans le « Parc régional de la Mandria », la construction du palais date du milieu du XVIIe siècle sous le règne de Carlo Emanuele II. La « Veneria » fut ensuite agrandie par Vittorio Amedeo II après la victoire sur la France en 1706 et la transformation du Duché en Royaume en 1720. A cette date sont affrétés plusieurs centaines de chevaux pour la chasse et les divertissements de la cour. En abritant un centre équestre à la « Veneria Reale », le bâtiment renoue avec les brillantes traditions du passé tout en devenant un lieu de recherche innovant sur les sports hippiques.
L’activité scientifique se concentre autour de l’étude et l’application de nouvelles méthodes d’entraînement dans le respect des athlètes et des chevaux. Des événements sportifs à dimension internationale sont également organisés au Centre, comme la Compétition Européenne de Dressage qui s’est déroulée pour la première fois en Italie en 2007.
Championnat européen de dressage, FEI, 31 août - 2 sept 2007
Quand William Klein, jeune peintre américain sort de l’atelier de Fernand Léger et s’empare d’une camera il invente une nouvelle forme de modernité photographique ; John Sarkovski, conservateur du département photo du MoMA écrira un peu plus tard, a propos de « Life is good and good for you in New York » publié par les Editions du Seuil en 1956, que ces images « étaient les plus osées ...et les plus distanciées qui soient des critères formels alors en vigueur.» Photographe des foules urbaines, celles des manifestations et du sport il ne s’était jamais penché sur le monde du cheval avant qu’on ne lui demande de photographier une compétition internationale de dressage dans le cadre somptueux de la Veneria Reale de Turin durant l’été 2007. Des trois disciplines olympiques : CSO (concours de saut d’obstacles), concours complet et dressage, le dressage est certainement le type de compétition le moins spectaculaire et le plus difficile a expliquer au néophyte. Les principes en sont pourtant simples et a la base de toute équitation qu’elle soit sportive ou académique: rendre au cheval, dont l’équilibre a été altéré par le poids du cavalier, ses « allures » naturelles. Xénophon au Vème siècle avant Jésus Christ notait déjà que « conduit par une main légère...relevant son encolure et ramenant sa tête avec grâce, il prendra l’allure fière et noble dans laquelle il se plait naturellement car quand il revient près des autres chevaux, surtout si ce sont des femelles, c’est alors qu’il relève le plus son encolure, ramène sa tête d’un air fier et vif, lève moelleusement les jambes et porte la queue haute. Toutes les fois qu’on saura l’amener à faire ce qu’il fait de luimême lorsqu’il veut paraître beau, on trouvera un cheval qui travaillant avec plaisir, aura l’air vif, noble et brillant. » Ce que François Faverot de Kerbrech, dernier écuyer de Napoléon III, confirme en écrivant en 1891 que pour que le cheval soit « facile et agréable a monter il faut qu’il soit bien équilibré, droit d’épaules et de hanches, avec la tête constamment fixe et placée et qu’il conserve de lui-même son équilibre....il faut que toute défense, toute résistance instinctive ait disparu. Enfin pour qu’il soit brillant, il faut qu’on puisse à volonté l’asseoir, grandir ses mouvements et relever ses allures.» (1) Mais ces principes simples s’expriment à travers les figures d’école de l’équitation académique que le temps a codifiées et qui peuvent sembler artificielles et maniérées. Tout l’art de William Klein est d’avoir choisi de porter un regard extérieur sur ce milieu un peu fermé et d’éviter tout didactisme. Il est d’une grande justesse : l’impeccable élégance d’un cavalier portugais au passage, les interminables attentes dans les vans ou dans l’écurie, la chaleur de l’équipe autour de ses « champions » ou sur le podium et surtout les enfants, leurs sourires et leur complicité ravie avec les chevaux. Ces images transmettent parfaitement tout ce que ce monde, réuni autour du cheval, a de vivant, de coloré et de chaleureux.
Alain Sayag
(1) cité par Patrice Franchet d’Esperey, La main du maître, réflexions sur l’héritage
Biographie Adele Re Rebaudengo
Adele Re Rebaudengo a exercé durant quelques années la profession d’avocat puis est entrée au service de la région du Piémont où elle s’occupe des activités culturelles liées à la Reggia della Veneria
Reale et au Centre International du Cheval.
Elle travaille depuis des années, en association avec la Fédération italienne de sport équestre, sur le bien-être de l’animal.
Il y a une vingtaine d’années, elle a fondé Agarttha Arte dont elle est présidente, association destinée à promouvoir des manifestations artistiques sur le plan international.
Elle a produit et organisé des festivals de cinéma et théâtre et collaboré notamment avec l’Institut Luce de Rome.
Seule ou en association avec l’éditeur Umberto Allemandi, les éditions Contrasto et l’université de Turin, elle a publié de nombreux ouvrages d’art : « Antiche Case della Nobilità », « Alain Fleischer », « Théâtres Historiques », « Collections d’Art Contemporain ».« William Klein »
entre autres.
Elle a par ailleurs organisé des expositions de photographie au Castello de Rivoli, au musée d’art contemporain de Turin, à la Maison Européenne de la Photographie à Paris, à Moscou et à Barcelone
(Keichi Tahara, Raymond Depardon, Ralph Gibson, G. Fiorio).
Actuellement elle suit trois projets avec les artistes William Kentridge, Sarah Moon, Jean Michel Fauquet, Gabriele Basilico et Frank Horvat.