Cour rue Voltaire, 1922 Aristotype d’après négatif sur verre au gélatino-bromure d’argent. Collection Musée de l’Ile-de-France, Inv. n°94.19.1.11 Crédits photographiques : Pascal Lemaître Eugène Atge
Domaine de Sceaux Ecuries du domaine de Sceaux 92330 Sceaux France
Le Conseil général des Hauts-de-Seine propose de découvrir une nouvelle exposition consacrée à Eugène Atget (1857-1927), photographe français de renommée internationale, dont l’influence marqua tout le 20ème siècle.
Depuis l’exposition et la publication en 1991 de 127 photographies d’Eugène Atget sur les Hauts-de-Seine, le fonds du musée de l’Ile-de-France, qui rassemble les vues des environs de Paris, s’est accru, notamment par deux achats importants : en 1993 entrèrent d’abord dans les collections plusieurs objets et des documents ayant appartenu au photographe ; puis ce furent, en 1994, deux albums photographiques sur Sceaux, respectivement sur la ville et sur le parc. Ce sont ces deux dernières pièces exceptionnelles que le musée présente aujourd’hui.
Les collections de photographies du Musée de l’Ile-de-France et le fonds Eugène Atget
Le Musée de L’Ile-de-France
Le musée de l’Ile-de-France, propriété du Conseil général des Hauts-de-Seine, est situé au cœur du parc de Sceaux. Il présente ses collections dans quatre bâtiments historiques : le château du Second Empire, le Pavillon de l’Aurore, l’Orangerie et les Ecuries qui datent du troisième quart du 17e siècle.
Ses collections variées (peintures, céramiques, mobiliers, dessins, gravures, affiches, photographies) évoquent le riche passé artistique de la région parisienne du 17ème siècle à nos jours et l’histoire du domaine de Sceaux.
Son centre de documentation (accessible sur rendez-vous) met à la disposition des chercheurs l’ensemble des œuvres et des documents via ses bases de données ainsi qu’une importante bibliothèque. Il possède également une documentation historique et iconographique unique sur le patrimoine et l’architecture de toutes les communes d’Ile-de-France.
La visite du musée peut se prolonger par une promenade dans le parc. Les parterres, alignements et perspectives sont l’œuvre d’André Le Nôtre, créateur de jardins réguliers au 17ème siècle où la nature domptée, est dominée par le génie de l’homme. Le parc offre
180 hectares de verdure, de jeux d’eau et d’espace de détente.
Acquis et aménagé par Jean-Baptiste Colbert en 1670, le Domaine de Sceaux, propriété du Conseil général des Hauts-de-Seine, retrouve aujourd’hui la sobre majesté qui fit sa renommée. Depuis une quinzaine d’années, le Conseil général entreprend la restauration des bâtiments. Les travaux ont, dans un premier temps, concerné le château actuel, puis le pavillon de l’Aurore, et récemment les écuries, reconverties en salle d’exposition. Ce bâtiment en U choisi par Colbert a déjà accueilli quatre expositions temporaires « Les architectures du domaine de Sceaux du XVIIe au XXIe siècle », « Entre Cour et Jardin, Marie-Caroline, duchesse de Berry », « Parcours d’un collectionneur. L’histoire, la fable et le portrait » et « Le voyage en images de Carmontelle », actuellement présentée jusqu’au 18 août 2008.
Ses collections de photographies
Le musée conserve un fonds de photographies argentiques et numériques, qui compte aujourd’hui 80 000 images. Il s’agit des reproductions des œuvres faisant partie des collections et de nombreuses photographies documentaires sur l’Ile-de-France, à travers ses paysages et son patrimoine, du milieu du 19ème siècle à nos jours.
Le fonds Eugène Atget
Parmi les institutions patrimoniales qui conservent aujourd’hui les photographies d’Eugène Atget, la spécificité du Musée de l’Ile-de-France réside dans la collection des photographies de la région parisienne -hors Paris-, qui appartiennent pour la plupart à la série Environs de Paris, commencée en 1901. Le musée en détient à ce jour 947 épreuves. Tous les départements autour de la capitale sont représentés.
Ce fonds a été constitué de deux façons : un fonds initial provenant du Musée Carnavalet, reçu à l’ouverture du musée, en 1937 ou peu après sa réouverture, après la seconde guerre mondiale en 1949, puis des achats : en 1953, le musée a fait l’acquisition de 355 clichés auprès d’un particulier. A l’époque il était possible d’acheter des lots entiers. Aujourd’hui, les photos d’Atget sont vendues à l’unité.
