12ème festival de la photographie de voyage et d’aventures à Honfleur
Le festival aura lieu du 17 mai au 1er juin 2008 à Honfleur.
L’espace a toujours été doublement au coeur du festival Chroniques Nomades. Parce qu’il participe de l’essence même de la photographie – représentation d’un espace donné à partir d’un point de cet espace –, parce que ce festival dédié au voyage a vocation d’interroger la diversité des lieux où vit l’homme. C’est logiquement autour de cette notion que s’articulent les travaux présentés pour cette douzième édition. À la question « comment l’homme crée-t-il son propre espace de vie ? », les neuf expositions proposées évoquent quelques-unes des réponses, collectives ou individuelles, qu’apportent les cultures locales, qu’elles soient d’hier ou d’aujourd’hui.
C’est d’abord à l’habitat que l’on songe, à la créativité que l’homme manifeste dans la réalisation d’architectures éphémères comme celles en tôle rassemblées par Deidi von Schaewen, ou dans l’arrangement de son intérieur comme nous le montre Lucia Guanaes au Brésil.
Le lieu de vie, c’est aussi celui du travail, de la pérennité d’une tradition professionnelle millénaire photographiée par Peyram dans l’architecture noble d’une savonnerie d’Alep ; mais c’est aussi l’enfer esclavagiste que l’homme est capable d’instaurer au milieu d’un paysage paradisiaque, dans les plantations sucrières dominicaines qu’a parcourues clandestinement Céline Anaya-Gautier.
Pour les pêcheurs et les matelots qui ont consacré leur vie à la mer mais souffrent de la séparation d’avec les proches, le lieu du travail et celui de la vie familiale sont deux espaces mentaux, deux tropismes qui les attirent et dont le manque les fait souffrir alternativement, comme ils nous le révèlent dans les confidences recueillies par Evangelia Kranioti. À Bamako, au Mali,nul besoin d’infrastructures pour que s’organise la vie sociale : il suffit d’un coin de rue pour que s’enracinent les « grins », ces groupes de discussions vieux parfois de plusieurs décennies dont Gilles Coulon nous restitue la vie.
Avec les villas perdues du Pacifique, c’est tout un univers colonial disparu, celui de certains romans de Marguerite Duras, que Catherine Griss fait ressurgir par-delà la guerre civile qui a ravagé le pays.Yann de Fareins nous entraîne, lui, non dans le monde des souvenirs mais dans une géographie et une histoire imaginaires.
Enfin, avec la construction par la Canadian Pacific Railway dans les années 1880 du lien ferroviaire reliant les deux côtes du Canada, nous assistons à l’ultime épisode de la conquête de l’Ouest américain. Puisées dans les collections du Glenbow Museum de Calgary, ces photographies content une épopée à la mesure des ambitions d’une toute jeune nation.
Espace privé, public, espace vital, espace mental : autant d’empreintes où se lit l’identité des hommes.
Claude Geiss
Directeur artistique du festival