Gilbert Garcin. Faire de son mieux. 1999. © Galerie Les Filles du Calvaire, Paris, Bruxelles
Place de la Mairie Rennes Place de la Mairie 35000 Rennes France
Le photographe Gilbert Garcin présentera "L'homme qui est une image", une exposition de quarante photographies grand format, du 5 septembre au 1er octobre 2008 à Rennes, place de la Mairie.
Né en 1929 à La Ciotat, Gilbert Garcin, ancien patron d'une fabrique de luminaires, joue avec ses autoportraits et clone sans complexe sa silhouette de "Monsieur Toutle- Monde".
Bricoleur et illusionniste, il se met en scène dans les situations les plus surréalistes. Par ses créations, il élabore peu à peu une sorte d’autobiographie fictive, qui est aussi une philosophie de la comédie humaine.
Après avoir accueilli les expositions “Vaches” de Thierry des Ouches (2004) et “L’homme et l’eau” de Sebastião Salgado (2005), la Ville de Rennes a choisi de présenter, chaque automne, une exposition de photographies à ciel ouvert, place de la Mairie. En 2006, les Rennais ont pu découvrir le travail de Klavdij Sluban, avec l'exposition “D'ailleurs…” puis, en 2007, “Quelques-uns d’entre nous” de Steve McCurry, de l'agence Magnum.
Ce temps fort de la rentrée culturelle nourrit l’ambition de partager avec les Rennais le travail d’un photographe de renommée internationale, dépositaire d’une oeuvre artistique féconde et d’un regard neuf sur la société moderne.
Depuis quatre ans, la Ville de Rennes accueille chaque automne une exposition de quarante photographies grand format (120x180), place de la Mairie.
Organisé à ciel ouvert sur l’espace public, ce temps fort de la rentrée culturelle nourrit l’ambition de partager avec les Rennais l’oeuvre d’un photographe de renommée internationale, dépositaire d’une oeuvre artistique féconde et d’un regard neuf sur la société moderne. Thierry des Ouches (2004), Sebastião Salgado (2005), Klavdij Sluban (2006) et Steve McCurry (2007) ont été les premiers à honorer l’invitation de la Ville de Rennes, attentive à concevoir et produire une façon originale de présenter leurs travaux.
Couleurs, noir et blanc, photojournalisme, carnet de voyage, clichés intimistes ou naturalistes… Chaque exposition aborde la photographie sous le signe de l’excellence artistique et de l’émotion. Volontiers porteuse d’un regard humaniste sur le monde et ses contemporains, elle ouvre sa focale sur d’autres horizons culturels, comme une invitation au voyage poétique ou à la réflexion citoyenne.
Accessible à tous les publics, simples passants ou amateurs avertis, cet événement traduit la volonté de la Ville de Rennes de favoriser l’accès de tous à la culture. À ce titre, le choix de son implantation a valeur de symbole : 20 000 personnes traversent chaque jour la place de la Mairie.
Gratuite, éclairée sous un jour nouveau dès la tombée de la nuit, l’exposition demeure visible à tous les instants de la journée. Présentée dans la rue, en parallèle des circuits traditionnels, elle offre l'occasion d’élargir localement la scène de diffusion des arts plastiques.
Art devenu populaire, la photographie offre un angle propice au développement d’une politique culturelle ouverte sur l’échange et la diversité. D’une année sur l’autre, le succès populaire de l’évènement ne se dément pas.
"En soixante-dix ans, on a amassé dix mille souvenirs, on a une sorte de grenier dans la tête. Des choses empilées qui finissent par resurgir", explique le photographe Gilbert Garcin, qui semble bien décidé à profiter de sa retraite pour faire le ménage dans son propre grenier. Visage de père tranquille, crâne respectablement dégarni, cravate discrète sur une chemise rayée, gabardine anthracite, pantalon foncé et soulier noir, cet ancien patron d'une fabrique de luminaires a l'allure du parfait septuagénaire au-dessus de tout soupçon.
Débris rescapés du Meccano de son fils, bouts de ficelle et petits cailloux… Armé de colle, de ciseaux et de son appareil photo, il bricole de minuscules maquettes, pour lesquelles il bidouille des éclairages "pour faire vrai" et photographie ainsi, jour après jour, les différents actes de son petit théâtre intérieur. Jouant avec ses autoportraits et clonant sans complexe sa silhouette de "Monsieur Tout-le-Monde", il se met en scène dans les situations les plus surréalistes. Le voici donc tour-à-tour Sisyphe poussant son énorme pierre, ou pauvre hère derrière une pendule à Courir après le temps, L'égoïste jouant à saute-mouton avec lui-même à perte de vue, ou Le Paon faisant la roue avec sa propre effigie.
"Nous sommes tous plus ou moins en représentation, n'est-ce-pas ?", commente, d'un ton malicieux, le délicieux bonhomme, qui manipule allègrement, avec un zeste de naïveté, un goût appuyé pour le surréalisme et un sens hitchockien de sa propre mise en scène. "Je prends des notes, j'accumule, puis je laisse un peu reposer, puis je décide quel tableau je réalise", commente-t-il en sortant de ses poches, bourrées de petits papiers, les croquis de ses futures compositions. "Il ne faut pas qu'il y ait un trop grand écart entre ce que j'imagine et l'image définitive. Mais, maintenant que j'ai plus d'expérience, je me trompe moins !" Le virus du bricolage, associé à l'art de la photographie, ce Marseillais de souche l'a attrapé au cours d'un stage à Arles, dans les années 80, avec le photographe Pascal Dolemieux, maître illusionniste lui-même, qui l'initia aux charmes secrets des paysages microscopiques avec deux clous, trois allumettes et quelques morceaux de sucre.
Depuis, ce vague cousin de Tati, ce fils spirituel de Magritte fabrique avec humour et une pointe d'intranquillité des tableaux parodiques, n'hésitant pas à se moquer de lui-même et de nous tous, par la même occasion. Ne pas tourner en rond, Connaître ses limites, Etre maître de soi. Faisant des maximes ses choux gras, de fil en aiguille, Gilbert Garcin élabore non seulement une sorte d'autobiographie fictive, mais aussi toute une philosophie de la comédie humaine. Sans oublier sa dernière lubie : il propose aux autres photographes de mettre en scène sa propre effigie dans les coins les plus reculés de la planète. Une façon d'être partout à la fois, y compris dans l'oeuvre des autres.
Armelle Canitrot, critique photographique