En 1991, l’exposition « Les Hauts-de-Seine en 1900, 127 photographies d’Eugène Atget » a été consacrée au photographe et un catalogue publié. Depuis, les achats ont repris : sept photographies en 1990, vingt-huit en 1991, deux en 1992. En 1993, le musée fait l’acquisition de documents, dessins, gravures et mobilier ayant appartenu au photographe et à sa compagne Valentine Compagnon. Plusieurs de ses objets sont reconnaissables sur des photos prises dans l’appartement que le couple occupait au 17 rue Campagne-Première à Paris, dans le XIVè arrondissement. Ces photos ont été reproduites dans l'album « Intérieurs parisiens » édité par le musée Carnavalet en 1992. Enfin, entre 2000 et 2007, seize épreuves sont venues enrichir les collections du musée, qui continue à développer ce fonds par des achats.
En 1994 le Musée acquiert auprès d’un particulier deux albums photographiques sur Sceaux, soit au total 88 photographies : ce sont ces deux albums qui sont aujourd’hui présentés.
L’exposition
Eugène Atget (1857-1927)
Né à Libourne en Gironde en 1857, Eugène Atget s’installe à Paris à l’âge de 21 ans pour devenir comédien, mais n’obtient que de petits rôles. Il essaie ensuite, en vain, de gagner sa vie comme peintre. Vers 1890, à l’âge de 30-35 ans, il décide de devenir photographe. Il produit des photographies destinées aux artistes, aux artisans d’art en quête d’images documentaires, et crée ce qu’il appelle des « documents pour artistes » : il photographie des paysages, des animaux, des fleurs, des monuments, des reproductions de tableaux, avec une approche purement documentaire.
Atget collectionneur du vieux Paris
Vers 1897, il s’oriente vers le recensement systématique de sujets urbains et architecturaux. Il photographie les quartiers anciens voués à la disparition, à une époque où Paris vit de grandes transformations. Sa décision de photographier le vieux Paris élargit sa clientèle aux domaines institutionnels : la Bibliothèque historique de la ville de Paris, celle du musée des arts décoratifs, la Bibliothèque nationale, le musée Carnavalet vont ainsi lui acheter des photographies en grand nombre. Il réalise ses clichés non pour créer une oeuvre, mais pour fournir des archives. Toute sa vie, il reste attaché à des techniques plutôt traditionnelles : il travaille avec une chambre en bois et des plaques de verre de format 18 x 24 cm, son matériel pesant au total une vingtaine de kilogrammes. Il réalise ses tirages à son domicile, par contact du négatif sur verre avec un papier albuminé.
La notion de série chez Atget :
Il organise son travail selon de grandes séries, où chaque négatif est numéroté : Paysages-documents, Paris pittoresque (marchés, scènes de rues), Art dans le vieux Paris (arts décoratifs : balcons, escaliers, enseignes, grilles, etc.), Topographie du vieux Paris. A partir de 1901 commence sa série sur les Environs de Paris, où il recense les petites églises et les vieux bourgs autour de Paris. Il réalise au total environ 8000 négatifs sur plaques de verre. A la fin de sa vie, il écrit dans une lettre : « Je peux dire que je possède tout le vieux Paris ».
L’intérêt des surréalistes pour Atget :
Dans les années 1920, Atget rencontre Man Ray, qui habite la même rue que lui, et le présente au milieu surréaliste. Ces artistes le perçoivent comme photographe de l’étrangeté et apprécient l’atmosphère poétique de ses images. A la fin de sa vie, ses photographies deviennent en effet plus inspirées, notamment ses vues élégiaques des parcs de Saint-Cloud et de Sceaux.
Une reconnaissance mondiale :
Le Museum of Modern Art de New York achète en 1968 la collection de Bérénice Abott, assistante de Man Ray, à qui Atget avait vendu ses tirages. S’ouvre alors une phase active d’étude et de diffusion de son oeuvre, qui continue aujourd’hui. D’humble artisan, il a acquis une reconnaissance mondiale qui en fait aujourd’hui une des personnalités majeures de l’histoire de la photographie.
Sceaux dans l’œuvre d’Atget
L’importance de Sceaux dans l’œuvre d’Atget justifie qu’une exposition soit dédiée à ces photographies. En effet, dans les années 1920, l’œuvre du photographe marque une évolution : de simples « documents » montrant de façon neutre et sans parti pris les éléments architecturaux du patrimoine ancien dans leur strict ordonnancement, ses vues deviennent plus poétiques et inspirées, avec une indéniable dimension métaphorique. Avec ses photographies des jardins de l’Ancien Régime - Versailles, Saint-Cloud et surtout Sceaux - Atget développe une approche romantique, nostalgique de la nature. Entre les deux albums, qui couvrent un quart de siècle, cette évolution est saisissante.
Les deux albums photographiques sur Sceaux
L’exposition, qui se tient dans les anciennes Ecuries du Domaine de Sceaux et dans le parc s’articule autour de la présentation de deux albums inédits que l’artiste réalisa dans les années 1920. Acquis par le musée en 1994, ils comportent quatre-vingt huit photographies de la ville et du parc de Sceaux - vingt-quatre pour l’album sur la ville, soixante-quatre pour l’album sur le parc.
