Galerie Esther Woerdehoff 36 rue Falguière 75015 Paris France
La galerie Esther Woerdehoff a le plaisir de dévoiler au public les oeuvres récentes de Laurence Demaison, artiste fréquemment exposée ces dernières années aux cimaises de la galerie et lors des foires internationales. Élaborées exclusivement autour du thème de l’autoportrait, ses photographies contournent cependant le genre pour en offrir une vision profondément originale. Si la représentation de soi reste pour de nombreux artistes un miroir qui doit sublimer l’auteur, les déformations que Laurence Demaison fait subir à son corps et à son visage renvoient au contraire à la création d’une altérité qui déroberait sa vraie image.
Visage dissimulé derrière des volutes de fumée, tête entortillée de fils, tronc
ruisselant ou bouche ensanglantée, le Surréalisme jette un oeil par la porte et les titres donnés aux séries rappellent avec humour que tout est inventé : C’est lavis, C’est pour rire, Aqua bon. La représentation du corps est source d’expérimentations photographiques dans une succession d’étapes, d’approches plus ou moins lentes, qui s’élaborent sous la forme de la série.
La réalisation des séries, aux titres en jeux de mots, est le fruit d’un long travail d’expérimentation, où l’artiste met à profit les possibilités techniques de la
photographie argentique, jouant sur le temps de pose, le flou, le contraste ou le négatif, pour créer des images intrigantes et singulières. Dans cette quête plastique autour de son propre corps, élaborée depuis les années 1990, l’aspect graphique de l’image prend une importance grandissante. On retrouve alors un lien avec le dessin qu’elle pratique également et qu’elle perçoit comme un espace de légèreté et de spontanéité s’opposant à la rigueur de la construction photographique.
Ses recherches récentes se font aussi le témoin d’une violence, doublée d’un humour morbide, qui, jusqu’à maintenant, n’avait jamais été aussi présente dans l’oeuvre de Laurence Demaison. Cette violence, déjà perceptible dans ses oeuvres précédentes, l’artiste l’utilise pour dissimuler, cacher, déformer, altérer sa propre image. Elle devient alors une apparition fantastique, un double fantomatique, qui s’insert dans une quête d’identité singulière. L’appareil photographique renvoie une vision de soi «à travers le miroir», entre beauté et cruauté, dans une oeuvre à la fois multiple et toujours extrêmement cohérente.