La manifestation s’attache à montrer l’évolution qui marque l’œuvre d’Atget à la fin de sa vie et que mettent en lumière ces deux albums : dans la continuité de son entreprise d’inventaire du vieux Paris, les images de la ville, antérieures à celles du parc, présentent de façon strictement descriptive les éléments architecturaux anciens.
Avec le reportage sur l’ancien domaine de Jean-Baptiste Colbert, laissé à l’abandon, Atget s’attache plus particulièrement à représenter la marque du temps sur les statues et les architectures de pierre. L’ambiance romantique née de l’emprise de la nature sur les édifices d’époque classique semble primer sur la simple description. De ses photos se dégage une poésie que n’ont pas toujours ses photos d’architecture.
Le caractère exceptionnel des deux albums tient à plusieurs éléments : en premier lieu, il est tout à fait exceptionnel de trouver des albums complets, les photos ayant souvent été vendues à l’unité. Les deux albums ont été fabriqués par Atget lui-même, ce qui les rend particulièrement émouvants. De plus, la technique de l’aristotype employée par Atget est minoritaire dans son œuvre ; il tirait le plus souvent ses épreuves sur papier albuminé. En outre, les vues du parc sont rares, car prises à la fin de la vie de l’artiste donc rarement dupliqués de son vivant. Mais surtout, la qualité esthétique du reportage sur le domaine, qui a grandement contribué à la notoriété du photographe, est remarquable.
D’un côté des vues neutres, purement descriptives, qui se veulent de simple documents, de l’autre des vues qui invitent au rêve : indissociables l’un de l’autre, les deux albums nous livrent des images si différentes qu’elles font question : s’agit-il chez Atget de l’aboutissement d’une évolution de plusieurs années ou bien de l’affirmation enfin assumée d’une rupture en gestation depuis le début des années 1920 ? Tel est le sens du titre de l’exposition.
La scénographie :
La présentation des deux albums photographiques
Organisée en quatre sections, l’exposition « Atget et Sceaux, entre rêve et réalité » évoque d’abord la vie du photographe et son entreprise photographique de recensement du patrimoine. Pour illustrer le propos, un portrait de l’homme et une chambre photographique similaire à celle qu’il utilisait seront présentés.
Dans un second espace, les albums originaux, sans leurs photographies, seront exposés sous vitrine. Pour permettre au public de visualiser quel était leur aspect d’origine avec les quatre-vingt huit épreuves, deux fac-simile en consultation seront consultables.
Puis, le rez-de-chaussée s’achève par l’exposition des vingt-quatre photographies de l’album sur la ville de Sceaux. Pour une meilleure lisibilité du travail d’Atget, l’ordre initial de présentation des photographies dans les albums a été modifié en faveur d’un regroupement par thème topographique. Cette section comprend six thèmes topographiques, correspondant aux sites photographiés par Atget. Un plan de la ville projeté au sol facilite la localisation de ces sites.
L’étage sera dévolu au reportage sur le domaine de Sceaux, avec la présentation des soixante-quatre épreuves de l’album, en mettant l’accent sur la différence de tonalité entre les deux albums. Huit sites topographiques sont identifiés. Comme dans le cas de la ville, un plan rétro-éclairé du domaine aide à identifier les lieux visités par le photographe.
En fin de parcours, deux exemplaires de la publication seront mis en libre accès. Le public pourra aussi consulter une borne multimédia présentant les réalisations du public scolaire en atelier multimédia.
Une évocation de l’intérieur parisien du photographe
La seconde section s’attache aussi à évoquer l’intérieur parisien du photographe, à l’aide de documents et d’un bureau ayant appartenu à Atget, que le musée a achetés en 1993. Une sorte de mise en abîme est induite par la présentation de trois photographies faites par Atget, montrant son propre appartement parisien, sur lesquelles peuvent être identifiés ces objets.
Une comparaison avec l’aspect actuel de la ville et du domaine de Sceaux
Le parcours de l’exposition s’achève avec un montage visuel présentant des vues du domaine et de la ville réalisées dans les années 1990 aux emplacements choisis par Atget par les photographes Daniel Quesney et Pascal Lemaître. On appelle « reconduction » ce type de travail photographique consistant à essayer de reproduire les images créées par un photographe à l’emplacement exact et dans les mêmes conditions d’horaire et de saison. Une trentaine de reconductions montreront l’évolution des lieux, parfois complètement transformés depuis le passage d’Atget.
Une approche photographique plutôt qu’historique
Dans la présentation de ces lieux, une approche photographique plutôt qu’historique prévaut volontairement : il ne s’agit pas d’une exposition pour amateurs d’histoire locale mais pour un très large public venant voir des photographies. Dans cet esprit, une comparaison est proposée de temps en temps entre une vue issue des albums et une autre épreuve tirée à partir du même négatif, grâce à un procédé photographique parfois différent.
Sauf mention contraire, toutes les photographies présentées dans l’exposition sont d’Eugène Atget et proviennent des collections du Musée. C’est pourquoi le nom du photographe et le musée n’apparaissent pas sur les cartels.
Le parcours dans le parc
Dans le prolongement de l’exposition présentée aux Ecuries du domaine de Sceaux, il est proposé aux promeneurs du parc et aux visiteurs de l’exposition, un parcours dans le parc, sur les pas d’Eugène Atget. Grâce à l’installation de onze agrandissements de ses photographies, situés entre le pavillon de l’Aurore et le bassin de l’Octogone, le public est amené à comparer, à 83 ans d’intervalle, les aspects ancien et actuel du domaine des Colbert, et ainsi à mieux mesurer l’évolution entre un environnement et un patrimoine laissés à l’abandon, sur lesquels le photographe a posé un regard poétique, et un milieu aujourd’hui soigneusement entretenu et préservé, parfois transformé.
A travers ce parcours, la démarche proposée est également une recherche du cadrage de l’image que choisit Atget en 1925, en essayant de retrouver, lorsque cela est encore possible, l’emplacement précis où il posa jadis sa chambre photographique. Cet exercice doit amener à une prise de conscience que les choix d’Atget ne sont pas le fruit du hasard mais témoignent d’une recherche poussée sur le terrain, d’une démarche réfléchie, d’un très grand sens de la composition.
Autour et en dehors de l’exposition
La publication :
Il s’agit du premier numéro d’un nouveau type de publication, destiné à présenter les collections, où, en une centaine de pages, sera reproduite l’intégralité des photographies des deux albums, précédée d’un texte d’introduction.
Titre : « Atget à Sceaux, inventaire avant disparitions »
Format : 24,6 x 25 cm, 112 pages
Edition : Musée de l’Ile-de-France / Somogy
Parution : septembre 2008
Prix : entre 17,50 €
Les animations en direction des publics :
Visites guidées (mercredi et samedi, en alternance, à 15 heures) :
8, 22 et 29 octobre
12, 22, 26 novembre
6, 10, 20 décembre
14, 24 et 28 janvier
Conférences (dimanche, 15 heures) :
12 octobre
16 novembre
14 décembre
Visites thématiques consacrées à Atget (mercredi 15 h, propositions de dates) :
7 janvier
4 février
Ateliers multimédias :
Dimanche 19 octobre, mercredi 22 octobre, mercredi 29 octobre, mercredi 26 novembre, , dimanche 14 décembre, lundi 22 décembre
Animation « album photographique » :
Jeudi 30 octobre, vendredi 31 octobre
La conception et la réalisation de l’exposition :
Le commissariat de l’exposition et les acteurs du projet :
Commissaire de l’exposition
Muriel PAQUELET
Attachée de conservation du patrimoine, chargée des collections de photographies
Conseil scientifique :
Marianne DE MEYENBOURG
Conservateur de bibliothèque chargée de l’Unité de recherche sur Sceaux
Coordination du parcours dans le parc :
Patrick GUIBAL
Chargé de mission
Montage des photographies :
Didier MOREAU
Assistant de conservation du patrimoine
Confection des fac-simile des albums :
Marie-Noëlle MATHIEU
Attachée de conservation, Service des publics
Réalisation du montage visuel :
Abdelkader KARKACHE
Animateur multimédia
Régie d’œuvres
Eléonore JAULIN
Attachée de conservation du patrimoine chargée de la régie des œuvres
Assistance technique :
Jean-Louis DESVIGNE, technicien
Coordination éditoriale :
Marie-Christine LECLERC
Attachée de conservation du patrimoine chargée des publications
Recherches documentaires :
Antoine BOURROUX
Bibliothécaire, documentaliste
Les prêts extérieurs :
Trois institutions patrimoniales participent à l’exposition par le prêt des objets suivants :
La bibliothèque historique de la Ville de Paris (BHVP) : trois épreuves photographiques issues de l’album « Intérieurs parisiens » ;
Le Musée français de la Photographie, à Bièvres : une chambre photographique 18 x 24 en bois et son pied ;
Musée Carnavalet : une carte de visite d’Eugène Atget.
La conception et la réalisation de la scénographie :
Conception de la scénographie :
Elise BENARD, scénographe
Réalisation de la scénographie :
Conseil Général des Hauts-de-Seine :
Direction des Parcs, jardins et paysages (DPJP)
Département des constructions et entretien des bâtiments (DCEB)
Musée de l’Ile-de-France